lundi 19 octobre 2020

Tomber amoureuse

Source – Andreas Wohlfahrt

Il y a quelques temps, je suis tombée sur une ancienne chronique d'une psychologue sur Europe 1. Elle disait que tout le monde ne peut pas tomber amoureux, mais ne s'est pas étendue dessus parce que ce n'était pas le sujet de son papier. Ça m'a un peu perturbée parce que je me suis dit que je faisais à tous les coups partie de ces personnes ; ça n'a fait que confirmer une crainte que je pense être lucide : pour tomber amoureux, il faut se confier aux autres, être le confident des autres, et être bien avec soi-même. Or, il ne vous aura sans doute pas échappé que je ne suis pas vraiment bien avec moi-même (sans blagues...). Donc, je ne suis jamais tombée amoureuse.

Dans le fond, ce n'est pas ce qui me dérange vraiment. En fait, pour moi, la relation de couple c'est la relation parfaite (on a les stéréotypes qu'on a, hein...) où l'on se fait confiance, etc. J'en avais déjà parlé ici, je crois, d'ailleurs. Du coup, ce qui m'embête vraiment, c'est de ne pas avoir de relation profonde, de confiance, etc. avec qui que ce soit. Et aussi un peu le regard des autres, en quelques sortes.

Quand j'étais en Service Civique il y a trois ans, on parlait du stress avant de commencer une émission avec une collègue, et elle comparait cela à la petite boule au ventre avant un rendez-vous amoureux. Je me suis fendue d'un "je ne sais pas, je n'ai jamais eu de rendez-vous amoureux". Elle n'a pas caché sa surprise, elle m'a fait : "même pas un crush, un coup de cœur ?". Non. Même pas. "Oh... bah, ça arrive..." a-t-elle dit pour me rassurer, se retrouvant devant le fait accompli qu'elle n'avait jamais imaginé avant : que l'on puisse n'être jamais tombé amoureux à vingt-et-un ans.

Donc oui, je ne suis jamais tombée amoureuse. Les papillons dans le ventre, je ne les ai qu'en regardant les anime shojo et autre films, livres (même pas des romances, faut pas pousser), etc. c'est vous dire si je suis un cas désespéré. Du coup, je suis vierge, aussi (enfin, ceci dit évidemment il n'y a pas de lien de cause à effet, je pourrais très bien ne pas être vierge si j'avais déjà eu un sex friend ou un coup d'un soir mais vu mon profil de casanière qui ne fait confiance à personne, le lecteur comprendra que les probabilités que cela ait pu m'arriver restent de l'ordre de l'infime).

D'ailleurs, il y a quelques années, j'ai dû passer un prélèvement vaginal (glamour...). Au début, pour savoir avec quel outil ils vont procéder (je pense) ils posent des questions qui vont crescendo – genre : avez-vous déjà fait ce genre d'examen ? – et si tu réponds non à ces questions, on va à la dernière – avez-vous déjà eu un rapport sexuel ? Inutile de dire que nous sommes donc allées avec la dame qui me faisait le prélèvement jusqu'à cette dernière question à laquelle j'ai bien entendu répondu par la négative. Et alors la réaction de cette dame m'a fait me sentir vraiment mal à l'époque, un rien honteuse (l'agacement à vite pris le dessus, quand même). Elle a soupiré, comme agacée. Je ne me souviens plus de l'année, mais j'étais à la fac pour ma Licence, donc j'avais plus de dix-huit ans. Autant dire que j'avais passé l'âge moyen du premier rapport (qui est de dix-sept ans et des poussières chez les deux sexes, et c'est une vraie moyenne en ce sens qu'on ne l'obtient pas avec des personnes qui le font à douze et d'autres à vingt-deux mais bien avec des personnes qui le font autour de dix-sept). J'ai trouvé ça assez violent et je m'en souviens encore aujourd'hui (ce qui est assez symptomatique chez moi qui ai relativement peu de souvenirs, je trouve).

J'ai donc sept ans de retard sur la moyenne de l'âge au premier rapport en France. Score honorable.

Je crois me souvenir que, quand j'étais enfant, j'étais sortie de chez le médecin avec ma mère et le médecin avait discuté un peu sur le palier à propos des vaccins, je crois, et d'une patiente qui lui avait demandé si elle devait en passer un et à qui il avait répondu que, étant donné qu'elle était encore vierge il n'y avait pas de raison (je ne sais pas si ça a un sens médicalement, c'est un souvenir assez vieux et donc largement reconstitué). Toujours est-il que cette patiente avait à l'époque, si mon souvenir n'est pas trop mauvais, environ l'âge que j'ai maintenant. Ce qui a a fait dire à ma mère qu'elle espérait que je ne serais plus vierge à vingt-cinq ans parce que... je ne sais plus trop pourquoi, d'ailleurs, sans doute un truc du genre "c'est une expérience sympa à vivre", quoi.

Ce qui m'embête avec ce souvenir c'est que, dedans, j'ai les cheveux bouclés. Je les avais bouclés quand j'étais très jeune, or je ne pouvais plus les avoir bouclés à cette époque, ce qui est une marque de la large reconstitution de ce souvenir. J'ai aussi cru remarquer que j'ai tendance à me voir les cheveux bouclés dans mes souvenirs quand je me considère comme une vraie enfant, une petite fille, une gamine, comme une marque que mon inconscient insiste sur ma jeunesse (je ne sais pas si je suis claire). Du coup, je ne sais pas quelle réalité je dois accorder à ce souvenir. D'un autre côté, on s'en fiche un peu, de savoir si c'est vrai, reconstitué, ou monté de toutes pièces à la base d'un rêve chelou : l'important c'est ce que ça a produit sur moi : plus j'avance dans les années et plus j'ai cette barre des vingt-cinq ans qui s'approche. D'ailleurs, je me dis que peut-être mon mauvais rapport à la masturbation sera dépassé quand j'aurais moi-même dépassé ces vingt-cinq ans.

Il y a quelques temps j'étais à la crémaillère d'une amie. Je discutais avec l'une de ses amies qui a balancé comme ça, au détour de la conversation, parce que l'anecdote s'y prêtait bien, qu'elle était vierge, avec naturel. Et personne n'a relevé, personne ne s'est moqué ou étonné. Ça m'a vraiment beaucoup étonnée. Ceci dit mes amies n'en font pas tout un plat non plus. Mais quand même, ça m'a surprise.

J'ai beaucoup dérivé sur les relations sexuelles, dites-moi...
Pour revenir aux relations amoureuses, j'ai remarqué que j'ai tendance à beaucoup me critiquer, me dire que je ne suis pas assez bien, pas assez jolie, etc. alors que chez les autres c'est l'inverse. S'ils ont en couple (ou même s'ils ne le sont pas, d'ailleurs) je trouve toujours des bonnes raisons. Par exemple, Unetelle n'est pas très jolie, c'est vrai, mais elle est très drôle, et positive, un vrai rayon de soleil. Unetelle autre est toujours bien habillée, hyper classe même quand ce sont juste ses vêtements de tous les jours et qu'elle n'a pas fait d'efforts particuliers. Unetelle autre s'assume pleinement, a l'air super bien dans sa peau, etc., etc., etc. Alors que moi je ne suis pas assez. Du coup, je ne cherche même pas à m'inscrire sur des sites de rencontre.

Je veux dire... pour quelqu'un comme moi qui a du mal à rencontrer des gens en vrai, à se confier, etc., passer par le numérique pourrait être une solution. En plus, j'ai une amie qui a rencontré son compagnon comme ça et aujourd'hui ils vivent ensemble et ont un enfant ; je ne manque pas de modèles positifs sur les relations qui commencent par internet. Mais je trouve que ça manque un peu d'authentique (c'est mon côté rêveuse et téléfilm romantique de l'après-midi xD) et j'aurais l'impression aussi je pense que c'est un peu un échec. Regardez-moi cette fille de vingt-quatre ans incapable de rencontrer des gens dans la vraie vie et qui va aller se cacher derrière un écran ! la génération Y est vraiment désespérante, ma parole !

La dernière chose qui m'en empêche, et qui rejoint un peu ce que je disais au-dessus c'est qu'avec la chance que j'ai, et vue que je ne suis pas assez, il y a de fortes chances que les mecs qui me parlent ne cherchent que des plans Q (et je ne pense pas que les mecs qui cherchent des plans Q cherchent des filles vierges à moins d'être fétichistes et un rien malsains (je sais que dire ça démontre que je crois en des clichés sur la gent masculine, je m'excuse donc auprès de mes lecteurs masculins qui pourraient s'en sentir outrés)) ; ou bien pire : l'indifférence absolue. Et puis non, franchement, recevoir des photos de bite ça me tente moyen. D'ailleurs, une étude a été faite et apparemment les mecs qui font ça pensent vraiment que ça nous fait plaisir et qu'ils vont recevoir le même genre de photos en retour. Ou quand la réalité dépasse les clichés... Bref.

Toujours est-il que j'ai trop peur de me "mettre sur le marché" et de constater que personne ne veut de moi. Ma peur du rejet qui s'exacerbe pas mal, en ce moment. Je suis trop prudente pour passer outre. Mes digues multiples tiennent encore mais je ne vais quand même éviter de leur foutre un gros coup de pied dedans. Prudence, prudence.

Du coup, les sites de rencontre ce n'est pas une solution pour le moment.

De toute façon, je ne cherche pas l'amour (quoi que) mais plutôt une relation profonde, de confiance, etc., qui peut très bien se trouver dans l'amitié. Des amis, j'en ai, mais j'ai cette peur de la trahison qui fait que j'ai du mal à m'ouvrir, même si ça va un peu mieux ces derniers temps. Je pense que je vivrais mieux mon célibat si j'étais capable de créer une amitié plus serrée. Y a du boulot. Mais j'ai toujours pas appelé de psy.

dimanche 18 octobre 2020

Ce que l'on fait

Source – Ready made

Cette semaine, j'ai travaillé comme pionne dans un collège, pour remplacer en urgence un surveillant qui a été arrêté pour raison de santé. Je n'avais jamais fait ça avant, et je ne me fait pas beaucoup d'illusions sur le fait que le CPE de ce collège m'a appelée parce qu'il n'y avait personne d'autre de dispo, mais je pense que je ne m'en suis pas trop mal sortie (passées les réticences à prendre les carnets de liaison, seule menace qui fonctionne avec les ados mais que je trouve passablement stupide). Surtout, ça m'a confirmé que j'aime bien bosser avec les jeunes. Certains collègues n'aimaient pas surveiller les heures de permanence : j'adore ça ! D'autres n'aiment faire l'appel de la cantine parce que c'est le bordel avec tous les gamins qui te tournent autour pour passer en premier, mais là encore j'ai bien aimé.

Je dois être un peu maso, parce qu'il n'y a rien de plaisant à être cernée par un banc d'élèves affamés qui te mettent leur carte de cantine sous le nez en espérant que comme ça tu verras mieux leur nom ; ni à passer une heure dans le brouhaha à essayer de faire comprendre à des ado fatigués qui n'attendent que les vacances que baisser d'un ton ne ferait de mal à personne. Ou alors, c'est l'attrait de la nouveauté qui fait ça, et si je devais recommencer, si j'y étais depuis trois ou quatre ans, je serais comme mes collègues et j'en aurais ma claque des disputes stériles et des gamins qui se fichent ouvertement de ta tronche en recommençant à se chamailler dès que tu as le dos tourné. Mais peu importe que ce soit l'attrait de la nouveauté ou bien que je sois complètement maso : le fait que j'ai bien aimé. Ça m'a aussi permis de voir que je ne veux pas être CPE, parce qu'on ne côtoie pas assez les jeunes.

Ça m'a fait repenser à la période où j'avais songé être éducatrice spécialisée, point d'intérêt comme beaucoup d'autres métiers et qui comme beaucoup d'autres métiers à fini au placard. D'ailleurs, cette nuit ou tôt ce matin, la tête dans le gaz, je me suis demandée si je n'étais pas passée à côté de toutes mes occasions. J'aime la jeunesse et j'ai renoncé à être éducatrice spécialisée parce que c'était sur concours. J'aimerais bien voyager et aller dans d'autres pays mais je n'ai jamais eu le courage de partir en Erasmus parce que j'avais peur de ne pas avoir un niveau de base suffisant. Et maintenant, mes parents ne sont pas chauds du tout pour que je fasse un Service volontaire européen parce que, vous comprenez, à un moment donné il va falloir que je travaille et que je gagne de l'argent. Ma mère m'a dit "je comprends bien que tu veux quitter cette vie de con, mais il va falloir que tu gagnes ta vie". Elle se trompe, ce n'est pas "quitter cette vie de con", ce n'est pas fuir : c'est découvrir autre chose, parler à d'autres gens, revenir bilingue avec des expériences et des compétences nouvelles.

Alors moi qui respecte tout bien les règles, qui à douze ans, trois minutes après avoir créé mon blog sur les chauves-souris, avait été prise d'une affreuse culpabilité à l'idée de ne pas avoir demandé la permission et avait de ce pas corrigé cette faute, moi je suis prête à me battre pour me tirer hors des frontières de la France. En même temps, j'ai vingt-quatre ans et le Corps Européen de Solidarité finance le volontariat en Europe, donc j'ai envie de dire...

Je me suis créé un compte sur le portail il y a quelques temps. J'ai suivi un atelier d'information en visio. J'ai pris rendez-vous pour plus d'infos et être aidée dans ma recherche. C'est la semaine prochaine. Et aujourd'hui, je suis retournée voir les offres sur le portail, et j'ai postulé. Dans une asso en Espagne qui fait faire des activités à des jeunes. Tout ce qui me plaît ! (sauf la chaleur du Sud de l'Europe !).

Avec la poisse que j'ai, ça ne se fera sans doute pas. Sans dec' ; le contrat avec le collège n'a pu être signé informatiquement, du coup je ne sais pas quand je serai payée. C'est comme ça tout le temps. Donc je ne me fais pas trop d'illusions. Puis, sans permis (je le passe la semaine prochaine, mais soyons sérieux deux minutes...) et sans voiture, si mes parents ne veulent pas m'amener à l'aéroport et considérant que mes amies ne vivent pas vraiment tout près, ça risque d'être une belle aventure que de me tirer de là toute seule. En admettant même que je sois prise étant donné que l'offre est quand même en ligne depuis déjà un mois.

Je verrai bien, de toute façon.
J'ai cette affreuse propension à faire des plans sur la commette, à me projeter hyper loin dès que j'entreprends le premier pas de quelque chose ; dans le fond, je ne sais pas me laisser glisser. Et tout ce qu'il se passe (le prof décapité, Alice Coffin qui dit des imbécilités, le débat qui se radicalise...) me file le bourdon. Déjà que je ne suis pas optimiste de base, que mes émotions sont quand même rarement positives, là je pense que l'on a atteint le point où voir le positif est quasiment impossible.
Le bourdon.

Je me suis lancée dans cet article sans trop savoir où ça allait me mener. Visiblement, à pas grand-chose d'autre qu'à une sorte de bouée lancée dans la mer informatique juste pour me soulager, et que je ne vais pas pousser encore pour ne pas risquer de vous transmettre mon bourdon !

Comment que ça va par chez vous ?

samedi 3 octobre 2020

Rien du tout

Source – Jeffrey Czum

C'est une période un peu bizarre. C'est la première fois que je n'ai rien à faire en Septembre : pas de rentrée scolaire, universitaire, ou à un boulot. C'est assez perturbant pour moi qui suis du genre à vouloir tout contrôler alors que bon, on sait bien qu'on ne contrôle jamais rien – mais on peut au moins se maintenir dans l'illusion. Des personnes m'ont dit que je devais profiter de cette période pour me poser, faire un peu ce que j'avais envie et voir ce que je voulais pour la suite. Garder mes antennes ouvertes sur les opportunités au lieu de fabriquer, concevoir tout un tas de plans, de stratégies pour aboutir à un objectif improbable. La psychologue du travail que j'ai revu à Pôle Emploi en fait partie. D'ailleurs, j'en ai profité pour lui demander par où je pouvais passer pour avoir gratuitement accès à une consultation psychologique parce que ça fait plusieurs années que je sais que j'en ai besoin et qu'il serait peut-être temps – tant je suis arrivée au bout de ce que je pouvais faire toute seule. Elle m'a demandé de préciser et quand je lui ai parlé de quelques uns de mes problèmes (dont certains que j'ai abordé ici, d'ailleurs) elle a écarquillé les yeux comme si elle se disait "ah oui, quand même !". Ben oui... bref. Cette période de "rien" serait bien propice à devenir une période de "beaucoup" (et de "bien").

Le problème, c'est que sans études ou sans travail je dois m'imposer un cadre toute seule. J'avais commencé à vouloir en profiter pour bosser un peu les langues étrangères, et puis la sortie d'un livre pour l'hindi que j'avais commandé a été une énième fois repoussée et, d'agacement, j'ai annulé la commande et depuis je peine à me remettre aux langues. Je voulais m'imposer un peu un cadre et des choses à faire en faisant du bénévolat dans une radio associative, mais je n'ai pas reçu de réponse à mon mail, même après qu'on m'est assurée au téléphone que j'aurais une réponse "dès que possible" ou une formule du genre qu'on dit pour être poli alors que visiblement on en a rien à battre. Ce que je trouve dommage c'est que dans mon mail je demande juste s'ils ont besoin de bénévoles. Ce n'est pas comme si je demandais un CDI 35h payé au double du smic ; ou que ça demandais beaucoup de recherches avant de me répondre. C'est un oui ou c'est un non, ça prend deux minutes ; il n'y a pas besoin de quinze jours pour répondre à ce genre de mail. C'est ce genre de choses qui me décourage. Comme le fait que beaucoup d'offres sur les sites d'emplois sont des apprentissages et qu'on ne le découvre qu'à la fin de l'annonce parce que l'employeur n'a pas jugé bon de le mettre dans son titre. Du coup, j'ai du mal à m'imposer un cadre.

Ceci dit j'ai épluché la liste des cours de la Licence d'Histoire de ma ville, j'en ai sélectionné quelques uns et je vais squater les amphis pour le plaisir. Je ne sais pas trop si c'est par pur intérêt intellectuel ou parce que je suis dans le déni de ne rien avoir à faire. C'est sans doute quelque part un peu entre les deux extrémités de la corde.

J'avais aussi décidé de reprendre le sport, pour m'occuper et aller mieux dans mon corps, mais ils ont tout refermé et j'ai commencé à me dire que s'ils fermaient un mois après la rentrée ils allaient passer leur temps à fermer-ouvrir-fermer-ouvrir et que ça ne valait pas le coût/coup. Du coup, je n'ai finalement pas pris les licences, y compris au théâtre ce qui m'emmerde un petit peu, et même beaucoup. Le seul bon point c'est que je ne suis plus attachée dans ma ville et que donc je peux chercher un petit peu partout en France.

Je sais que je dois me donner un grand coup de pied au cul pour occuper mes journées (à autre chose qu'à écrire des histoires et à lire, je veux dire (en même temps, est-ce que c'est vraiment mal ? j'ai prévu d'aller au musée, aussi)) et en même temps je me dis que j'ai bien le droit à une petite pause après ces mois (années ?) à fomenter des plans tarabiscotés et à stresser, etc. Juste une toute petite pause. Aller chez le psy m'aiderait pas mal, mais du coup je n'ose pas appeler le numéro que m'a donné la psychologue du travail. Elle m'a dit de bien insister pour pas qu'ils pensent que c'est "juste comme ça" vu qu'ils sont sans doute blindés, mais du coup ça me fait un peu peur parce que je crois que je me dis que ma situation n'étant pas une urgence elle n'est pas assez grave pour mériter un appel. Et je pense aussi que je ne vivrais pas bien qu'on me dise qu'il n'y a pas de place et comme je ne sais pas trop m'affirmer je ne saurai pas insister pour faire comprendre mon problème. Peut-être que je me dis aussi que je ne suis pas légitime pour bénéficier de ce genre de structures. En gros, c'est la flippette. Alors je me suis dit que je me laissais jusqu'à la fin du mois pour appeler.

Je suis attentiste, c'est terrible. Ou plutôt ce qui est terrible c'est que je dise que je fais une pause mais que je considère cette pause comme le fait d'être attentiste.

Je suis aussi vraiment lassée de toutes les attitudes et de tous les propos ridicules des militants radicaux (quelle que soit la cause) qui défendent la misandrie la plus crasse comme une vengeance à la misogynie, vont vous dire que vous êtes "enbyphobe" puisque vous n'êtes pas d'accord avec eux, ou vont vous bloquer de Facebook parce que vous avez osé demander la source des chiffres qu'ils publient (spoiler : non, l'espérance de vie des personnes trans n'est pas de trente ans ! ce n'est pas le sujet de l'article mais on peut en parler en commentaires si mes recherches autour de ce chiffre faux vous intéressent). Ces gens bas de plafond cherchent à diviser toujours plus. Il faut un mot pour tout, pour chaque petite minorité. J'en parlais d'ailleurs à la crémaillère d'une amie avec une personne elle-même LGBT+ qui trouvait assez bête de rajouter des mots pour tout et n'importe quoi, parce que tout le monde veut son mot. Comme quoi, il n'y a pas que les discriminants qui se posent des questions.

Ces militants radicaux cherchent à diviser, à combattre, à lutter. Ils disent qu'il faut passer outre les désaccords pour tous lutter dans le même sens parce qu'on veut la même chose mais ils attendent que vous, vous vous rangiez de leur côté puisque c'est quand même eux qui ont raison. Je suis catastrophée. Je n'ai même plus les ressources pour m'indigner. Je suis de plus en plus confortée dans l'idée que je n'aime pas parler aux militants radicaux, que je n'aime pas leurs moyens d'agir et leur système de pensée "eux contre le monde entier" et en même temps ça me trouble beaucoup parce que je tiens à garder un œil sur la manière de penser des gens avec qui je suis en désaccord (ce qui est bête dans la mesure où c'est admettre que les militants radicaux représentent leur lutte alors qu'on n'a pas besoin d'être radical pour vouloir démonter les discriminations). Bref, je m'éloigne du sujet.

Cette période de rien du tout pourrait devenir une période de beaucoup si je donnais la petite impulsion qui manque, le coup de palme pour avancer plutôt que de me laisser porter par le courant. D'un autre côté, je peux bien me laisser porter encore un peu, juste encore un peu. D'ailleurs, je pourrais aussi prendre comme un signe le fait que l'on ne réponde pas à ma proposition de bénévolat ! ;)

Comment ça va, de part chez vous ?