vendredi 30 avril 2021

Mes 5 derniers livres lus (n°6)

La vérité c'est que j'avais vraiment troooop hâte de publier cet article. Cette fois j'ai décidé d'écrire mes avis au fur et à mesure de mes lectures et pas tout à la fin, ce qui est beaucoup mieux pour ne pas oublier de dire la moitié des choses et rester dans l'atmosphère de ma lecture !
Je triche parce qu'en réalité il n'y a pas cinq livres mais neuf, notamment à cause d'une petite tétralogie ! ;)


Les Aventures du capitaine Hatteras
– Jules Verne

Avril 1860. L’équipage du Forward embarque pour une expédition secrète à destination d’une région inconnue. Mené par le mystérieux et taciturne capitaine Hatteras, ce voyage haletant les mènera jusque dans les terres hostiles et reculées du Grand Nord, à la rencontre d’Esquimaux et d’ours sauvages. Mais la quête éperdue du capitaine vers le pôle sera semée d’embûches et de dangers et, bientôt, leur survie deviendra un combat de chaque instant.

La dernière fois que j'ai chroniqué un Jules Verne, j'avais dit que les rebondissements et les aventures ne se pressaient pas au portillon. Bon, ben là, il y en a ! Il y en a même plus qu'un homme ne peut le supporter en une vie ! Sans surprise, j'ai absolument adoré ce roman, même si j'ai trouvé peut-être le début un tout petit peu longuet. Mais une fois qu'on est dedans, on est dedans, et on suit l'équipage – ou plutôt ce qu'il en reste – jusqu'au bout de son aventure. Comme d'habitude, la plume de Jules Verne est précise et érudite : lire ce roman c'est prendre une grande bouffée de culture générale !

La fin est assez logique compte tenu du personnage d'Hatteras, mais je l'ai trouvée vraiment très triste, j'étais toute déboussolée... :(

Le Sang des Quatre
– Christopher Golden et Tim Lebbon

Dans le vaste royaume de Quandis, tout le monde est esclave. Certains sont esclaves des dieux ; d’autres, des hommes.
Protégée par les divinités, vivant dans le luxe et le confort, la famille royale s’acquitte de ses devoirs sans états d’âme. Cependant, tous n’apprécient pas les contraintes de leur fonction. Jeune femme à l’ambition dévorante, la princesse Phela refuse de laisser une poignée d’obstacles – parmi lesquels sa mère, la reine et son frère, l’héritier du trône – lui interdire l’accès à la gloire et au pouvoir dont elle rêve de s’emparer.
Tout au bas de l’échelle, à l’opposé de la famille royale, se trouvent les Baju. Pauvres et opprimés, les membres de cette caste misérable n’ont que deux manières d’échapper à la servitude : la prêtrise… ou la mort.

Encore un livre attrapé lors de la vente de la bibliothèque ! Je l'avais croisé en rayons d'une librairie quelques mois plus tôt mais face aux avis mitigés sur Babelio j'avais passé mon chemin. Au final, il me tentait quand même bien donc j'en ai profité !

Je dois dire que je ne sais pas quoi penser de ce livre. D'un côté j'ai plutôt bien aimé l'histoire, d'un autre je ressens une pointe d'indifférence… D'un coté, je me suis laissée parfois emportée par ce que je lisais, d'un autre la plume très monotone, finalement, m'a souvent dérangée et empêchée de rentrer dans l'histoire… Au final… Je ne sais pas. On est loin du "tour de force" ou d'un des "meilleurs romans de ces dix dernières années" comme le promettent les citations en quatrième de couverture, mais en même temps ce n'est pas non plus la catastrophe. Je suis mitigée mais avec le sentiment très bizarre que je ne sais pas où se trouve exactement le problème.

Mais, à ce moment de ma chronique, je suis obligée de dire une chose : j'ai pensé à Ayesha, d'Ange, pendant… tout le roman, en fait. L'ombre de ce roman me poursuit souvent. Là, c'était bien plus qu'une ombre ! Quand on me parle d'esclaves aux yeux bleus rendus esclaves à cause d'une religion (même si ici c'est juste soufflé à deux ou trois endroits, je crois), quand on me parle d'une légende avec un héros censé libérer son peuple, quand me parle de discriminations, de tolérance, je suis obligée de penser à Ayesha, même si finalement Le Sang des Quatre traite les sujets différemment. Donc, mon avis sur ce livre a forcément été influencé par mon coup de foudre intersidéral (qui date quand même d'il y a une dizaine d'années, voire un peu plus) avec Ayesha. Et, à partir du moment où je lis "esclaves aux yeux bleus", où le mot "Ayesha" s'imprime dans mon esprit : c'était fini.

Outre la comparaison entre les deux romans, mon esprit a aussi beaucoup tourné sur le style. Là encore, je ne sais pas si je suis parfaitement objective (haha, je suis en train de donner un avis et je parle d'objectivité, tout va bien :P) ou si mes préoccupations sur mon propre style ont joué, mais j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup trop de phrases en "qui", "que", "qu'elle", etc. Il y en avait tout le temps, en fait. Or, au moment où j'écris ces lignes je suis moi-même en train de leur mener la chasse dans mon roman, du coup, je tiquais à chaque fois. Je ne sais pas si le style des auteurs est comme ça, ou si c'est dut à la traduction, mais dans tous les cas ça m'a agacée. Les rares moment où cette construction disparaît, tout de suite j'ai senti plus de fluidité. D'autres rares moment, l'action m'a emportée dans la lecture sur quelques paragraphes à la suite et je ne saurais dire s'il y avait cette construction ou pas. Mais globalement, j'ai trouvé ça assez "dur à lire" pour cette raison. D'ailleurs c'est drôle parce que sur Babelio les commentaires vont plutôt dans le sens contraire, je crois : une bonne écriture au service d'un scénario malheureusement pas très original.

Personnellement, le manque d'originalité ne m'a pas perturbée plus que ça. Je suis une lectrice assez basique : on peut me faire avaler à peu près n'importe quoi tant que c'est bien fait. Certes, la comparaison avec Ayesha a été inévitable, et au-delà de ça le côté personnage complètement frappadingue qui veut toujours plus de pouvoir est effectivement vu et re-revu (mais pas dans Ayesha (oui, je défends mon petit chou au passage ;P)). Mais ça ne m'a pas dérangée parce que pour le coup le glissement vers la folie de tel ou tel personnage est plutôt bien fait, surtout à la fin. En revanche… je ne sais pas, on arrive là au moment où je ne sais trop dire ce qui coince.

Arrêtée un jour au milieu du livre, je me suis surprise le lendemain à vouloir continuer plutôt que de me jeter sur mon tome de Shaman King. Donc, j'ai continué. Je voulais la suite, mine de rien. (Même si ce n'était pas avec l'avidité de tourner la page suivante et de devoir arrêter ma vie entière à part mes besoins vitaux pour le faire. (Alors que quand j'ai lu Ayesha…)) C'est parce que j'ai beaucoup aimé Demos, je pense. Et je voulais quand même la fin de l'histoire. Mais à côté de ça j'ai trouvé certain passages trop rapides, j'ai trouvé que la question des Bajus, les esclaves, était traitée de manière trop superficielle, qu'on nous disait trop et qu'on nous montrait pas assez, ou alors que ce qu'on nous montrait était "trop"... je ne sais pas comment l'exprimer… ce n'est pas trop manichéen ou quoi que ce soit du genre, au contraire. C'est plus dans le sens "exagéré" ou disons que l'on passe d'un moment où ça va à peu près pour la vie des esclaves, à un moment où on nous dit des trucs terribles. En gros, on doit croire ce qu'on nous dit, ou alors peut-être que c'est parce qu'on ne sent pas la haine dont on nous parle… En comparaison, Ayesha est beaucoup mieux fait, on est toujours en tension… J'ai trouvé, en fait, que la question des esclaves était traitée de manière un peu artificielle. Tout comme la question de la ferveur religieuse…

J'ai parfois eu l'impression que c'était un bon point de départ pour une série télé, mais pas un "vrai" roman. J'ai aussi trouvé que l'on ne rentrait pas assez dans les personnages, on nous dit beaucoup de choses, ici encore, que l'on ne voit pas. Ou alors… c'est une impression un peu bizarre qu'ils sont artificiels et n'ont pas de vrai passé, de vrai background… Dans le même ordre d'idée, la relation amoureuse/sexuelle-éclair entre deux personnages se retrouve là comme un cheveu sur la soupe, sans que j'aie véritablement compris à quoi elle servait à part faire ce qu'on appelle au Japon du "fan service". Peut-être parce que justement rien n'est traité de manière assez profonde pour que l'on comprenne l'utilité de la scène (que je soupçonne être faite pour montrer le développement des sens du héros). Ayesha, qui est une trilogie, à l'origine, mais dont l'intégral fait la taille d'un one-shot, est beaucoup mieux fait de ce point de vue-là. La comparaison n'est pas reluisante pour Le Sang des Quatre, mais je suis obligée de la faire : j'ai lu ce livre aussi avec ce que j'ai lu avant, et le livre d'Anne et Gérard Guéro a été une telle claque que j'ai été obligée d'y penser en lisant celui-là. J'ai trouvé aussi que les pensées transcrites en italiques des personnages n'apportaient pas toujours quelque chose de pertinent (alors que dans Ayesha… – Stop, Enir, on a compris ! :P).

Par contre, j'ai bien aimé les idées autour de l'accession à la magie, etc., même si en fin de compte ce n'est "que" une magie élémentaire classique ; le système de son apprentissage m'a paru intéressant.

J'ai bien aimé aussi le personnage de Demos. Les auteurs ont voulu faire une fin positive mais le côté patriotique me laisse complètement indifférente. Moi, je voulais qu'on me dise clairement et sans sous-entendus que Demos et Myrinne allaient vivre ensemble dans le bonheur pour toujours (que voulez-vous ! je suis un petit cœur tendre !). En fait, j'ai trouvé la fin, paradoxalement, assez maussade et tristounette. Elle participe de l'impression que je ne sais pas quoi penser de ce livre. Surtout qu'on insiste tout le temps pour dire que ce n'est pas la vie que Demos veut et finalement, tout à coup, d'une seconde à l'autre, paf ! réveil patriotique et il s'en accommode… Moyen crédible, quand même.

J'ai bien aimé l'histoire, dans le fond, et j'ai bien aimé l'évolution des personnages même si ça allait parfois un peu vite, surtout au début pour ce qui est de Lysandra et Phela. Mais il y a des manques et des insuffisances, et dans la plume et dans la construction, qui me rendent assez incertaine et sur le fil. C'est un roman qui a du potentiel mais dont la forme ne le sert pas. Le traitement reste trop en surface, je pense, et ne s'empare jamais vraiment des thèmes traités.

J'y pense encore vaguement, il va me rester en tête un moment parce qu'il a quand même touché des cordes (j'ai dit que j'aimais Demos ? (j'ai toujours plus de facilités à m'attacher aux garçons de toute façon :P)) chez moi, mais toujours avec ce petit goût bizarre que ça aurait pu être tellement mieux.

En gros, si vous voulez une histoire mine de rien plutôt sympa, avec de l'action, et sans trop de prise de tête, lisez-le. Par contre, si vous voulez une histoire prenante, et vraiment, vraiment bien faite, lisez Ayesha ! :D (Et même si vous lisez Le Sang des Quatre, lisez Ayesha après. :P)


Ki et Vandien
– Robin Hobb

Les harpies vouent à Ki, une jeune romni, une haine sans merci depuis qu’elle a détruit un nid de ces monstrueuses créatures dans un acte de vengeance désespérée.

Endeuillée et seule, Ki doit pourtant reprendre la route avec sa roulotte. Ella a accepté, pour une grosse somme d’argent, de transporter un colis au travers des montagnes enneigées réputées infranchissables. En chemin, elle rencontre Vandien, jeune voleur et personnage étonnant qui l’accompagnera dans un périple semé d’embûches, et l’aidera à comprendre ce qui se trame derrière cette mystérieuse mission…

C'est la première saga de Robin Hobb que je lis (et ça ne sera pas la dernière !). J'avais acheté le tome 1 tout seul, ignorant l'intégrale, juste "au cas où" sauf qu'évidemment ensuite j'ai passé un mois à trépigner d'acheter la suite. J'ai a-do-ré !

Les tomes sont assez différents les uns des autres. Le tome 1 pose les enjeux de la relations entre Ki et Vandien, le tome 2 est un peu dans la suite de ça. J'ai parfois trouvé des choses un peu "maladroites" dans le tome 3, j'ai eu l'impression que l'autrice essayait de créer une "histoire générale" sans que je puisse déterminer si c'était prévu depuis le début ou si elle se raccrochait un peu aux branches, c'était assez perturbant mais l'impression est vite passée ! Le tome 3 est un peu moins "haletant", un peu plus sombre, aussi, et on entre vraiment dans les pensées intimes de Ki et ses mécanismes sentimentaux, ce qui permet d'ouvrir sur un tome 4 beaucoup plus sombre que le reste, j'ai trouvé. J'ai trouvé le début assez dur à lire dans son atmosphère (je suis trop fragile ?) mais plus on approche de la fin et plus on retrouve l'atmosphère des autres tomes.

En fait, Ki et Vandien, avant les aventures, c'est l'histoire de leur relation (vu le titre, ce n'est pas étonnant :P) qui sous-tend les histoires. Donc, à la fin, Ki dépasse ses peurs, de vulnérabilité, etc. pour entrer dans une relation entière avec Vandien. Je trouve que le message est super fort. Je me suis beaucoup retrouvée en Ki (la peur d'aimer, d'avoir besoin de l'autre, d'être vulnérable… parce que si en face ça répond pas, ça fait trop mal) alors même si ça se termine bien, au moment où il y a doute, j'ai déversé toutes les larmes de mon corps ! J'ai pleuré quand même alors que, chez Mnémos, Ki et Vandien fait partie de la collection Naos et jusque-là, les livres que j'en ai lu (Le Secret de Ji et Pérismer) se terminent tous bien, donc je me disais que sans doute ce serait pareil avec cette saga et en même temps elle m'a tellement prise que la raison a été balayée ! Je pense que si j'avais été seule chez moi j'aurais éclaté en sanglots comme une petite fille… en tout cas, je pense que ça m'a fait du bien !

J'ai beaucoup aimé les deux héros, mais aussi les autres personnages, très bien faits ! Au tout début du tome 1, l'écriture m'a un peu perturbée parce qu'aujourd'hui on a l'habitude de lire beaucoup de paraphrases sur les personnages ("la jeune femme", "l'interprète", etc.), ce que fait très peu Robin Hobb. Mais une fois qu'on se laisse prendre ça coule tout seul !

J'ai aussi beaucoup apprécié l'univers en lui-même, avec des peuples davantage mélangés que ce que j'ai pu avoir l'habitude de voir (le pays des elfes, le pays des trucs-machins, etc.) et je trouve ça vraiment intéressant comme approche en plus du fait que c'est bien fait !

Mon seul petit bémol c'est que, dans le tome 4 on apprend qu'ils se sont rencontrés environ sept ans plus tôt. Je pense que la plupart de ces années sont avalées entre le tome 1 et le tome 2. Mais j'aurais bien aimé pouvoir savoir, justement, combien de temps s'était passé. J'aime bien savoir combien d'années d'expérience de plus les personnages ont pris quand ils abordent une situation. J'aurais bien aimé savoir combien de temps s'écoule entre chaque tome. C'est mon seul bémol.


21 lames
, tome 1 : Gabrielle – Pierre Grimbert

Dans la guerre contre les Arcanes, un seul candidat tirera la bonne carte. Un seul pourra devenir la 21e Lame.

Avant cette nuit, Gabrielle était une étudiante sans histoire. Jusqu’à se retrouver traquée par des démons, puis sauvée de justesse par des inconnus aussi effrayants !
Qui sont ces héritiers du tarot, menant une guerre de l’ombre dans les rues mêmes de la ville ? Quels sont leurs pouvoirs ? Et surtout, pourquoi ces camps ennemis s’intéressent-ils autant à la jeune femme ?
Les deux hommes qui partagent son sort n’en savent pas davantage. Ils comprennent seulement qu’un seul des trois aura une vraie chance de survie. Un seul est destiné à recevoir les talents surnaturels lui permettant de résister aux créatures des ténèbres !
Dès lors, la compétition est inévitable. Malgré les passions naissantes, malgré les rapprochements, qui compliquent encore les choses. Il faut s’endurcir le corps et l’esprit, et se préparer aux épreuves qui désigneront la 21e Lame… Même si l’élu est destiné à aller affronter les Arcanes. Car pour les autres, la partie sera terminée.
Reste à savoir qui a tiré la bonne carte. Et qui restera sur le tapis.

La version courte : j'ai eu du mal à entrer dedans mais ce n'est pas la faute de Pierre Grimbert : c'est parce que l'urban fantasy n'est pas du tout ce que je lis habituellement, et la narration est un peu plus "orale" que ce dont j'ai l'habitude, et donc fatalement j'étais un peu perdue. Mais dès que j'étais dedans, c'est allé tout seul ! :D

Je dirais que je suis véritablement rentrée dedans à partir de la moitié, quand tout ce met en place tranquillement et qu'on s'approche de la résolution de tout ça. Avant ça, je trouvais ça un peu long, un peu laborieux, mais très largement parce que la narration me perturbait, tout comme le fait que ça se passe dans une ville humaine du XXIème siècle. Du coup, tous mes repères habituels quand je lis étaient portés disparus et m'en faire de nouveaux n'a pas été simple. Au final, je dois avouer que quand les intrigues amoureuses ont pris un petit tournant, ça m'a donné une prise, une porte d'entrée (je suis un petit cœur tendre, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? :P). Mais je pense aussi que c'est parce qu'à partir de la deuxième moitié, à peu près, on n'est plus en ville, du coup les références citadines sont moins nombreuses et c'était plus facile pour moi qui n'ai pas l'habitude de l'urban fantasy de me mettre dedans parce que je pouvais éluder le côte "urban", "XXIème siècle", etc. Bon, en gros, l'urban fantasy c'est vraiment pas pour moi x)

Ceci dit, les personnages sont vraiment cool (même si j'ai beaucoup de mal à cerner Gabrielle, qui se veut "forte" et déterminée mais passe quand même pour une nunuche pas très dégourdie), comme d'habitude chez Pierre Grimbert, et ça m'a aussi offert une prise pour entrer dans l'histoire. Les personnages sonnent vrai et juste, j'ai trouvé !

(Chad qui tout à coup meurt en devenant "Brad" ça m'a fait sourire ;P Petite coquille !)

Les méchants qu'on a rencontrés ont tous leur caractère ; ils sont un peu pétés, quand même ! Et en même temps, assez paradoxalement peut-être, ils ne donnent jamais l'impression d'être caricaturaux ou manichéens. Ou disons plutôt qu'ils ont un côté caricatural assumé que l'on accepte parce que ça colle bien aussi au côté Lame de tarot, avec des "rôles", vous voyez ce que je veux dire ? Ce qu'on nous laisse entrevoir de la "nature" de Chayton et la situation de Matthew permettent aussi de casser une lutte qui sans ça aurait pu paraître un peu plus manichéenne entre le Bien et le Mal. Là, je n'ai jamais eu cette impression de "tout blanc" ou "tout noir", justement, ce qui est remarquable dans une histoire où on lutte quand même contre de grands méchants assoiffés de pouvoir et de sang !

Ce tome 1 est ce que j'appellerais un tome d'introduction, qui rebat les cartes (c'est le cas de le dire !), les enjeux, et nous lance dans l'affrontement entre le Bien et le Mal (en gros). Une fois que l'on sait plus de choses, que les enjeux à venir, les relations avec les méchants, les batailles à venir sont posés, ça devient vraiment intéressant ! Du coup, malgré ma difficulté à me trouver des atomes crochus avec l'urban fantasy, je lirais la suite de la série avec plaisir ! (Il serait plus juste de dire que je me jetterai dessus.) J'ai bien envie de savoir comment tout ça va se finir et ce qu'il va advenir des personnages ! :D

J'ai juste un bémol. Le carré amoureux avec un triangle dedans c'est pas possible. J'ai trouvé que le triangle amoureux était un peu… je ne sais pas comment dire, en fait… "trop" ? un peu artificiel... Ou alors c'est moi qui suis allergique à ce type de triangle amoureux ? (Ce qui est parfaitement possible ; je vous avoue que le côté "la fille troublée dès qu'un garçon l'approche et qui est incapable de faire le tri dans ses sentiments" a tendance à m'exaspérer un peu…) Je pense que ce genre de triangle amoureux doit pouvoir se résoudre à la moitié du tome 2. Ou alors il faut lui donner un peu plus de profondeur, de plus gros conflits sentimentaux à l'intérieur des personnages, pour sortir du côté artificiel de la fille qui a le cœur qui bat dès qu'on la frôle. (En même temps, ça me va bien de dire ça ; je ne suis jamais tombée amoureuse ni ai jamais été trop proche des gens donc difficile de dire comment je réagirais si on "me frôlait" xP Je vais finir comme un personnage de roman, ça sera cocasse !) Je pense que si ce genre de triangle amoureux doit durer jusqu'à la fin du tome 3 tel quel sans évolution, ça va vraiment m'exaspérer.
Cela dit j'ai trouvé que les questions amoureuses étaient juste dosées comme il faut : elles ne prennent jamais le pas sur l'intrigue principale et elles permettent de remettre des enjeux autour des personnages.
P.-S. : C'est possible que Gaby et Julian finissent ensemble, siouplaît ? (Comment ça, "je ne suis pas objective" ? C'est pas de ma faute si j'aime Julian, je veux pas qu'il soit triste ! :P)

(Et aussi, un tout petit détail : j'ai eu du mal à m'imaginer la tête des personnages. En soi, ce n'est pas très grave : du coup on les imagine comme on veut. Mais comme Gabrielle est bien identifiée avec la couverture (ce que j'ai trouvé difficile, du coup, parce que moi je ne l'imaginais pas comme ça mais mon esprit était toujours ramené à ce visage), ça crée un déséquilibre avec les autres personnages, c'est ce qui m'a gênée.)

À part mon allergie aux triangles amoureux "trop" (je me comprends, mais je pense que ce qualificatif est nébuleux pour quiconque ne se balade pas dans ma tête xP) : rien à signaler : une fois que je suis rentrée dedans c'était top !


20 000 lieues sous les mers
 et Une ville flottante – Jules Verne

Le professeur Aronnax, son domestique Conseil et le harponneur Ned Land, qui cherchaient à capturer un fantastique monstre marin, se retrouvent prisonniers du capitaine Némo, à bord de son sous-marin le Nautilus.

Bon. Clairement pas mon Jules Vernes préféré. J'ai trouvé ça terriblement long, même si la deuxième partie accélère beaucoup par rapport à la première ! Dans la première, on trouve de longs, longs, looooongs passages d'énumérations de bestioles sous-marines inconnues au bataillon et donc difficiles à visualiser, ce qui rend la lecture plus ardue parce que se fabriquer des images est compliqué. Et on alterne ces passages que l'on pourrait dire contemplatifs avec des moments un peu plus "palpitants", si l'on peut dire. Généralement, j'aime bien Jules Vernes pour l'équilibre entre la science, la culture générale qu'il permet d'acquérir grâce à ses romans, et l'action, le déroulé de l'histoire. Mais là… j'ai beaucoup moins accroché face aux longs passages d'exposés (et à l'évidence de ne pas pouvoir tout retenir, malheureusement…).

J'ai aussi été un peu déroutée par le point de vue interne. Le narrateur qui s'exprime à la première personne n'est vraiment pas quelque chose que je lis habituellement (je dirais même plus : je le fuis), ce qui fait que ça m'a pas mal perturbée au début. Mais Jules Verne a fait le choix parfait compte tenu de ce qu'il voulait faire : la découverte du capitaine Nemo et de son ambivalence par les yeux de son personnage, procédé qui permet de garder le mystère par rapport à un point de vue omniscient. C'est maîtrisé (c'est Jules Verne, en même temps) mais ce n'est pas mon truc.

Peut-être aussi que ma tolérance à la longueur a été amenuisée par le fait que ces dernières semaines je dors très mal, donc je suis fatiguée, et si le rythme ne m'accroche pas j'ai beaucoup de mal à suivre… Ça n'a pas dû aider la conduite de ma lecture !

P.-S. : je dois faire un aveu : avant de lire, je pensais que "20 000 lieues sous les mers" c'était en profondeur, et pas en longueur… Sachant qu'une lieue fait quatre kilomètres, ça ferait quand même beaucoup !

Dans mon édition (exemplaire de 1969), Une ville flottante succède à la fin de 20 000 lieues sous les mers (donc même quand je ne veux pas tricher et présenter vraiment que cinq livres, je me retrouve à tricher quand même, c'pas d'ma faute :P). Je dois dire que j'ai beaucoup aimé cette lecture ! Le roman est court (171 pages) et a ceci de différent de ce que j'ai pu lire de Jules Verne qu'il ne présente pas des personnages extraordinaires par leur volonté, leur courage, et leurs réalisations, mais presque des personnes lambda. C'est reposant et rafraîchissant !

Le narrateur, anonyme, est embarqué à bord du Great Eastern à destination de New York. Il y rencontre l'un de ses amis qui voyage pour tenter d'oublier sa peine de cœur assez sévère : son amoureuse a été mariée de force à un rival. Mais sur le bateau se trouve précisément ledit rival. L'histoire, narrée de manière paisible, se concentre donc sur le voyage du bateau, la vie des passagers à bord, et la résolution de la peine de ce pauvre Fabian.

J'ai beaucoup aimé et ça m'a fait une bonne transition après 20 000 lieues ! :)


Voilà !
Et vous ? Que lisez-vous en ce moment et que comptez-vous lire ? Certains de ces livres vous tentent-ils ?

jeudi 29 avril 2021

Journal d'écriture, mois 14

Source – Min An

Il y a quelques jours quand j'ai vu qu'on serait bientôt le 29 je me suis dit que je ferais l'article comme d'habitude depuis plus d'un an parce que j'avais des choses à dire, mais maintenant je bloque un peu ! Je me prends trop la tête !

En gros, ce mois-ci est un peu compliqué pour moi parce que d'un côté je veux finir, je suis enthousiaste, je veux mener ce projet au bout, de préférence avant août pour pouvoir dire que j'aurais fini en un an et demi tout pile et pouvoir enchaîner à la rentrée sur Roman 2 (j'ai dit que j'aimais les dates symboliques ? :P) mais d'un autre côté je suis dépendante des retours de mes bêta-lecteurs.

J'en avais déjà eu plusieurs et j'ai donc fait une relecture du roman pour voir ce que je devais corriger et comment, puis j'ai fait mes corrections. J'ai renvoyé les extraits très corrigés à l'une de mes bêta-lectrices et j'en enverrais aussi une partie à mes deux autres bêta-lecteurs. Donc je dois attendre un petit peu. Mais j'attends aussi les premiers retour de deux bêta-lectrices et c'est ce qui me frustre le plus. Je ne leur en veux pas du tout du temps qu'elles prennent, je tiens à préciser ! On a tous des vies, des complications, des priorités, etc. et en plus je n'avais donné aucune "date de rendu".

Mais c'est vraiment frustrant pour moi quand l'une d'elle m'annonce une date et que finalement elle n'a pas pu achever sa lecture dans ce temps-là. Surtout que la pauvre elle s'excuse tout le temps alors que je ne lui en veux vraiment pas ! Du coup, je suis frustrée parce que j'attends aussi beaucoup de son avis, elle m'a dit qu'elle avait commencé à faire plein d'annotations sur le texte pour se faire pardonner de me faire attendre (du coup je suis contente parce que je vais voir à quoi ressemble un travail éditorial, mais en vrai ça fait super peur ! O.O). Donc je dois patienter. Alors que Roman 2 pousse derrière. J'ai commencé à faire de premières recherches et prises de notes, mais je ne peux pas m'y plonger sereinement tant que Roman 1 n'est pas "bouclé" et par bouclé j'entends aussi le premier envoi à une maison d'édition (Mnémos, pour ne pas la citer). J'apprends donc la patience.

Par contre, je pense que je ne vais pas attendre la seconde bêta-lectrice parce que pour le coup elle avance vraiment lentement (et encore une fois je ne lui en veux pas du tout, elle est traductrice et a plein de boulot en plus de sa vie, donc zéro soucis ! (et je ne dis même pas ça parce qu'elle risque de passer par ici : elle ne connaît pas ce blog ;P)). D'ailleurs, je lui ai envoyé la version corrigée après les premiers retours, pour qu'elle puisse reprendre où elle en est sur cette deuxième version. Je trouve ça plus respectueux, histoire qu'elle ne passe pas du temps à lire un texte "obsolète". Et de toute façon plusieurs maisons d'éditions auxquelles je voudrais faire des envois ont fermé leurs soumissions, donc je pourrais toujours apporter des modifications à partir de ses retours entre deux envois : tout ça pour dire que dans tous les cas ça ne sera pas perdu, loin de là !

À côté de ça, ma relecture post-bêta-lecture a été un peu difficile pour moi parce que j'ai commencé à voir des choses que je n'avais pas vues jusque-là. Il y a deux possibilités : soit, c'est normal : le texte s'améliore donc des problèmes secondaires ressortent une fois que les problèmes primaires sont traités ; soit, à force de passer dessus et avec tout le bagage émotionnel que je traîne (ma frustration, ma fatigue chronique en ce moment, une certaine lassitude certains jours, etc.) je vois des choses qui n'existent pas. Ma solution a été très simple : j'ai botté en touche. Je n'ai rien touché, pas pris de note, rien du tout. Je me suis dit que s'il y avait vraiment un problème sur ces passages douteux je le verrais forcément aux relectures suivantes (j'allais écrire "à la relecture" mais soyons précis : je vais recevoir des retours sur les extraits corrigés, un retour sur le roman entier, et après il faudra encore tout relire pour vérifier que tout va bien, et tout relire pour l'orthographe). La fuite est donc ma stratégie sur ce coup-là !

Du coup, j'ai essentiellement corrigé les passages discutés avec l'une de mes bêta-lecteurs et recoupés en fonction des retours des deux autres. J'ai raboté des longueurs, condensé des dialogues avec des figurants, etc. Mais du coup j'ai été confrontée à un autre problème, surtout pour mon avant-dernier chapitre : est-ce que ça fonctionne, ou est-ce qu'on sent que c'est du rafistolage, ou est-ce que c'est un pansement sur une jambe de bois et qu'au lieu de rajouter deux phrases j'aurais dû tout reconstruire ? À force de relire ce texte, je le connais, je sais ce que je veux montrer, je sais ce qui se cache derrière les expressions que j'emploie, et relire m'agace. C'est ainsi qu'au lieu de relire tout un chapitre pour vérifier que les corrections fonctionnaient, je me suis retrouvée à ne lire qu'à partir de la séquence précédent le passage corrigé. Est-ce que ça suffit pour voir si le rythme est maintenu correctement ? si ça s'insère bien ? Mystère. C'est aussi pour ça que j'ai ressenti le besoin de faire relire mes corrections avec pour mission officielle pour ma bêta-lectrice de me dire si c'est mieux ou si on sent que le problème (de rythme, notamment) n'est pas résolu et si elle se sent toujours perdue dans un rythme trop lent ou un fil mal maintenu (dans mon avant-dernier chapitre).

En gros : c'est le mois de la frustration et des doutes. Assez perturbant dans la mesure où j'y avais échappé jusque-là à part une courte mais intense période à base de "j'écris de la merde, tout le monde écrit mieux que moi, je ne mérite pas d'être publiée, les autres trouvent des éditeurs super vite", etc.

Grâce à Luxya (coucou si tu passes par là ! :P) il a été question d'envoyer mon dossier pour les Imaginales mais ça n'aura pas duré longtemps : il faut un texte "fini". Or, je ne peux pas vraiment dire que j'ai fini, même si on est loin du premier jet je ne ressens pas mon texte comme "fini". Je passe donc mon tour ! (De toute façon, j'ai pas besoin de ça pour trouver un éditeur, tellement je suis exceptionnelle, n'est-ce pas ? :P (Oui-oui, continue de rêver, Enir, maintiens tes niveaux d'optimisme, c'est bon pour la santé, tu seras parée pour la chute.)) De toute façon, au final, je trouve ça un peu stressant. Envoyer un texte que je ne vois pas moi-même comme fini me pose problème (déjà parce que j'aime pas ne pas respecter les règles, que je ne trouve pas ça honnête, et aussi un peu par "fierté" parce que je pense que je peux faire mieux, d'autant que le prologue fait partie des passages très corrigés). Et je préfère finir à mon rythme que de me presser comme une dératée et presser mes bêta-lecteurs pour faire mon envoi avant le 15 mai. On verra plus tard. (Je dis ça mais en vrai si l'année prochaine je n'ai pas signé de contrat d'édition et que je me retrouve à envoyer le texte en "dernière chance" je le vivrais assez mal, je pense ! (Mais comme Mnémos va me prendre, y a pas de risque (oui-oui, Enir…)))

Bref ! Voilà où j'en suis de mon côté !
Et vous ? Comment se goupillent vos projets ? D'écriture ou non, d'ailleurs !

dimanche 25 avril 2021

S'identifier aux personnages de romans

Source – Daria Shevtsova

Je rallume mon ordinateur pour partager avec vous une réflexion vespérale (j'avais envie de caser ce mot, ça m'a pris comme ça ! :P) sur les processus d'identification aux personnages de romans. C'est parti d'une petite phrase que j'ai lue sur un sujet du forum d'écriture dont je suis membre et qui, si on voit ça d'un œil pessimiste, a déclenché chez moi un soupir d'exaspération ; et, si on est optimiste, me permet de pousser ma réflexion sur un sujet auquel je n'avais pas forcément réfléchi. Pour placer le contexte : une membre fait un retour à une autre membre sur son roman. Elle lui dit qu'elle n'a pas trop accroché à l'un de ses personnages principaux, qui est une femme. Et elle dit ceci : "Après, je pense que dans un livre, on est toujours plus sévère avec les persos féminins, le reflet de notre belle société...". Alors... Non. Juste, non.

Avant toute chose, si jamais il est bon de le rappeler : je suis féministe. Mais voilà, je pense que l'on gagnerait à arrêter de toujours tout mettre sur le dos du méchant patriarcat qui nous fait voir les choses comme ci ou comme ça. Vraiment. Stop. Évidemment qu'il y a des grandes tendances mises en avant par la sociologie, notamment. Évidemment qu'il y a des réalités de représentations péjoratives, de stéréotypes, de clichés, qui entourent les hommes comme les femmes. Mais quand je lis un livre, je suis plus qu'une femme blanche cisgenre hétérosexuelle. Quand je lis un livre (et dans le reste de ma vie aussi), l'histoire, les personnages, entrent en relation avec toutes mes tensions internes. Avec mes peurs, mes aspirations, mes espoirs, mes faiblesses, mes rêves... C'est tout ça et plus encore qui vibre, qui fait que je me reconnais dans tel ou tel personnage, ou que j'ai plus de mal avec tel ou tel autre. Un personnage réussi par l'auteur peut être un peu agaçant, justement parce qu'il est réussi ! C'est simplement que l'on n'accroche pas avec ce type de personnalité. Comme dans la vraie vie. Comme avec les gens.

Je ne m'identifie jamais vraiment aux personnages des romans. J'ai plutôt tendance à regarder leur histoire depuis l'extérieur. Je plonge avec eux, je souffre, je souris, je ris, mais je suis extérieure. Ils se comptent sur les doigts d'une main, les personnages dans la peau de qui je me suis glissée.

D'abord, le premier d'entre tous, c'est Arekh, dans Ayesha. Il n'arrive pas vraiment à gérer ses émotions, ni à les exprimer, et tout se transforme toujours en colère. Ensuite, il y a eu Amanón, dans Les Enfants de Ji. Chez lui, c'est son côté raisonnable : il est amoureux d'Eryne mais ne veut pas l'admettre, ne veut pas le dire, parce qu'il est en train de sauver le monde et qu'il pense que ce n'est pas approprié, que ce n'est pas le moment, que ce n'est pas raisonnable, et qu'en plus c'est lui le chef de la bande et comme un autre garçon est amoureux aussi, s'il l'ouvre il va tout faire péter... Raisonnable à s'en faire du mal... Récemment, il y a eu Ki dans Ki et Vandien (dont je publierai la chronique dans quelques jours). La saga narre comment elle va apprendre à accepter de se rendre vulnérable, accepter d'avoir besoin de quelqu'un, de faire pleinement confiance. Si vous me suivez régulièrement, vous savez à quel point ces thématiques et ces problématiques me parlent.

Parmi les personnages auxquels je me suis identifiée depuis mon adolescence, il y a donc deux hommes. Parce que le patriarcat fait que même une lectrice s'identifie plus volontiers aux personnages masculins ? Non. Parce qu'il s'agit des tensions internes, des problématiques psychologiques dont on peut chercher des réponses dans les livres. (Ceci dit il est vrai que les adolescents ont plus de mal à se tourner vers des livres portés par des héroïnes, quand les adolescentes n'ont pas de problème à se plonger dans des lectures portées par des héros. Malheureusement je n'ai plus la référence de l'enquête. Je serais tentée de dire que, les problématiques psychologiques étant assez dures à gérer à l'adolescence (prise d'indépendance, corps qui change, renforcement de son identité...) ils cherchent d'abord des personnages qui leur ressemble "vraiment" et donc physiquement.)

Des personnages m'ont aussi agacée. Marikani, vers la fin, un peu, dans le même Ayesha. Eryne, l'amoureuse d'Amanón, par certains de ses côtés superficiels. Gabrielle, dans 21 lames (dont je vais aussi publier la chronique dans quelques jours) pour son côté un peu passif, ou brouillon. Mais aussi Paul, dans ce même 21 lames, véritablement trop sûr de lui et irritant. Un des gamins de Pérismer (très bonne saga, d'ailleurs !). Des filles et des garçons. Plus de filles que de garçons, on pourrait me dire. Mais pas parce que je suis dure avec les personnages féminins ! Il y en a aussi des tonnes que j'ai apprécié ! Les femmes dans Le Secret de Ji, par exemple. Certains personnages m'agacent comme m'agacent certaines personnes dans la vraie vie. C'est tout. Ce n'est pas une question de société, de patriarcat, ou que sais-je : simplement une question d'atomes crochus, de personnalité ; en un mot : une question humaine.

Et c'est parce que c'est une question humaine que les personnages qui fonctionnent le mieux sont ceux qui sonnent vrai, ceux qui pourraient exister parce qu'ils sonnent juste. Qu'on les apprécie ou pas, d'ailleurs. Je ne sais pas vous mais, moi, personnellement, je n'aime pas les personnages manichéens. J'aime les personnages qui me ressemblent, ont leurs failles, leurs tensions et leurs ambivalences. J'apprécie quand un personnage – même si je n'apprécie pas sa personnalité – est vrai.

C'est parce que c'est une question humaine qu'Olivia Kissper nous engageait à nous aimer comme on aime les personnages de roman. C'est aussi pour ça que, quand je crée mes personnages, je m'appuie sur des concepts de psychologie, pour mieux les cerner, au plus près de ce qu'est une vraie personne.

Je pense que l'on gagnerait beaucoup à se détacher des statistiques, des grandes tendances sociologiques, des probabilités et des proportions pour se rapprocher des individus, de l'humain. Surtout quand on parle d'une chose aussi intime que la lecture, qui peut bouleverser un cœur.

Et vous, quels personnages vous ont le plus marqué ?

dimanche 11 avril 2021

La parenthèse et l'inconnu

Source – Karolina Grabowska

Depuis quelques jours je me demande si je n'écrirais pas un article pour donner des nouvelles. Pas de réflexions sur mes problèmes psychologique, pas d'interrogations sur mes fonctionnements, juste des nouvelles. Mais je n'osais pas trop et je ne savais pas trop non plus si j'arriverais à me lancer, à aligner les mots, vu que c'est quelque chose que je ne fais jamais et que donc je ne sais pas faire. Et puis j'ai lu un article de Marie Kléber sur le fait d'écrire le bonheur, et cela tout en écoutant l'interview de Frédéric Lenoir dans C Ce soir sur France 5 qui disait que, quand on parle que du malheur on contribue à faire descendre l'humeur générale, alors que si on parle du bonheur au contraire on peut faire sourire les gens et qu'on a parfaitement le droit d'être heureux quand le monde va bien. C'est marrant parce que ça correspond aussi à une remarque de Petite Ombre dans le dernier commentaire qu'elle m'a laissée... Et donc je commence cet article sans trop savoir où je vais. Bon, avant de commencer je dois quand même dire que je ne vais pas étaler du "bonheur" : juste parler un peu de tout et de rien : je ne suis pas dans un moment de liesse non plus, hein. (On dirait que je m'excuse...)

J'ai appelé cet article "la parenthèse" parce que j'ai l'impression que ces derniers mois constituent une parenthèse dans ma vie : une parenthèse dans laquelle je ne travaille pas (parce que je ne trouve pas de travail) et peux passer mon temps à lire et à écrire si je le veux. Une parenthèse dont je dois sortir pour gagner mon indépendance, une parenthèse dont je veux sortir parce que je veux cette indépendance, mais une parenthèse bien confortable dont quelque part je ne veux pas sortir. Moins j'en fais, et moins j'ai envie d'en faire, et parfois je me prends à souhaiter que les lieux culturels rouvrent pas, comme ça j'aurais pas à aller bosser comme saisonnière à Versailles ; ou à regretter de devoir aller passer des tests d'admission pour une formation en alternance de journaliste radio, alors même que je sais que j'aime faire des reportages, des interviews, rencontrer des gens ; que l'alternance c'est un moyen d'avoir de l'argent pendant les études, de pouvoir avoir mon indépendance dès la rentrée prochaine, et de pouvoir ensuite avoir du travail, un vrai chez-moi avec mes meubles à moi et pas dans un appartement meublé comme j'en ai eu pendant mon Service Civique ou mon Master (dans des appartements tout naze, en plus...).

Mais c'est dur de me remettre dedans, de sortir de mes livres pour me plonger dans le flux de l'information anxiogène que je ne suis plus depuis plus d'un an. Quand j'ai eu l'entretien téléphonique avec le monsieur de la formation, et qu'on en est venus aux questions d'actualité, j'étais larguée et j'ai sauvé les meubles, alors même que j'avais révisé un peu quand même... Et d'un autre côté je commence aussi tout doucement à aimer analyser l'info, en apprendre les enjeux, etc. Et en même temps je prends peur de cet intérêt parce que j'ai peur de me perdre dans l'info, de me laisser engloutir. D'autant qu'en ce moment je suis une vraie éponge, donc l'actu me fatigue très vite. C'est aussi pour ça que je me tourne vers les émissions qui prennent le temps, comme C dans l'air, C Ce soir et C Politique sur France 5 ; Les Carnets du monde sur Europe1... Il faudrait aussi que je rattrape mon retard dans ma lecture des National Geographic.

D'un côté, ça réveille mon appétence pour les réflexions sur les sujets de société, les débats, etc. et la lettre d'un violeur publiée par Libération a titillé mon cerveau. Des féministes y ont vu une honte, y ont vu la culture du viol, quelque chose que l'on ne devait pas laisser lire. Moi, j'y ai vu un formidable outil pour discuter de la culture du viol. Parce que, Samuel est très ambivalent dans cette lettre : il reconnaît son geste, et en même temps il dit "c'est aussi la société", en gros, et demande à chacun de s'interroger. Et on comprend qu'il ne veuille pas se coller sur le front l'étiquette de "criminel" ou de "monstre". Personne ne voudrait d'une telle étiquette. (En revanche, et je crois en relisant le chapô qu'il a été modifié, la présentation qu'en fait Libé pose question car ils le présentent comme une analyse sociologique ou quelque chose d'objectivé ; ce qui est faux.) Mais les féministes aussi ne sont pas, selon moi, dans le juste : elles ont balayé le fait que lui-même a été victime d'abus sexuels, comme s'il l'avait utilisé pour excuse. Or, on sait très bien que les jeunes victimes ont plus de probabilités de devenir elles-mêmes les bourreaux. Bref. D'un autre côté, ça me fait peur, parce que le débat actuel est tellement polarisé, tellement pas dans la nuance... J'ai discuté avec une personne sur Twitter. Elle pointait la polarisation actuelle sans se rendre compte qu'elle-même participait de cette polarisation en caricaturant ma position et sans chercher à la comprendre.

Du coup, me replonger dans l'info dans cette période, devenir journaliste dans cette période, devoir gérer des débats d'invités, choisir qui j'invite ou qui je n'invite pas pour que ça ne parte pas en couille... c'est compliqué. Prenons le cas Alice Coffin. Je n'aime pas ce qu'elle dit, mais au-delà de ça je n'aime pas son positionnement dans les débats. Je ne l'inviterais pas. Mais, d'un autre côté, c'est une personnalité publique qui a le vent en poupe, ne pas l'inviter, c'est lui offrir une prise pour son discours (elle a travaillé dans les médias, elle maîtrise très bien son discours). Donc je dois lui trouver un débatteur qui lui ne soit pas dans la polarisation ou le spectaculaire. De préférence un féministe, pour ne pas avoir une opposition frontale sur la base même des inégalités. C Politique a fait le choix de Jean Viard, très bon choix, j'ai trouvé ses interventions intéressantes. Vous allez me dire, ces questions sont des questions que les journalistes se posent depuis toujours. Mais j'ai l'impression justement qu'on ne se les pose plus... et que se les poser est être "rabat-joie". Débarquer dans ce monde-là aujourd'hui, maintenant, ça m'effraie. Peut-être que c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles je souhaite me tourner vers les radios associatives, où peut-être j'aurais plus de marge de manœuvre.

Bon, cet article ne prend pas vraiment la direction que j'avais prévu, mais d'un autre côté je n'avais rien prévu de précis héhé ;P

Je dois donc sortir de ma parenthèse pour entrer dans le monde, émerger de ma couette, me lever de mon lit, me plonger dans le monde, dans l'info, dans la rapidité, dans le temps et la succession des jours qui n'étaient jusque-là marqué que par le rythme des personnes qui vivent avec moi. Mon rythme à moi était hors du temps, hors de la réalité, hors du monde. Je dois me reprendre tout ça en pleine face, sans cesser de me protéger ; trouver un refuge en moi-même pour me replier, transformer le cocon en carapace dans laquelle je pourrais me rétracter au besoin, une carapace aux parois couverte de livres où tout se termine bien. Pour affronter le monde. C'est "l'inconnu" du titre de cet article : l'alternance, je n'ai jamais fait, ce sera un nouveau système, une nouvelle ville... Le confort de ma parenthèse m'engourdit et parfois je me dis que si je rate les tests ce serait pas bien grave. Mais il ne faut surtout pas que je me complaise là-dedans !

Ce qui est bien, c'est qu'une radio à laquelle j'ai envoyé ma candidature il y a quelques mois m'a appelée pour me demander si je cherchais toujours du travail. J'ai dit oui, et j'ai enchaîné en disant que j'avais même une recherche qui pourrait les arranger financièrement : l'alternance. Le monsieur avait l'air intéressé, et moi ça m'a motivée à travailler pour obtenir les tests ! En plus, c'est dans une région bien chouette, dans laquelle j'aimerais bien retourner.

Voilà...! Article un peu inhabituel, j'espère que ça ne vous a pas trop ennuyé ! Maintenant que le replay de l'émission que j'ai écouté en écrivant est terminé, je ne suis plus "portée" et j'hésite à publier mais disons que je dois me lancer pour tenter un truc nouveau... au pire, je pourrais toujours supprimer plus tard... On verra bien !