vendredi 19 mars 2021

Mes 5 derniers livres lus (n°5)

Cette fois encore j'ai des choses assez différentes à vous proposer ! Je trouve ça important, d'ailleurs, que mes articles littéraires soient un peu variés :) J'ai pas mal entamé la pile de livres que j'avais achetée dans la bibliothèque pas loin de chez moi. Il m'en reste encore pas mal mais je pense que je ne les chroniquerais pas tous. Ça dépendra de mes envies ! :)

Psychanalyse des contes de fées – Bruno Bettelheim

Qu'est-ce qu'un conte?
Bruno Bettelheim, pédopsychiatre, y voit un rite de passage entre l'univers de l'enfance et le monde des parents. L'intérêt que les enfants portent à ces récits, les affects qu'ils éprouvent à leur lecture, prouvent que ces histoires sont pour eux affaire sérieuse. Le conte aide les enfants à donner du sens à leur vie : il formule à sa façon ce qui, du monde des adultes, leur échappe et les intrigue. La simplicité des situations et des personnages (bon/méchant, enfant/parent, héros/ennemi...) offre à l'imaginaire infantile des repères faciles pour reproduire, à quelques simplifications près, des pensées ou des sentiments qui ont été réprimés dans la vie réelle. Bettelheim retrouve dans le matériel des contes de fées les grands thèmes analytiques : "Les trois petits cochons" mettent en scène l'opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité ; Blanche-Neige se rattache aux conflits œdipiens ; La Gardienne d'oies, rapporté à l'interdit de l'inceste, indique la voie vers l'autonomie, etc. Des analyses qui vous feront relire autrement les contes de votre enfance !

Avant de commencer il faut dire que c'est un livre de psychanalyse que Bruno Bettelheim a conçu pour les éducateurs et les parents. Autrement dit il n'y a pas trop de termes techniques et on comprend fort bien le propos, ce qui me paraît important de souligner !

Bruno Bettelheim aborde de nombreux motifs au travers de contes les plus connus pour nous permettre de comprendre en quoi raconter ou lire des contes aux enfants est absolument fondamental ; pour nous marteler que le fait que ça ne colle pas à la réalité du monde n'a aucune importance pourvu que ça colle à la réalité de la vie psychique des individus ; pour nous apprendre pourquoi le thème de la princesse en détresse ou de la méchante sorcière jalouse sont des motifs très importants pour régler les problèmes œdipiens ; et que le fait que les personnages soient des filles ou des garçons n'a aucune importance : l'enfant s'en fiche absolument et s'identifie aussi bien à l'un qu'à l'autre : ainsi un petit garçon de cinq ans qui avait trouvé beaucoup de réconfort avec Raiponce ; ou encore pourquoi un conte de tradition orale apporte toutes les réponses aux enfants, ce qu'un Disney ne fait pas, et un conte illustré fait moins.

Plus je lisais ce livre, et plus je me disais que c'est un livre à mettre entre absolument toutes les mains. J'ai appris beaucoup sur les contes, bien sûr ; sur les enfants ; et aussi sur moi-même (par exemple, je pense avoir compris ma fascination pour les dragons, peut-être que j'en ferais un article un de ces jours :P).

C'était un livre présent sur ma liste depuis longtemps et que je croisais en rayons à l'occasion. Du coup, quand je l'ai vu tout en haut d'une étagère lors de la vente de livres de la bibliothèque, je l'ai pris direct sous mon bras en m'exclamant "pour plus tard !". Finalement, je l'ai lu presque tout de suite. J'ai appris vraiment beaucoup de choses et comme je le disais dans un article, je pense que c'était un signe...

Cinq semaines en ballon – Jules Verne

« J’ai écrit Cinq semaines en ballon non pas comme une histoire de ballons, mais de l’Afrique. La géographie et le voyage m’ont toujours fasciné », témoigne Jules Verne. Dans cette extraordinaire aventure, parue en 1863, trois hommes – un savant, un chasseur et un serviteur – explorent le cœur de l’Afrique. Ils y découvrent un désert mortifère, des tribus cannibales et l’emblématique source du Nil, dont ils devancent de quelques semaines la découverte réelle. Appuyé sur une connaissance approfondie des explorations contemporaines, Verne se projette, par la fiction, dans cette dernière grande terre vierge du globe. Son roman foisonne de dialogues comiques, d’épisodes époustouflants, de scènes dramatiques et de débats sur l’altérité. Mais le véritable héros du roman est le ballon lui-même, dont nous suivons les aventures, en craignant pour sa vie. Le résultat est la parfaite synthèse du réalisme et de la fantaisie.

Une mouche m'a piquée. Je me suis levée un matin en me disant "je veux lire du Jules Verne !". Enfant, j'avais Le Tour du monde en 80 jours, que j'ai redécouvert il y a trois, quatre ans quand, chez un antiquaire, j'ai mis la main sur un exemplaire de 1983 rangé à côté d'un Michel Strogroff de la même année. Je les ai pris tous les deux et je les ai adorés. J'aurais trouvé ça sympa d'avoir toute la collection dans la même année, mais mes périgrinations sur Leboncoin ne me l'ont pas permis. Au lieu de ça, j'en ai déniché cinq de l'édition de 1968.

Dans Cinq semaines en ballon, on survole l'Afrique, ses déserts, ses forêts, ses plaines... on découvre ses animaux... Les rebondissements ne se bousculent pas mais c'est bien tout l'intérêt : on n'a pas le temps de voir les paysages si on doit à tout bout de champ échapper à des méchants héhé :P

Je pense que certaines personnes pourront être choquées du traitement qui est fait des Noirs. Personnellement, la première surprise passée ("ah mais oui ! à l'époque...!") j'ai trouvé au contraire que c'était bien fait, car les personnages de Joe et Fergusson, par exemple, n'ont pas le même avis, et Fergusson a ce regard raisonnable et sage, j'ai trouvé.

J'ai aussi adoré les gravures ! Il y en a quelques unes que j'aimerais bien afficher dans mon salon...! :)

Lud-en-Brume
– Hope Mirrless

Aux frontières de la Faërie, Lud-en-Brume est une cité prospère et paisible. Mais les secrets hérités du royaume voisin ne sauraient rester indéfiniment dans l'ombre. Les fruits féeriques, drogue nocive et bannie de la société luddite, circulent dans la région. Ranulph semble en être victime, et son père, le Maire Nathaniel Chantecler, qui faisait jusqu'à maintenant régner la Loi d'une poigne molle et tranquille, se doit bientôt de faire l'impensable pour sauver son fils et sa cité. Mais heureusement pour Lud-en-Brume, Nathaniel est doté d'un esprit des plus pragmatiques... et d'une tête dans la lune.

C'est encore un livre que j'ai déniché lors de la vente de la bibliothèque et franchement je ne suis pas déçue ! J'avais découvert les éditions quand je cherchais celles auxquelles je pourrais envoyer mon roman, mais comme ils ne publient que des vieux romans oubliés, j'avais passé mon chemin et, comme ce n'était pas l'objet de mes explorations numériques, je n'avais pas plus regardé que ça leurs romans. Du coup, avoir mis la main sur celui-là "par hasard" (je ne crois pas au hasard) tombait plutôt bien !

J'ai adoré ! C'est un roman décrit comme étrange et, étrange, il l'est indubitablement ! Souvent, surtout au début, je me demandais si ce que le narrateur décrivait était réel ou s'il y avait une astuce. L'atmosphère m'a un peu fait penser (en moins prononcé) à celle de L'Autre ville de Michal Ajvaz (un roman bien barré avec des phrases alambiquées interminables et une atmosphère très particulière où on se demande toujours si l'on n'est pas dans un rêve). Hope Mirrless décrit notamment un lever de soleil et tout à coup il paraît être un phénomène nouveau et surnaturel. Quand j'ai réalisé que c'était un lever de soleil je me suis dit "merde..." haha :P

C'est une sorte d'enquête qui se déroule sur deux plans : les fruits féeriques introduits dans la ville, reliés à un crime datant de plusieurs décennies plus tôt et que Nathaniel va devoir résoudre. Je pense que c'est un livre sur la peur de la Mort, en tout cas c'est comme ça que je l'ai compris.

Je crois qu'il y a des choses que je n'ai pas bien saisies, surtout au dénouement. Mais cette incertitude, me plaît bien, en fait. Je pense que c'est le genre de livre qui se relit. Une fois que l'on sait la fin, on le reprend et on prend plaisir à s'attacher aux détails et à voir comment tout tombe parfaitement ; et comme on connaît la fin, on ne cherche plus et on se laisse porter par la plume. J'avais à peine refermé ce livre que je me suis dit que c'est un livre qui se relit.

J'ai aussi beaucoup aimé les illustrations ! Elles ne ressemblaient pas du tout à l'image que je me faisais de cet univers mais elles ne les ont pas non plus "polluées" dans le sens où même avec les images sous les yeux je pouvais avoir les miennes dans ma tête. Et bien que je sois une grande fille, j'aime les livres avec des images huhuhu :P

En tout cas, d'autres livres sortis des tréfonds par les éditions Callidor me font bien de l'œil !

Contes kabyles
, Tome II, Le Monstrueux – Leo Frobenius

Une mine pour les adeptes de mythologie comparée que ces récits convoquant ogres, cannibales, hydres géantes, sorcières, dragons, fantômes, revenants et autres animaux chimériques, au même titre d’ailleurs que différents animaux sauvages du monde naturel. Un imaginaire hors du commun pour des aventures haletantes et souvent violentes, mais toujours réjouissantes de verve et d’audace.

J'ai trouvé ce livre lors de la vente de la bibliothèque. Ils n'avaient ni le tome un, ni le tome trois. Je me suis donc contentée de celui-là, dans lequel évoluent ogres, hydres et lions.

Je dois dire que j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans. Peut-être à cause du choix du premier conte, avec de très nombreux personnages, qui se déroule sur plusieurs années... et justement l'enchaînement de ces années n'est pas très clair, je l'ai trouvé assez obscur. D'autres contes comportent parfois de petites incohérences qui nuisent à la compréhension.

Ensuite, j'ai eu beaucoup de mal à me faire à la narration. Parfois, on trouve des phrases qui font très "écrit" au milieu d'un paragraphe plus "conte" ou "oral". Je ne sais pas si c'est un problème au niveau de l'auteur ou du traducteur, mais j'ai trouvé la lecture difficile. Pas tant dans la construction de phrases trop alambiquées, mais davantage dans l'enchaînement. Parfois, on saute les actions comme souvent dans les contes ("ceci se reproduisit encore trois fois") et parfois on explique davantage. Mais on ne comprend jamais ce qui fait qu'ici ou là on a coupé. En fait je dirais que la narration manque de cohérence, mais je ne sais pas si ça a beaucoup de sens de dire ça pour une narration.

Il faut souligner aussi que les contes ont été recueillis sans doute en kabyle par un Allemand : il y a donc eu une première traduction/adaptation de l'oral à l'écrit. Ensuite, les textes allemands ont été traduits en français. Je me demande dans quelle mesure la double-traduction de ces contes leur a nuit.

Du coup, je ne sais pas trop ce qui ne m'a pas séduit dans ces contes. Est-ce que ce sont les aventures en elles-mêmes, ou une narration qui m'a empêchée d'entrer dedans ? J'ai trouvé par exemple que le dernier conte était sensiblement mieux écrit que le reste (c'est assez vrai pour les contes de la fin, d'ailleurs).

J'ai aussi été assez perturbée face aux fins. Il y a rarement une fin "ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours" ; c'est bête, mais ça m'a troublée (pauvre petit cœur fragile). Le méchant est puni et... c'est tout. Que font les personnages ensuite ? Où est le dénouement heureux qui permet de se dire que tous les problèmes du monde ont une solution ? Ça me donnait un peu une sensation d'inachevé.

Je pense aussi que dans une certaine mesure mes attentes n'ont pas été comblées. Quand sur la quatrième de couverture on te dit que ça vaut Les Mille et Une Nuits, forcément, tu t'attends à un truc extraordinaire qui t'explose à la figure. Et en fait... non. Peut-être qu'ici encore c'est une question de narration plus que de conte en lui-même, mais j'ai trouvé Les Mille et Une Nuits plus riches, avec des personnages hauts en couleur et complètement frapadingues ! Ce qui n'est pas vraiment le cas ici. Bien sûr, qui dit comparaison dit subjectivité, et Les Mille et Une Nuits m'ont tellement marquée que trouver aussi bien va être compliqué haha :P (C'est un peu comme si on me vendait un roman fantasy en me le ventant comme aussi bien qu'Ayesha d'Ange : celui qui me dit ça a intérêt d'avoir bien réfléchi !)

Mais même si dans l'ensemble je n'ai pas trop accrochée, il y a quand même deux contes dont j'ai marqué la page parce qu'ils m'ont bien plu ! Et un motif que je réemploierais bien dans un futur roman (très lointain à ce jour, haha :P).

Lucas et les Machines extraordinaires
– Lissa Evans

Lucas Hutin n’est pas content. Ses parents ont décidé de déménager sans lui demander son avis. Le voici errant dans les rues de Beeton, berceau de la famille paternelle. Au cours d’une promenade, il apprend l’existence de son grand-oncle Tony, un magicien disparu dans des circonstances mystérieuses, pendant la seconde guerre mondiale. Lucas retrouve également une tirelire que Tony avait remis à son père avant de disparaître. En la manipulant, il actionne un mécanisme et découvre un double fond, qui contient un message…

En allant sur le site des éditions pour chercher le résumé, je découvre que c'est un tome un. Bon, peut-être que j'irais lire le tome deux ! :)

C'est un petit livre Jeunesse que j'ai trouvé à la vente de la bibliothèque. L'histoire me paraissait bien sympa et je n'ai pas été déçue : on est entre l'enquête et la chasse au trésor ! Je n'ai pas toujours réussi à bien visualiser les choses (surtout vers la fin, avec le kiosque) mais c'est une histoire plutôt touchante, avec un projecteur allumé sur les complexes des personnages : notamment Lucas qui est très petit. On voit donc l'évolution de Lucas sur ce plan-là !

Le père de Lucas parle de manière assez vieillotte, ce qui permet l'introduction de plein de vocabulaire mis dans les caboches des jeunes lecteurs par l'intermédiaire de Lucas. Comme c'est un livre Jeunesse, ça me paraît pertinent de le relever ;)

Les personnages sont bien sympathique, c'est une petite lecture mignonne et agréable !


Voilà ! :)
Et vous ? Qu'avez-vous lu ces derniers temps ? Que lisez-vous actuellement ?

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ta façon de chroniquer les livres. Je me laisserais bien tenter par la psychanalyse des contes de fées et par le roman jeunesse. La couverture du Jules Verne est juste magnifique.

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    1. Merci beaucoup ! Je ne lis pas vraiment de blogs littéraire, donc je ne sais pas trop comment les autres chroniquent... j'essaye de me lancer de manière naturelle et authentique héhé :P
      Contente si tu as peut-être trouvé ton bonheur ! :)
      Oui, les couvertures des anciennes éditions sont vraiment très très jolies (même si pour le coup je préfère la couverture de l'édition 1983 à celle de 1968). Actuellement, ils sortent des reproductions de ces éditions, mais la qualité des couverture n'est vraiment pas au rendez-vous, je trouve, et ils sont vendus 10€, ce qui n'est pas cher, mais ce qui est 2 fois plus que le prix d'une ancienne édition sur Leboncoin... donc pour le plaisir d'un vieux livre de qualité, de l'odeur du papier, et le charme de l'ancien en plus à vraiment pas cher... ben je préfère chercher des anciennes éditions ! Surtout que pour le coup Jules Verne a été réédité tellement de fois en tellement d'exemplaires que les anciennes éditions ne sont pas très chères en comparaison d'autres livres !

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