jeudi 31 décembre 2020

Corriger son roman

Source – Ksenia Chernaya

Comme promis, je vous fait un article spécial sur la méthode, pour ne pas mélanger avec les journaux d'écriture et que ce soit plus facile à lire (ou à ne pas lire ! :P).

Avant de commencer, je dois dire que je ne prétends absolument pas vous mettre entre les pattes une énième méthode infaillible ou même vous donner des conseils de trucs qui marchent : je pense que "les trucs qui marchent" n'existent pas ; en revanche "les trucs qui marchent pour vous", oui. Ma seule prétention, c'est de vous expliquer comment j'ai décidé de m'y prendre pour corriger mon premier roman, pourquoi j'ai décidé de faire comme ça, en quoi ça répond à mes besoins et mes inquiétudes et réduit le stress quand je corrige :) C'est tout ! :) L'idée, c'est que l'on puisse échanger, partager, discuter, que vous piochiez ce qui vous intéresse s'il y a une chose qui vous intéresse, que vous me disiez comment vous vous y prenez si vous-mêmes vous écrivez, et voilà :) Aucun remède miracle ! Je pense qu'une bonne méthode est personnelle, évolutive, et née de l'expérience et d'une bonne connaissance de soi !

Principe numéro un : et si je me rate ?

Ben, si je me rate, c'est pas grave : j'ai la version précédente ! Mon grand principe de correction, c'est de travailler à chaque nouvelle phase sur une copie de la phase précédente. Ça me permet de pouvoir toujours répondre à la question "attends... comment c'était avant, déjà ?" et comme ça j'ai un peu moins peur de corriger en pire. Je me dis que si finalement à la fin je n'aime pas une correction, j'aurais accès à mes versions précédentes pour prendre une décision. Du coup, je peux tailler dans les phrases et accepter plus facilement d'enlever des tournures que j'aime bien mais qui finalement n'apportent rien, etc. puisqu'elles ne sont pas perdues. Actuellement dans mon ordinateur j'ai donc deux V1, deux V2, et j'aurais une V3 quand je travaillerai sur les retours de mes bêta-lecteurs (je pense que je ferais un article dédié à ce moment-là).

La première V1 est mon premier jet, tel que je l'ai terminé avant de faire une pause pour laisser décanter. La seconde V1 est une version corrigée à la volée durant ma première relecture, avec dans la marge les codes de corrections (j'y reviendrai). La première V2 est la version où j'ai corrigé les erreurs pointées à la première relecture, et la seconde V2 est ma relecture finale avant envoi en bêta-lecture, pour à la fois prêter attention à la formule, et à la fois vérifier que mes corrections précédentes, faites dans le désordre, tiennent la route et n'ont pas l'air d'un rafistolage malheureux !

Dans une clef USB j'ai aussi une sauvegarde de mon premier jet et de ma première V2 (on n'est jamais trop prudent).

Cette manière de faire une copie du fichier à chaque nouvelle séquence me permet aussi de savoir combien de temps je passe sur chaque partie. Par exemple, je sais que j'ai passé à peu près 160 heures à écrire mon premier jet, et à peu près 40 à le relire en attribuant des codes de correction.

Comment est-ce que je m'organise ?

J'ai choisi une méthode hybride entre ordinateur et papier. C'est ce qui me convient le mieux. Je suis vraiment très, très papier et je n'utilise pas du tout les logiciels d'aide à l'organisation d'écriture ! Mes fiches de personnages quand j'en ai sont sur papier, ma frise chronologique, mes cartes, plans, schémas en tout genre sont sur papier, l'écoulement des jours est sur papier, mes listes de prénoms et autres "ressources générales", mes croquis de vêtements... tout ça, c'est sur papier ! Du coup, travailler mes corrections entièrement sur ordinateur est absolument impossible pour moi : j'ai besoin de passer dans le concret, avec un stylo et des feutres pour m'aider à réfléchir.

Des codes de correction

Voilà comment ça se passe : pendant ma première relecture, j'ai corrigé à la volée les coquilles et autres atrocités que je trouvais (les fautes, les tournures vraiment trop moches que je savais comment améliorer, etc.) et j'ai noté toutes les autres (incohérences, tournures vraiment nulles mais pour lesquelles je n'arrivais pas à réfléchir, etc.) avec des codes que je reportais ensuite dans un cahier. J'ai attribué une couleur à chaque code. À côté du code je mettais l'explication du problème, comme par exemple telle tournure incompréhensible, ou telle incohérence, ou une maladresse, un non-sens, une interrogation, une précision à apporter, etc.

Mes codes sont les suivants :
• GEN : général (c'est tout ce qui concerne toute la longueur du roman ou les choses que je savais devoir corriger alors que je n'avais pas encore fini d'écrire)
• DLG : dialogue
• MLD : mal dit
• DSP : description
• PSO : personnage
• RTM : rythme
• UNR : univers
• TYP : typographie (c'est un peu superficiel mais je me suis rendue compte que je n'avais pas mis les majuscules aux mêmes endroits partout donc je l'ai noté pour être sûre de m'en souvenir)
• COH : cohérence
• CNS : construction (qui peut aller de l'articulation entre deux paragraphes, au déroulement de toute une séquence).

En relisant mon premier jet, si je voyais un problème sur un personnage, j'utilisais la fonction des commentaires dans mon logiciel d'écriture, je surlignais le passage, je mettais "PSO003" par exemple, et je reportais mon code sur mon cahier avec la correction à faire.

Outre le fait que j'ai besoin du papier pour réfléchir, ça me permet d'avoir un suivi des corrections dans le sens où parfois, en reprenant mes indications, je n'étais plus d'accord avec moi-même. J'aime bien aussi faire comme ça parce que bien sûr je pourrais détailler la correction à faire dans la case du commentaire sur le document directement, mais parfois mes commentaires étaient assez longs, les problèmes assez rapprochés, et donc tout se serait chevauché et je me serais retrouvé avec une boîte de commentaire en fin de page alors que la correction à faire était au début, ce que je trouve vraiment relou, du coup passer par le papier permet de régler ça.

Passer par le papier avec des codes couleur me permet aussi de voir d'un coup d'œil les problèmes d'un chapitre. Par exemple j'avais des chapitres avec que du bleu (problème de forme) ou des oranges (problème de fond). Je pouvais choisir plus facilement ce que j'allais corriger en priorité. D'autant que je n'ai pas repris mon manuscrit dans l'ordre.

Corriger dans le désordre

Au début, j'avais pensé balayer le texte en gérant d'abord le fond, puis une seconde fois pour la forme. Finalement j'ai réalisé que ça allait vite me gaver, donc j'ai corrigé chapitre par chapitre, le fond puis la forme. Outre mon bien-être à corriger (le plus important !), l'autre avantage que ça permet c'est que j'ai pu corriger mon roman dans le désordre. Du coup, je ne m'intéressais vraiment qu'aux choses que j'avais relevées, et pas à savoir si l'histoire se découlait bien, patati et patata (ce que j'avais déjà fait à ma première relecture en posant le diagnostique, donc autant ne pas se remplir le cerveau avec des trucs déjà réglés). Je pense que si j'avais corrigé dans l'ordre j'aurais été influencée par le déroulement de l'histoire que je connais. Pouvoir corriger un chapitre de fin, puis enchaîner par un chapitre de début, permet de prendre plus de recul, je pense.

C'est un peu anecdotique mais je le case quand même : j'avais fait sur mon cahier des cases représentant chacune un chapitre, que je cochais quand j'avais terminé, pour visualiser mon avancée et aussi ne pas chercher pendant des plombes les chapitres non-corrigés isolés au milieu de plein de notes et de gribouillis en vert x)

Actuellement, j'ai commencé ma dernière relecture avant appel aux bêta-lecteurs. Cette fois, je corrige tout ce que je trouve directement et je lis dans l'ordre.

Je pense que l'on ne peut pas (en tout cas c'est mon cas) courir à la fois derrière un diagnostique pour vérifier que tout se tient et avoir une idée de la tête générale du texte, et à la fois derrière la jolie formule. À ma première relecture, j'ai eu souvent beaucoup de mal à trouver des solutions aux problèmes que je pointais, alors que maintenant que je porte mon attention complète sur la forme, j'en trouve même d'autres !

Pour cette seconde relecture, j'ai aussi décidé de la faire à voix haute. J'ai piqué l'astuce à une autrice dont j'avais lu l'interview quand j'étais adolescente (incapable de vous dire qui c'est, malheureusement !) et je trouve que qu'elle fonctionne bien pour moi. Je trouve que je déniche mieux les problèmes de rythme, ou les lourdeurs, bref : tout ce qui concerne le style :)

J'avance assez lentement puisque je tourne à cinq pages par heure... mais je préfère avancer lentement que me précipiter.

J'ai aussi décidé de changer de routine. Pour l'écriture du premier jet, ma première relecture et ma première phase de corrections, je travaillais dès le réveil. En parallèle, je me suis lancée dans un projet pas sérieux juste pour le fun que j'avançais en fin d'après-midi et jusqu'en soirée. J'ai trouvé que je tournais plutôt pas mal à ces heures-là, et que la lumière me mettait dans de bonnes dispositions, donc j'ai décidé de tester une correction du roman plutôt en fin d'après-midi. C'est un vrai crash test parce que je suis plutôt du matin en général, donc on verra ce que ça donne !


Voilà ! :)
De votre côté, comment organisez-vous vos corrections ?

mardi 29 décembre 2020

Journal d'écriture, mois 10

Source – cottonbro

Quand j'ai recompté pour savoir quel nombre de mois je devais mettre dans le titre (oui, j'ai compté avec mes doigts, comme les enfants :'P) et que je me suis rendue compte que ça fait presque un an que je travaille sur ce premier roman, j'ai trouvé que le temps avait passé bien vite ! La dernière fois je vous avais laissé sur la fin de l'écriture de mon premier jet. Ce mois-ci, après une pause pour laisser décanter, j'ai repris mon texte et j'ai terminé la première phase de corrections ! Comme ma méthode pour corriger ne va pas intéresser tout le monde, j'ai décidé de vous faire un article spécial que les personnes non-intéressées pourront simplement ne pas lire, et me concentrer ici sur mes ressentis, comme dans tous les autres journaux d'écriture précédents :)

Au début, j'ai un tout petit peu déchantée parce que je pensais pouvoir relire une quarantaine de pages par jour et finir donc ma relecture et mon diagnostique des corrections à faire en une semaine. Haha ! c'te bonne blague ! Pas du tout. Je tournais à cinq pages par heure, autant dire que ma cadence de travail s'est stabilisé à quinze pages par jour, soit trois heures tous les matins. J'ai donc été plus lente que ma première estimation. Je me suis aussi accordée une pause de trois jours pour lire Les Gardiens de Ji qui me draguaient depuis ma table de nuit depuis des jours ! Mais au final, je ne suis pas trop mécontente de mon rythme et surtout du fait que j'ai réussi à me discipliner pour tenir !

Une chose qui me faisait peur c'était de ne pas apprécier ce moment de corrections, qui est redouté par beaucoup d'auteurs dont je lis les témoignages ici et là. Finalement, j'ai bien apprécié me relire, trouver mes tics de langage, etc. J'avais aussi très peur de me rendre compte que toute cette histoire est toute pourrie, ou pas bien écrite (même si le premier jet n'est que rarement parfait) et de me dire qu'il n'y avait plus rien à faire et d'abandonner. Bon, au final c'est surtout que c'est très, très hétérogène. Il y a des passages qui n'ont quasiment pas besoin de correction, et d'autres (que j'ai bien galéré à écrire) qui frôlent la catastrophe. Mais en fin de compte je suis assez contente de mon histoire, je pense que mon scénario n'est pas mauvais ; j'ai surtout très peu qu'une mauvaise écriture le desserve.

Je suis tombée sur bien trois ou quatre phrases qui n'avaient pas de fin et ne voulait rien dire... Et même sur une phrase qui n'avait tellement pas de sens que j'ai été incapable de retrouver ce que j'avais voulu dire ! x) Maintenant ça me fait bien rire, je me demande ce qui me passait par la tête, mais sur le coup ça m'a grave énervée ! x)

J'ai aussi remarqué que mes problèmes de cohérence étaient plus nombreux vers la fin, ce qui est somme toute assez normal puisque le plus dur ce n'est pas de jeter les lignes à la mer, c'est de les remonter dans le bon ordre et avec le bon rythme ! D'ailleurs, le rythme est je pense mon problème principal – ce qui est vraiment pas de pot quand on sait que le scénario en lui-même n'est pas la grande aventure avec plein de rebondissements, du coup si le rythme qui porte cette histoire pas très énergique n'est pas le bon, ça risque encore plus de tout ficher par terre. Mais d'un autre côté vouloir faire un rythme nerveux pour une histoire qui ne l'est pas ne fera que des dégâts. Je pense que le plus gros danger pour moi pour la suite c'est de corriger des trucs qui n'ont pas besoin de l'être, de me mettre la pression parce que les nombreux auteurs que j'ai lu pendant ma boulimie livresque sont excellents et que je dois faire pareil ! Sauf que : chacun son style, chacun ses mots, et chacun sa manière de travailler. Si je corrige trop, je vais perdre en spontanéité et en naturel. Pareil si je corrige en me rapprochant trop du style d'Untel ou d'Untel. Je pense que je vais devoir me concentrer à faire le tri entre les corrections que je veux faire "pour faire bien" et celles qu'il faut que je fasse "pour le bien du roman".

Malgré tous ces problèmes et ces quelques doutes, mon moral, ma motivation et mon optimisme sont toujours assez élevés, ce qui est un petit miracle quand on sait que je suis plutôt pessimiste de nature ! Je pense bien que ce roman, et l'écriture en général, doit être la seule chose pour laquelle je me sens compétente (c'est vous dire si la chute sera rude au moment de l'échec).

D'ailleurs, j'ai très peur de la réaction de mes bêta-lecteurs. J'en ai quatre, plus une amie qui va lire par curiosité et me donner un avis général ; et les deux à qui j'ai pitché l'histoire de manière un peu complète avaient l'air super emballées ; du coup elles ont forcément une idée de ce que ça peut donner, et j'ai peur que ça termine mal... J'ai aussi pitché à un membre du forum d'écriture sur lequel je suis, qui m'a dit que ça avait l'air d'un truc avec un univers "bien gratiné", ce qui me fait très plaisir mais me terrorise parce que moi je n'ai pas l'impression que mon univers soit très gratiné... C'est quand même pas la grande aventure, les révélations tombent pas comme des coups de tonnerres, au contraire je dirais plus que ça "coule". Y a pas trop de moments d'action, non plus, j'ai l'impression. Du coup j'ai peur de ne pas avoir réussi à valoriser mon scénario. Ce qui me frustre vraiment parce que je sais que mes scenarii sont bons, je n'ai jamais douté de mes scenarii, mais il n'y a rien de pire qu'un livre avec une bonne histoire et pas de mots pour la raconter... Pour le moment j'essaye de ne pas trop y penser, après tout le manuscrit n'est pas encore prêt à être envoyé en bêta-lecture, donc on verra plus tard (politique de l'autruche, donc).

C'est l'ensemble de toutes ces terreurs et de ces doutes qui me fait hésiter à commencer le second roman par chevauchement. J'avais prévu de commencer à rédiger en janvier, mais je pense que finalement, comme c'est mon premier coup, je vais attendre de voir comment je me débrouille et d'avoir vraiment tout, tout fini pour commencer le second. Avec ces problèmes d'homogénéité entre le début et la fin, j'ai aussi décidé que j'essaierai de rédiger le premier jet de ce deuxième roman en trois mois au lieu de six, ce qui est largement faisable et me posera sans doute moins de problèmes au moment des corrections ! (ou alors plus parce que j'aurais écrit n'importe quoi...).

Actuellement, avant d'envoyer en bêta-lecture, il me reste une dernière relecture avec correction au fur et à mesure. Pendant ma première relecture, j'avais juste corrigé les trucs qui crevaient vraiment les yeux et pour lesquels je savais comment rectifier le tir ; j'ai juste annoté les autres pour les corriger plus tard. Là, j'ai fini ces corrections annotées. Le risque, c'est que comme j'ai butiné de correction en correction et malgré mes notes, je me retrouve avec un truc "rafistolé" plutôt qu'un bloc qui tient bien. Donc je vais relire une seconde fois, pour repasser et vérifier que tout se goupille comme il faut, faire aussi bien attention aux tournures, etc. (qui n'étaient pas ce que je cherchais en priorité lors de la première relecture). Ce qui va aussi me permettre de vérifier ces histoires d'homogénéité, parce que si ça se trouve j'affabule complet ! Mais comme il y a des expressions qui apparaissent et disparaissent... d'un autre côté c'est pas grave si j'utilise une expression qu'une seule fois dans le roman... je devrais être libre de faire ce que je veux ! Donc je suis pas mal tiraillée entre ce que je veux et mes présupposés sur "ce qui doit être".

Ce qui est assez ironique en un sens parce que quand je réponds aux questions d'autres auteurs en herbe sur les forums et autres réseaux je réponds souvent "fais ce que tu veux !". L'hôpital qui se fout de la charité, donc... (je savais que je n'aurais pas dû lire autant pendant ma phase de correction, c'était une très mauvaise idée !)

Donc j'ai peur que ce ne soit pas assez bien.
Mais d'un autre côté j'ai peur aussi que la partie de moi qui trouve ça bien, trouve ça bien parce que je connais l'histoire, je sais ce qu'elle doit être, et donc en fait je trouve bien mon intention, et pas ma manière de la réaliser. C'est le bourbier, cette histoire !

De votre côté, où en êtes-vous dans vos projets ?

samedi 19 décembre 2020

Vivre de son écriture

Source – Karolina Grabowska

Je n'avais pas vraiment prévu d'écrire cet article (un peu comme tout mes articles, d'ailleurs :P), mais c'est une question qui me taraude depuis quelques jours. En fait, je me rends surtout compte que j'ai beaucoup évolué sur ce sujet. J'ai presque carrément fait un revirement à 180°, d'ailleurs !

Il y a encore quelques années, quand j'étais au lycée je pense, pour moi ce n'était pas envisageable de vivre de mon écriture parce que je ne voulais pas avoir à faire que ça de mes journées, je ne m'imaginais pas que ce serait possible et j'avais un peu peur que ça ne me plaise pas, aussi, ou de ne pas avoir le temps de faire autre chose. Le message d'une autrice (je crois me souvenir que c'était Samantha Bailly mais je ne pourrais pas le jurer) me disant qu'elle s'était lancée dans des études pour le plaisir, etc. m'avait à peine convaincue. 

En fait, pour moi, écrire est un besoin et je ne me voyais pas être payée pour réaliser un besoin. Ce qui est très con parce qu'à côté de ça je veux aussi publier mes histoires même sans en faire mon métier et donc gagner de l'argent dessus, et donc gagner de l'argent sur un besoin. On n'est plus à une contradiction près...

L'autre jour j'ai reçu ma première newletter de Pierre Grimbert (qui pour une raison tout aussi inexplicable qu'irrationnelle m'a carrément mis la patate !) qui disait qu'il pouvait désormais consacrer plus de temps à l'écriture et écrire plusieurs heures d'affilées chaque jour. Et je me suis prise à me dire à moi-même "qu'est-ce que j'aimerais bien n'avoir que ça à faire de mes journées !". Vous imaginez ? Tous les matins je n'aurais qu'à me pencher sur mon ordi et écrire, écrire, écrire, écrire ; voir mes personnages se sortir des situations compliquées dans lesquelles ils se sont mises (ou plutôt dans lesquelles je les ai mises, les pauvres loupiots !). Je pourrais écrire des heures et des heures et c'est bien tout ce que l'on me demanderait : rester dans mes mondes imaginaires et leur faire prendre une certaine réalité. Le rêve !

Je ne sais pas d'où me vient soudain cette idée. Peut-être que c'est la newletter de Pierre Grimbert que j'ai trouvée inspirante quelque part au fond de moi. Peut-être que c'est le fait que j'écris beaucoup en ce moment. Je dois restreindre ma boulimie livresque parce que si je plonge dans un livre (le dernier intégral du Cycle de Ji de Pierre Grimbert, justement) je sens que je ne vais pas le lâcher, or c'est embêtant parce que j'ai quand même quelques petits trucs à faire. Alors je me restreins, jusqu'au moment où je me bloquerais trois jours pour lire en ne m'arrêtant que pour aller aux toilettes, manger, et dormir. Et pour compenser, j'écris. C'est aussi que je suis dans la correction de mon roman (je vous en reparle bientôt dans un journal d'écriture et un article spécial sur ma méthode de correction ;P) et du coup j'y accorde plusieurs heures par jour et ensuite le soir je trouve encore le moyen de penser au roman suivant de plus en plus sérieusement tout en écrivant une histoire juste comme ça pour le plaisir, au moment où je craignais de n'être plus capable d'avoir de nouvelles idées dignes de ce nom. Et en fait... j'adore ça ! En tout, je dois bien accorder six heures par jour à l'écriture (pas aujourd'hui, j'ai fait le ménage, j'ai même pas encore commencé à corriger mon roman !). Je profite de ne pas trouver de boulot pour y passer des heures. Je trouve ça hyper grisant ! Peut-être que c'est le fait de voir ce que ça fait de ne pouvoir passer ses journées qu'à ça qui m'a débloquée et me permet de dire que finalement non : je ne m'ennuierais jamais si je n'avais que ça à faire !

Sur le forum dont je suis membre, une membre a demandé combien d'heures par jour on passe à l'écriture. Je lui ai donc raconté mon parcours des dix derniers mois. Et j'ai réalisé que peut-être le fait de m'être lancé comme défi d'écrire tous les jours pour commencer et finir mon roman a déclenché chez moi tout ça. A tout débloqué. Parce qu'après l'écriture, j'ai lu et lu et lu durant des jours où je ne faisais que ça. Et maintenant j'écris. Ou je pense écriture. Ou je parle écriture sur mon blog alors que ce n'est même pas un blog auteur ! Même le fait de n'être jamais tombée amoureuse je tourne ça en question d'écriture : comment je peux écrire bien une romance si je ne sais même pas de quoi je parle ?

Pourtant, je pense qu'il n'est toujours pas raisonnable de penser vivre de mon écriture. Si ça arrive, tant mieux, j'en serais ravie. Mais c'est déjà tellement difficile d'être publiée, que d'en vivre !... C'est à peu près aussi réaliste que de d'envisager tout plaquer pour élever des ânes de rando en Dordogne ! Mais ça me fait plaisir de me prendre à rêver que ce soit possible. En fait, je ne connais qu'une seule autre chose que je pourrais faire à longueur de journée sans m'ennuyer : la radio !