dimanche 18 octobre 2020

Ce que l'on fait

Source – Ready made

Cette semaine, j'ai travaillé comme pionne dans un collège, pour remplacer en urgence un surveillant qui a été arrêté pour raison de santé. Je n'avais jamais fait ça avant, et je ne me fait pas beaucoup d'illusions sur le fait que le CPE de ce collège m'a appelée parce qu'il n'y avait personne d'autre de dispo, mais je pense que je ne m'en suis pas trop mal sortie (passées les réticences à prendre les carnets de liaison, seule menace qui fonctionne avec les ados mais que je trouve passablement stupide). Surtout, ça m'a confirmé que j'aime bien bosser avec les jeunes. Certains collègues n'aimaient pas surveiller les heures de permanence : j'adore ça ! D'autres n'aiment faire l'appel de la cantine parce que c'est le bordel avec tous les gamins qui te tournent autour pour passer en premier, mais là encore j'ai bien aimé.

Je dois être un peu maso, parce qu'il n'y a rien de plaisant à être cernée par un banc d'élèves affamés qui te mettent leur carte de cantine sous le nez en espérant que comme ça tu verras mieux leur nom ; ni à passer une heure dans le brouhaha à essayer de faire comprendre à des ado fatigués qui n'attendent que les vacances que baisser d'un ton ne ferait de mal à personne. Ou alors, c'est l'attrait de la nouveauté qui fait ça, et si je devais recommencer, si j'y étais depuis trois ou quatre ans, je serais comme mes collègues et j'en aurais ma claque des disputes stériles et des gamins qui se fichent ouvertement de ta tronche en recommençant à se chamailler dès que tu as le dos tourné. Mais peu importe que ce soit l'attrait de la nouveauté ou bien que je sois complètement maso : le fait que j'ai bien aimé. Ça m'a aussi permis de voir que je ne veux pas être CPE, parce qu'on ne côtoie pas assez les jeunes.

Ça m'a fait repenser à la période où j'avais songé être éducatrice spécialisée, point d'intérêt comme beaucoup d'autres métiers et qui comme beaucoup d'autres métiers à fini au placard. D'ailleurs, cette nuit ou tôt ce matin, la tête dans le gaz, je me suis demandée si je n'étais pas passée à côté de toutes mes occasions. J'aime la jeunesse et j'ai renoncé à être éducatrice spécialisée parce que c'était sur concours. J'aimerais bien voyager et aller dans d'autres pays mais je n'ai jamais eu le courage de partir en Erasmus parce que j'avais peur de ne pas avoir un niveau de base suffisant. Et maintenant, mes parents ne sont pas chauds du tout pour que je fasse un Service volontaire européen parce que, vous comprenez, à un moment donné il va falloir que je travaille et que je gagne de l'argent. Ma mère m'a dit "je comprends bien que tu veux quitter cette vie de con, mais il va falloir que tu gagnes ta vie". Elle se trompe, ce n'est pas "quitter cette vie de con", ce n'est pas fuir : c'est découvrir autre chose, parler à d'autres gens, revenir bilingue avec des expériences et des compétences nouvelles.

Alors moi qui respecte tout bien les règles, qui à douze ans, trois minutes après avoir créé mon blog sur les chauves-souris, avait été prise d'une affreuse culpabilité à l'idée de ne pas avoir demandé la permission et avait de ce pas corrigé cette faute, moi je suis prête à me battre pour me tirer hors des frontières de la France. En même temps, j'ai vingt-quatre ans et le Corps Européen de Solidarité finance le volontariat en Europe, donc j'ai envie de dire...

Je me suis créé un compte sur le portail il y a quelques temps. J'ai suivi un atelier d'information en visio. J'ai pris rendez-vous pour plus d'infos et être aidée dans ma recherche. C'est la semaine prochaine. Et aujourd'hui, je suis retournée voir les offres sur le portail, et j'ai postulé. Dans une asso en Espagne qui fait faire des activités à des jeunes. Tout ce qui me plaît ! (sauf la chaleur du Sud de l'Europe !).

Avec la poisse que j'ai, ça ne se fera sans doute pas. Sans dec' ; le contrat avec le collège n'a pu être signé informatiquement, du coup je ne sais pas quand je serai payée. C'est comme ça tout le temps. Donc je ne me fais pas trop d'illusions. Puis, sans permis (je le passe la semaine prochaine, mais soyons sérieux deux minutes...) et sans voiture, si mes parents ne veulent pas m'amener à l'aéroport et considérant que mes amies ne vivent pas vraiment tout près, ça risque d'être une belle aventure que de me tirer de là toute seule. En admettant même que je sois prise étant donné que l'offre est quand même en ligne depuis déjà un mois.

Je verrai bien, de toute façon.
J'ai cette affreuse propension à faire des plans sur la commette, à me projeter hyper loin dès que j'entreprends le premier pas de quelque chose ; dans le fond, je ne sais pas me laisser glisser. Et tout ce qu'il se passe (le prof décapité, Alice Coffin qui dit des imbécilités, le débat qui se radicalise...) me file le bourdon. Déjà que je ne suis pas optimiste de base, que mes émotions sont quand même rarement positives, là je pense que l'on a atteint le point où voir le positif est quasiment impossible.
Le bourdon.

Je me suis lancée dans cet article sans trop savoir où ça allait me mener. Visiblement, à pas grand-chose d'autre qu'à une sorte de bouée lancée dans la mer informatique juste pour me soulager, et que je ne vais pas pousser encore pour ne pas risquer de vous transmettre mon bourdon !

Comment que ça va par chez vous ?

4 commentaires:

  1. Le bourdon ici aussi :/
    J'espère que tu seras prise pour le volontariat !
    Tu tires peut-être des plans sur la comète, mais au moins tu as des projets et tu essaies de les mener à bien... ce qui est déjà une grande chose !

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    1. Oh bah mince ! :/
      Moi aussi ! Mais négocier avec les parents va être un peu ardu. Mais comme l'annonce a été publiée il y a un moment... au pire, si ce n'est pas lui, ce sera un autre !
      Sauf que la plupart du temps, ça foire !
      Et toi, où en es-tu de tes projets ?

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    2. Pas très loin. Je dois toujours finir mon mémoire. Et y a des jours où ça parait encore une montagne infranchissable...

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    3. Tu dois avoir bien avancé pourtant depuis le temps que j'en entends parler ! :D C'est toujours la dernière ligne droite la plus dure parce que c'est là qu'on se met à douter et aussi que 500 mots en paraissent 50 000 ! Accroche-toi ! :D

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