vendredi 22 avril 2022

Chat va plus

Source – Min An
Mon titre est nul mais c'est pas grave.

J'ai rendu les chats. Même pas deux semaines mais je suis en dette de sommeil à un point où ça devient un peu dangereux (en rentrant tout à l'heure j'ai pas vu un feu rouge (heureusement qu'il n'y avait pas grand monde), et j'ai roulé un peu près de la barre de sécurité de l'autoroute l'autre jour). Pourtant, ce sont deux bestioles très gentilles qui font assez peu de bêtises et foutent pas le boxon. Le problème, c'est moi. Je suis lente à m'endormir, mon esprit ne lâche jamais prise, et quand je me réveille au milieu de la nuit je peux mettre entre une demie heure et deux heures (voir plus parfois) à me rendormir. Du coup, ajouté à des chats joueurs, avec vieille maison pas insonorisée, ça fait des nuits très courtes. Or, moi, j'ai besoin de neuf heures pour être vraiment bien. À huit, je tourne ; à sept je me défends ; à six c'est la merde ; en dessous je décède. Du coup, après des crises de larmes et de détestation de moi-même, j'ai rendu les chats.

La psy dit que je ne parle pas assez de mes sentiments. Du coup, je vais essayer de tourner l'article autour de mes sentiments. Ce sera toujours plus facile à l'écrire que face à quelqu'un.

Je culpabilise beaucoup. Parce qu'ils sont trop gentils et qu'ils ont rien fait de mal, que je les ai sorti d'une pièce de peut-être quatre mètres carrés pour les foutre dans mon grand appartement où ils avaient la place de courir, et les ramener finalement dans leur toute petite pièce. J'ai l'impression de les avoir abandonnés. Et en plus, les bénévoles de l'asso les ont remis dans leur petite pièce pendant que j'allais chercher le reste des affaires dans la voiture, du coup j'ai même pas pu les saluer avant de partir et m'excuser. Du coup, j'ai encore plus l'impression de les avoir abandonné.

Je suis épuisée et je me sens trop nulle. Tout ça parce que je sais pas dormir. C'est dingue, quand même, de pas savoir dormir. Les bébés dorment. C'est quand même pas compliqué, de dormir… Et comme je suis fatiguée, j'ai pas bien géré les trucs que j'avais à faire (même si j'ai rattrapé artificiellement le retard en travaillant moins bien). Si je n'arrive pas à récupérer mon sommeil dans les deux jours et demi qui viennent, je vais arriver au travail lundi encore plus fatiguée qu'avant les vacances. Mes prochaines vacances sont en août, ça va faire loin ! Et du coup, pour rattraper ce sommeil, je dois faire une croix sur la deuxième journée de formation sur les contes parce que lever 5h30 et train en gare à 19h alors qu'avec un lever 7h30 je flanche largement à 18h, ça va être compliqué. Sans compter qu'être devant, sortir de sa zone de confort, ça prend une énergie monstre !

Je me sens nulle aussi parce qu'avoir des animaux, c'était mon rêve depuis que je suis gamine. J'en ai toujours voulu. Et en fait, je suis inapte.

J'ai rendu les chats et je suis soulagée. Pour mon sommeil mais pas seulement. Je peux de nouveau fermer les portes quand je quitte une pièce ou après y être entrée. C'est bête, mais ça change beaucoup de choses, parce que les portes entrouvertes, ça m'angoisse. Les portes de placard aussi. Il y a toujours comme cette impression qu'un monstre peut surgir de l'autre côté (c'est stupide, mais que voulez vous). Je l'ai dit à la psy, ça. Ça a dû lui apprendre quelque chose mais elle n'a fait aucune remarque. Ne pas avoir la responsabilité d'une autre vie, ça me soulage aussi. Et en même temps, ils me manquent déjà.

Je crois juste que, finalement, je ne suis pas assez bien avec moi-même pour vivre avec quelqu'un. Les chats, j'avais anticipé le budget, anticipé les dégradations, anticipé la litière, anticipé même le fait que je devais laisser les portes ouvertes tout en sachant que ça me poserait problème. Mais je n'avais pas anticipé le sommeil, ni le fait que leur présence allait être pour moi comme la présence d'autres personnes. Difficile de se ressourcer dans sa solitude quand on considère les chats comme de vrais individus.

La psy m'a fait remarquer que tout est lié, en fait. Savoir être fier de soi permet l'estime de soi qui permet d'avoir confiance en soi ; avoir confiance en soi permet d'être spontané et donc de ne plus avoir à se reposer sur des maniaqueries ou des rigidités. Et donc tant que ma boucle est pas réglée, je ne peux pas être bien avec moi et tant que je peux pas être bien avec moi, je ne peux être bien avec personne.

Juste personne.

jeudi 21 avril 2022

Journal d'écriture, Roman 2, n°6

Source – Monstera
C'est fini ! Correction orthographique achevée hier, avec un jour et demi de retard sur le programme (que je vais rattraper en faisant ma relecture de Roman 1 en diagonale, juste pour identifier les passages que je dois corriger ensuite pour régler mon problème de point de vue – je pense que je vais prendre le parti de corriger le problème de point de vue sur les scènes d'action, et laisser les "sauts" aux scènes plus lentes). J'attendais de ressentir de la fierté, comme le premier, mais il s'est rien passé. Je crois que c'est parce que je suis épuisée. Les chats sont très gentils, même la nuit, mais je n'arrive pas à dormir, du coup, en faisant la relecture de ce roman, j'ai dû m'accrocher, et je trouvais ça trop nul, raté… juste mauvais. Pas comme une histoire que je pouvais améliorer, mais plus comme une histoire que je n'aime pas. Quand je suis fatiguée je vois tout en noir, de toute façon…

Maintenant, je dois écrire mon synopsis, le résumé complet pour les maisons d'édition. J'ai déjà une première bouture, une bêta-lectrice va me filer un coup de main, une amie qui n'a pas lu le roman, et deux autrices du forum dont je suis membre (j'ai déjà un retour super utile, qui va me demander de plus me concentrer sur mon héroïne et ses sentiments (les sentiments, c'est compliqué, c'est ce qui est ressorti de mon rendez-vous chez la psy…)).

Ensuite j'enverrai aux maisons d'édition. Je pense que je ne vais pas fonctionner par vagues comme la première fois. Normalement, c'est conseillé : d'abord les grosses maisons d'édition ou les préférées, puis les moins voulues quelques mois plus tard, et enfin les petites. Sauf qu'on sait que de toute façon généralement les réponses positives arrivent en trois ou quatre mois, alors autant envoyer d'un coup à toutes les maisons d'édition qui ont ouvert leurs soumissions. Et puis, sur le forum, on s'est amusé à faire des petits calculs, et, en passant par les soumissions, on a environ 1% de chance d'être édité. Donc perdu pour perdu… De toute façon mon roman est considéré comme une brique (160 000 mots), le point de départ est un cliché (personnage amnésique), et l'héroïne est une Mary Sue. Donc là je pense que je coche toutes les cases pour pas entrer dans le pourcent sélectionné x) Je le sais mais ça m'empêche pas d'espérer haha ! Et le savoir m'empêchera pas d'écrire Roman 3.

Mais avant d'écrire Roman 3 je dois relire et corriger Roman-presque-3, un petit roman que j'ai écrit cet hiver et début de printemps. J'aimerais pouvoir le soumettre lui aussi. En plus, comme il est plus petit et qu'il coûte donc moins cher à produire, j'ai plus de probabilités de pouvoir le placer. Bref.

J'ai donc fini Roman 2 !

Comment avancent vos projets ?

samedi 9 avril 2022

Être devant

Source – Jonas Kakaroto
Aujourd'hui je suis allée à une formation sur les contes. C'était plutôt perturbant, parce que ça rentre en conflit avec tout ce que je suis : conter, c'est prendre sa place dans l'espace, dire au public "je vais vous raconter une histoire, c'est moi qui prends la parole, j'ai quelque chose à partager" ; c'est aussi être spontané, maîtriser son ton… Et moi je ne suis rien de tout ça.

Je suis tout sauf spontanée, pour commencer. Même si je me suis améliorée au téléphone, il y a quelques années encore, avant d'appuyer sur "appeler", je réfléchissais à ce que j'allais dire, j'anticipais la réponse de la personne, ma réponse, et sa réponse encore. Bien sûr, si ça ne se passait pas comme prévu, que je tombais sur le répondeur, j'étais un peu perdu (et donc j'ai commencé à appeler en sachant déjà ce que j'allais dire sur le répondeur). Maintenant, pour les conversations simples, ça va à peu près. Mais je suis toujours perturbée quand on sort du script général que j'avais imaginé ou attendu, et au final je raccroche tout sourire et toute gentille alors que j'aurais eu quelque chose à dire. Dans le même genre, quand j'ai un truc à dire à mon chef, une annonce, ou quoi que ce soit du genre, je théâtralise beaucoup dans le sens où je répète dans ma tête la manière dont je vais m'y prendre, je me mets dans la position d'un acteur qui répète, pour garder le contrôle (même si j'ai l'impression que c'est moins pire qu'il y a deux ans, quand j'ai écrit mon article là-dessus (ce qui est plutôt rassurant)). Je suis bien loin de l'esprit ample… Je suis beaucoup plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral. À l'écrit, j'ai le droit d'effacer, de raturer, et de recommencer. À l'oral, c'est dit ; c'est dit.

On a fait un exercice où je me suis retrouvée assise sur une chaise devant tout le monde (neuf personnes : loin d'être la fin du monde). Je ne saurais même plus vous dire ce qu'était l'exercice ou ce que j'ai dit. Mais je me souviens qu'à la fin, quand tout le monde est passé, le formateur a dit que ça, c'était pas facile. Que d'être devant, c'était pas facile. Et j'ai compris que c'était exactement ça, le problème.

C'est parce qu'être devant me pose problème que j'ai accéléré mon débit de parole, que j'ai fait un autre exercice un peu dans la précipitation, sans presque m'en apercevoir – moi je pensais être bien lente, comme il fallait – pour vite-vite éviter qu'on me regarde et d'être trop le centre de l'attention. Dans ma tête, je m'imagine conteuse, je sais que je peux raconter une histoire. Mais quand il faut la dire, pour de vrai et devant des vrais gens avec des oreilles, et pas devant un miroir, c'est tout de suite beaucoup plus dur.

À l'aïkido non plus, j'aime pas être devant. Parfois en fin de cours le prof nous fait "jiu waza" c'est-à-dire que, contre plusieurs adversaires qui passent chacun leur tour, on doit, sans s'arrêter (de préférence), faire les techniques qui nous passent par la tête. Sauf que tout le monde ne le fait pas en même temps : les débutants passent ensemble, puis les plus confirmés quand il y a assez de monde, mais dans tous les cas on fait des groupes. Dans ma ville actuelle, ça va encore parce qu'on est peu nombreux. Mais dans le club où j'étais il y a deux ans, avant le Covid, on pouvait être une dizaine. Une horreur ! Voilà que tout le monde va 1) me voir 2) voir que je suis nulle et que j'y arrive pas. Il doit y avoir la peur du jugement, derrière, quelque part…

C'est pour ça aussi que j'ai sauté un exercice de la formation ; celui où il fallait reconnaître et suivre le bruit de sa paire parmi les petits bruits des autres personnes. Ma paire m'a demandé si je voulais passer, j'ai dit non. Elle a eu la gentillesse et la bienveillance de pas me cafter quand le formateur a demandé si quelqu'un n'était pas passé (et les autres aussi, parce qu'elles devaient bien s'être rendues compte que j'étais pas passée). Je dois dire que je leur en suis reconnaissante. Je ne le sentais pas du tout. Être le centre de l'attention, et qu'en plus on me voit les yeux fermés… impossible. Et en plus, c'était tellement dur comme truc, j'étais sûre que j'allais foirer et comme toutes les autres avaient réussi, voilà les vieux complexes qui ressortent.

Être devant ça ne me dérange pas quand je suis assise au premier rang d'un amphi ou parmi les premiers rangs d'une salle de spectacle. Je préfère, même. Parce que c'est là, dans les premiers rangs, qu'on capte toute l'aura du prof ou du comédien, et c'est là que le spectacle est intéressant. Être perdu au fin fond d'un Zénith avec un comédien tooooouuuut petit qu'on est obligé de regarder sur un écran, ça n'a aucun intérêt, je ne comprends même pas qu'on puisse payer sa place pour ça… Autant regarder la télé.

Mais si c'est moi qui doit être sur la scène, oh lala…

Avant le Covid j'avais commencé des cours de théâtre. J'ai dû faire une ou deux séances et finalement ne pas prendre mon abonnement aux cours de la MJC puisque, si je me souviens bien, on nous annonçait plus ou moins un confinement. Mais le prof était super cool, le groupe était sympa, et j'aurais vraiment aimé continuer.

La deuxième partie de la formation est dans deux semaines. Il faut au moins ça pour me remettre ! J'irai, mais ensuite il me faudra une loooongue pause pour tout digérer !