samedi 18 décembre 2021

À côté de mes pompes

Source – Stas Knop
Aujourd'hui, je sais pas ce qui m'a pris, j'ai voulu sortir me balader. L'autre jour au bureau je suis tombée sur les photos d'une vieille abbaye à moitié détruite, très miyazakiesque. Finalement, en cherchant un peu, elle se trouve sur une propriété privée. Je laisse tomber et puis je décide que j'irai peut-être me promener mercredi, plutôt. Puis il fait beau, et j'arrive pas à me mettre à écrire, alors tout à coup, je sais pas, je commence à regarder des balades dans le coin, des courtes parce que le soleil se couche tôt et qu'on est déjà en début d'après-midi alors le temps d'y aller et tout… J'en choisis une, comme ça, au débotté. Pour vous ça a l'air peut-être anodin, mais pour moi c'est comme si une mouche m'avait piquée : normalement, ce que je fais dans une journée est prévu. Avant mes vacances de novembre, je savais que j'allais les consacrer à de la bêta-lecture et à la relecture de mon roman. Là, je sais déjà que je vais passer mes vacances à lire, j'ai aussi programmé une sortie chez le coiffeur et chez l'esthéticienne, et je sais que je profiterai d'aller chez le coiffeur pour aller en boutique changer mon forfait de téléphone et aller faire un tour dans une librairie. Que ce soit les courses, le ménage, regarder le replay d'une émission… ce que je fais dans une journée est au moins prévu de la veille ou du matin. Je ne pars pas, comme ça, sur un coup de tête, me balader. Encore moins si ça demande de prendre la voiture – surtout étant donné mon passif avec la conduite. Donc là, je décide de partir, comme ça, avec mon appareil photo. C'est déjà assez loin de ma zone de confort pour être remarqué. Mais je sentais que j'avais besoin d'air.

Raté.

Déjà, l'adresse exacte pour garer la voiture, y en a pas. Je me dis que le patelin doit pas être bien grand et que je vais me démerder, donc je mets "centre" sur le GPS. Sauf qu'arrivée là… un panneau demande aux visiteurs, sportifs et compagnie d'aller se garer ailleurs, un peu plus loin. Sauf que l'accès à leur prétendu parking, je ne pensais pas pouvoir y passer la voiture… impossible de faire demi-tour (enfin, j'aurais peut-être pu si une voiture était pas arrivée derrière moi) donc je continue, je continue, je continue. Et le temps passe, et le soleil dore le paysage, les arbres et les prairies, et je vois mon "programme" m'échapper, et je me sens perdue, nulle, inefficace, paumée, seule. Je me retrouve à hurler dans la voiture comme une dégénérée, à m'en faire mal à la gorge. Ce qui est bien, c'est que, quand on est enfermé dans une voiture, personne nous entend. C'est la deuxième fois que je fais ça. En moins de deux mois. Je crois qu'il y a plus de rage en moi que ce que je pensais. Le GPS me fait faire demi-tour au patelin d'après. Je reviens au patelin du départ. Il est 15h41, j'aurai dû démarrer ma balade à 15h15. Et là, en passant par la route par laquelle je suis arrivée, je vois en gros "Abbatiale", là où je devais me garer, en lettre de métal sur le bâtiment.

À côté de mes pompes. Je suis passée devant sans le voir, obnubilée par mon GPS, qui lui, ne connaissait pas ce lieu (je crois bien que Waze non plus, en tout cas il connaissait pas l'autre lieu, indiqué sur le panneau pour le parking). Il est presque 16h. La balade ne dure qu'une heure, mais bon, dans une heure le soleil sera couché, j'ai moyen envie de me retrouver dans les bois sombres alors que j'ai même pas de gilet jaune, voyez… Alors je repars. À un moment je me suis demandée si c'était pas juste une excuse pour pas faire cette balade, pour me punir. Ce serait pas la première fois que je me punie avec ce genre de manière.

Je suis à côté de mes pompes. Je me sens à côté de mes pompes. Première fois que je vais à l'aïkido, j'utilise le GPS mais il connaît pas "maison des sports" alors moi, au lieu de mettre Waze par sécurité, je rentre juste le nom de la voie, et je me dis que je me fais confiance et que je me débrouillerais. J'ai pas pu aller à l'aïkido : je suis arrivée à l'heure où commence le cours alors que j'étais censée avoir une demi-heure d'avance. Je me connais toujours pas bien. Quand j'essaye d'avoir confiance en moi, ça foire. Je ne sais pas à quel point c'est mon côté boulet et à quel point c'est la fatigue. Je ne dors toujours pas bien. Ma dernière bonne nuit c'était première semaine d'octobre, j'ai dormi 10h sans interruption. C'est la dernière nuit au bout de laquelle je me suis réveillée reposée. Ça remonte un peu… Je suis à côté de mes pompes.

Ma mère m'a dit que je devrais passer un test pour voir si je suis pas HPI. Je suis allée regarder les critères, symptômes, caractéristiques, appelez ça comme vous voulez, juste pour prouver que c'était pas ça. Mais ça colle assez alors je suis bonne pour passer des tests. Mais comme je suis à côté de mes pompes, je me dis que c'est bien loin des HPI. Vaut mieux que je me fasse pas trop d'illusions. Je me sens pas particulièrement intelligente, quand ma balade pédestre se transforme en une heure et demi de voiture au lieu des quarante minutes aller-retour. Du coup, comme j'ai dépensé l'essence pour deux aller-retours, ben je ne retenterai pas cette balade. Tant pis pour moi après tout. J'avais qu'à ouvrir les mirettes.

Et toutes les bourdes au boulot ; ce moment où je ferme mon micro pour qu'on entende pas le bruit de ma gourde quand je bois, mais où j'oublie de le rouvrir avant de reprendre la parole (bonjour le blanc antenne) ; les micro des invités que j'oublie d'ouvrir, etc., etc., etc. Je suis à côté de mes pompes. Je suis toujours un peu tête en l'air, y a trop de choses dans ma tête, mes pensées s'éparpillent, et la plupart du temps il y a du bruit, des chansons qui tournent toutes seules, j'ai du mal à me concentrer et la variété des tâches au boulot n'aide pas parce que je me retrouve à commencer un truc, puis un autre, puis au bout d'une heure je ferme mes onglets et : "ah oui ! c'est vrai, je faisais ça !". Quand le bruit dans ma tête s'arrête c'est comme ça que je sais qu'il y en avait, souvent. Comme quand un ordinateur ronronne au fond d'une pièce et que tout à coup il s'éteint vous vous dites : "ah ! ça fait du bien !". Ben là pareil. Y a du bruit dans ma tête. Tout le temps. Le plus souvent des pensées, puis des trucs en arrière-plan. Ça s'arrête pas souvent. Du coup, en ce moment même pour écrire c'est compliqué. Ajoutez à ça la fatigue et vous avez une fille incapable de rester concentrée deux secondes sur un même truc. J'ai l'impression d'être stupide, trop bête pour mener une tâche jusqu'au bout. Je suis à côté de mes pompes.

Je dérive un peu trop…

Partir en balade au dernier moment, sans préparation ? Plus jamais. Utiliser la voiture pour autre chose qu'aller au travail ? Ha ha. J'ai renoncé à prendre une place au spectacle de Jérémy Ferrarri parce que c'est dans la ville d'à côté, et que je tiens pas particulièrement à conduire après un spectacle de deux heures, en pleine nuit un samedi soir. Je ne conduis pas très bien quand je suis fatiguée. Ni quand je suis énervée ou angoissée, comme tout à l'heure. J'ai fait un peu n'importe quoi. J'aime pas conduire. Je sais même pas pourquoi j'ai cru que j'allais réussir à aller en balade… Je redoutais de me perdre dans la forêt et pas un moment je me suis dit que je ne pourrais même pas garer la voiture… C'est stupide. Je suis à côté de mes pompes. Ce qui est un sentiment assez perturbant pour moi qui suis habituée à plutôt penser avoir une bonne analyse de moi-même et d'être capable de palier mes insuffisances (par exemple en stage quand j'avais 3h de train par jour et que j'étais claquée, je savais que je n'avais plus de cerveau, donc je notais tout sur des post-it, je n'essayais même pas de retenir). Si j'hésitais à aller dans la ville d'à côté pour le film qu'il y a pas dans le cinéma de ma ville, se serait fichu : je vais pas non plus vider tout mon réservoir d'essence, hein.

Je suis à côté de mes pompes.

Ça vous le fait, parfois ?

dimanche 5 décembre 2021

Journal d'écriture, Roman 2, n°4

Source – Anastasia Shuraeva
Je vous avais laissés sur la fin du premier jet, depuis j'ai laissé posé. Puis j'ai fais une relecture-diagnostic, des corrections, un balayage rapide pour enlever les phrases en "que", et une dernière relecture pour vérifier que tout était OK. Tout ça en l'espace d'un mois et d'une semaine.

Début-novembre j'ai eu une semaine de vacances qui m'a permis de relire mes 160 000 mots (en plus d'une bêta-lecture de 60 000 mots que je faisais pour une copinaute) ; autant dire que j'y passais sept heures par jour, mais le pire c'est que je ne voyais même pas le temps passer ! Je prenais le mien vers midi, je relevais la tête à quinze heure parce que j'avais faim, et je repartais pour deux ou trois heures de boulot. À la fin de la journée je n'avais pas vu le temps passer ! Ça m'a permis de relire tout le roman et d'invalider une théorie. Si vous vous souvenez, je m'étais demandé en me donnant pour défi d'écrire mon premier jet en deux fois moins temps qu'avait demandé le premier, si en écrivant plus vite je limiterais mes incohérences (genre un personnage censé être désarmé qui tient une arme dans sa manche, une pièce translaté d'un étage à un autre, etc.). Bon : non xP J'ai eu des pièces translatées, un personnage qui passe d'un pantalon noir à une robe rouge, un autre qui retire une genouillère qu'elle ne porte pas… Par contre, relire en une semaine m'a permis d'en voir plusieurs quand sur le premier roman j'avais dû attendre les relectures post-bêta-lecture pour m'en rendre compte ! Celles que je n'ai pas vues en diagnostic je les ai trouvées en vérif' :)

Ensuite, j'ai laissé reposer trois jours avant le week-end suivant (du 11 novembre, et on faisait le pont le 12) : quatre jours pour abattre les corrections que j'avais repérées ! Puis je me suis lancée dans le balayage pour enlever les phrases en "que". J'ai un peu galéré, c'était assez fastidieux, j'en ai enlevé moins que dans le premier (mais j'en avais aussi écrites 200 de moins !) et ça m'a pris plus de temps que mes estimations. Et ensuite, en l'équivalent de deux fois deux jours (vendredi et samedi après-midi + un dimanche multiplié par deux) j'ai fini ma relecture de vérification. Je l'ai fini aujourd'hui et j'ai envoyé le bébé roman aux très gentils bêta-lecteurs (dont certains passeront peut-être par-ici : coucou ! :D). Deux sont les mêmes que pour Roman 1 et deux sont nouveaux ! Je n'ai pas osé redemander à l'amie d'amie éditrice qui croule sous le travail, je ne voulais pas l'embêter. Mais je gagne deux auteurs donc le garde le côté "retour-technique" (j'ai prévu de faire un article sur la bêta-lecture en général, d'ailleurs !).

J'ai plusieurs problématiques. À la fois je suis contente parce que j'ai vu des incohérences tout de suite, et j'avais aussi moins de pages de corrections sur mon cahier que pour Roman 1 (alors que le roman fait la même taille). Et quand je dis "moins de pages" c'est pas deux : c'est une dizaine ! (Bon, j'ai aussi vu ensuite beaucoup de bêtises que j'avais laissé passer, n'est-ce pas. Et aussi beaucoup de choses où je me suis fait confiance et j'ai corrigé directement au lieu de noter.) Je suis contente aussi d'avoir pu confirmer que ma méthode de corrections où je relis d'abord sans presque corriger et où je note sur une cahier au cas où je change d'avis est la bonne pour moi. Plusieurs fois je n'ai plus été d'accord avec mes corrections (surtout les remarques que je m'étais faites en cours d'écriture). Par contre, je manque beaucoup de recul sur ce roman au contraire du premier parce que, étant donné sa nature dont je vous parlais dans les articles précédents, j'ai mis beaucoup trop de moi dedans pour que ça soit raisonnable. Du coup la conséquence c'est ce manque de recul.

Je commence déjà à réfléchir sérieusement à Roman 3 ! J'ai hâte de m'y mettre, je vais revenir un peu au registre du roman précédent, ça va être cool !

Où en sont vos projets ?