Source – Vanil-Noir |
Il y a quelques temps je suis tombée sur la première ou la deuxième vidéo d'une série de quatre d'un monsieur dont je n'ai pas imprimé le nom mais qui a l'air assez connu dans le domaine du développement personnel. Il tenait une conférence devant ce qui semblait être des étudiants. Je ne l'ai pas trop aimé... dans son attitude, sa façon de parler, donc j'ai très vite arrêté de regarder cette fameuse vidéo, mais il y a quand même quelque chose qui m'a marquée.
Il a parlé du Dawn Wall, le mur le plus dur à grimper, et de deux mecs qui s'étaient mis dans la tête de l'escalader. Tout le monde disait qu'ils étaient fous. Ils l'ont fait quand même. Alors, comme chacun avait écrit sur une feuille de papier un plan A, l'objectif absolu, et un plan B, "au cas où", il a dit qu'on ne pouvait pas avoir de plan B ; et il a demandé à ce que les personnes présentes, celles qui avaient écrit, déchirent leur plan B et le jettent sur la scène. Pas de plan B. Pas de plan B, pour pouvoir se lancer dans le plan A avec la force du désespoir. Un rêve, et pas de plan B. Jusque-là, pourquoi pas. Mais il est allé plus loin.
Il a dit "il faut avoir un rêve". Je ne me souviens plus de la raison invoquée et elle n'importe pas. "Il faut avoir un rêve". Un Dawn Wall à soi. Un rêve, et pas de plan B. Quitte ou double. Ça passe ou ça casse. Et je ne suis pas d'accord avec ça.
Je n'ai pas de rêve. Il n'y a pas une chose que je voudrais faire. Un truc un peu absolu, un but qui me subjugue, un objectif qui écrase tous les autres. Je veux faire beaucoup de choses. Je veux réussir mon Master actuel pour pouvoir être compétente dans la communication et le journalisme. Mais je ne veux pas en faire mon métier. Je veux devenir préparateur mental et, si ces derniers temps le fait que je me sois concentrée sur la recherche d'un stage et d'une alternance pour l'année prochaine a fait que j'ai commencé à douter, le cours de psychologie du sport que je suis pour une unité d'enseignement facultative m'a confirmé que je trouve ça absolument fabuleux. Mais peut-être que je ne veux pas en faire mon métier ou mon seul métier. J'aimerais aussi devenir conteuse. J'aimerais aussi être bénévole sur des chantiers archéologiques pendant l'été. J'aimerais aussi publier des romans (je vous en reparlerais sans doute). J'aimerais aussi réaliser des films et des séries d'animation, même si ça suppose de rencontrer les bonnes personnes au bon moment étant donné que je ne sais absolument pas dessiner (ce qui peut s'arranger) et que je ne suis absolument pas compétente. J'aimerais aussi partir en voyage à pied, faire Compostelle par exemple. J'aimerais aussi apprendre le piano et pouvoir parler plusieurs langues. Etc., etc., etc.
Bien sûr, je ne peux pas tout faire à la fois. Je dois faire des choix. Si j'ai une alternance l'année prochaine, je ne pourrais pas faire le Diplôme Universitaire sur la performance mentale. Je ne peux pas à la fois mettre beaucoup d'énergie dans la recherche d'un stage et beaucoup d'énergie dans l'apprentissage des langues. Ce sont des choix, que je dois faire. Il y a des choses qui peuvent se chevaucher, je peux par exemple réaliser les podcasts dont j'ai l'idée en même temps que mes études. Mais tout à la fois ce n'est pas possible.
Ça me fait penser d'ailleurs à ce qu'à dit une amie. Je discutais avec une camarade qui me demandait si je ne voulais pas plutôt travailler cet été plutôt que de partir sur un chantier archéologique. Et je lui disais que je n'avais pas envie de travailler, que de toute façon je ne trouverais pas de travail (c'est vous dire si mon estime de moi sur ce sujet est très élevée), et que j'avais envie de me faire plaisir et d'aller sortir des châteaux de terre. Et cette amie qui était un peu plus loin est intervenue. Je ne me souviens pas de sa phrase exacte (c'est con, parce que je l'ai bien aimée) mais, en gros, elle disait qu'il suffisait juste de savoir ce qu'on veut et elle a pris un exemple. Elle a dit : il y a des personnes qui veulent voyager, une belle voiture et un bel appartement. Pour avoir tout ça il faut travailler beaucoup, et du coup tu n'as plus le temps de voyager. Et, même si tu as ta belle voiture et ton bel appartement, tu n'es pas heureux parce que tu n'as pas le temps de voyager. Eh bien voilà : je veux faire de l'archéologie cet été, même si du coup ça veut dire que je ne gagne pas d'argent pendant ce temps-là.
La chose que je voudrais faire qui s'apparente le plus à un rêve en ceci qu'elle me paraît inaccessible c'est la réalisation de films et de séries d'animations. Mais avec un peu de chance peut-être que je finirais par y arriver. Mais ce n'est pas un rêve dans le sens où je ne vais pas courir après, où je vais faire beaucoup de choses avant. Donc je ne sais pas si c'est un rêve ou pas. C'est un peu vaporeux, incertain, comme un rêve.
Mais je n'ai pas de rêve, pas de chose que je vais poursuivre jusqu'à en perdre le souffle. Et, dans le fond, je trouve ça con de dire qu'il "faut" un rêve. D'où il "faut" un rêve ? D'où il ne "faut" poursuivre qu'une seule chose, ne devenir qu'une seule chose ? Et une fois que votre rêve est accompli, on fait quoi ? On en trouve un autre, puis un autre ? Donc il y en a bien plusieurs, au final ? Moi, je n'ai pas de rêve, rien d'aussi puissant. Des objectifs, des envies, tout au plus. Je n'ai pas de rêve de la même manière que je n'ai pas de passion. Pour toutes les choses qui m'intéressent, le mot "passion" m'a toujours semblé trop fort. Peut-être parce que je me suis coupée de mes émotions.
S'il me "faut" avoir un rêve alors je dirais que mon rêve c'est de réaliser toutes les choses que je veux. C'est de devenir tout ce que je veux devenir. C'est un rêve qui n'appelle pas de plan B. C'est un vrai "tout ou rien". C'est surtout assez large pour ne pas constituer un empêchement. C'est un rêve sur-mesure ! :D
D'ailleurs, je me demande si c'est une bonne chose d'avoir un rêve que l'on poursuit plus que tout. Je me demande si ça ne ferme pas les yeux sur d'autres choses qui peuvent intéresser. Un peu comme quand on est sur l'autoroute et qu'on ne voit pas vraiment le paysage parce qu'on file à toute allure et qu'on ne regarde que la route vers notre destination ; alors qu'à dos d'âne sur un petit chemin de campagne on a tout le temps qu'on veut.
D'ailleurs, je me demande si c'est une bonne chose d'avoir un rêve que l'on poursuit plus que tout. Je me demande si ça ne ferme pas les yeux sur d'autres choses qui peuvent intéresser. Un peu comme quand on est sur l'autoroute et qu'on ne voit pas vraiment le paysage parce qu'on file à toute allure et qu'on ne regarde que la route vers notre destination ; alors qu'à dos d'âne sur un petit chemin de campagne on a tout le temps qu'on veut.