L'autre jour je suis tombée sur une publication sur Instagram de Mr. Skelly (le compte c'est 1924us et c'est tout en poésie et très chouette) qui demandait de résumer l'année 2025 en un mot. Et mon mot à moi c'est "décevante". Décevante parce que les étoiles avaient dit que ça devait être une année faste et vous savez on dit qu'il faut envoyer à l'univers de bonnes ondes pour qu'il nous le rende et qu'il faut être optimiste pour son karma, tout ça, que c'est pas en pensant que rien de bien va se passer que de bonnes choses vont se passer, qu'il faut y croire vraiment. Et j'y ai cru. Je me suis raccrochée aux prédictions des étoiles parce que ça me donnait quelque chose sur lequel appuyer un optimisme qui sinon m'aurait paru un peu… déplacé, un peu vain. Alors vraiment j'y ai cru. Et du coup, cette année me semble encore plus décevante. Au final, même quand j'y crois, il ne se passe rien.
Vous allez me dire que j'exagère, parce que quand même j'ai réussi à déménager dans la ville que je voulais et ça c'est quand même une sacrée victoire et c'est vrai. Quant au reste… j'ai une promesse de contrat d'édition mais pour le moment je n'ai rien signé alors d'ici à ce que l'éditrice change d'avis, tout est possible, ce ne serait quand même pas la première fois ; je n'aime pas mon travail ; j'ai perdu beaucoup d'argent dans une arnaque bancaire ; une de mes lapines est morte suite à sa stérilisation il y a quinze jours ; je ne trouve pas de nouveau travail et pire quand je crois avoir la chance de postuler sur le fil à une offre que je découvre tout juste la personne qui reçoit mon mail m'apprend qu'en fait sous l'avalanche de candidatures intéressantes les soumissions ont été fermées une semaine plus tôt. Quant à rencontrer l'amour (oui, parce que l'année faste c'était vraiment faste sur tous les plans) on n'en parle même pas : j'ai mal au genou (rendez-vous pour une écho le 2 février, je crois (je n'ai pas noté…)) donc je n'ai pas repris l'aïkido donc je n'ai rencontré personne. Au final j'ai tellement la poisse qu'en guise d'année faste les étoiles ont mis toute leur énergie à me faire déménager et qu'il ne restait plus de jus pour le reste.
En parlant d'amour ça me fait penser que je suis allée voir Zootopie 2 au cinéma (si vous ne l'avez pas fait, faites-le, il est super !) et la première fois la scène à la fin où Nick et Judy se disent ce qu'ils ont sur le cœur m'a rendue triste parce que moi je n'ai personne qui soit "la personne la plus importante de ma vie", personne dont je sois vraiment proche, en fait, ce serait même plutôt tout le contraire : à chaque fois je crois être proche de quelqu'un, que je suis importante pour cette personne autant qu'elle l'est pour moi et à chaque fois je finis par découvrir que ce n'est pas le cas, que je ne suis pas la confidente, pas celle avec laquelle on parle, tout juste la bonne copine, on rigole un peu, on s'apprécie, on se parle de nos vies et puis c'est tout. On se parle de nos vies, parfois de sujets personnels un peu sensibles, mais pour ces personnes ça ne signifie rien et à la fin, du jour au lendemain, elles peuvent arrêter de me parler sans même ouvrir mes messages, sans que je comprenne le pourquoi du comment (je veux dire, OK, y a des gens vraiment occupés, mais ces personnes ont quand même du temps pour les gens qui leur importe donc elle a bon dos l'excuse du manque de temps, à un certain moment c'est juste que si on arrête de me parler on ne trouve pas de temps pour moi parce qu'il y a toujours mieux à faire, parce que je ne suis pas prioritaire, et dans le fond ce n'est pas grave mais est-ce qu'on pourrait avoir l'honnêteté de dire : "je ne souhaite pas parler avec toi" plutôt que "je n'ai pas le temps" ?).
Et en prévisualisant l'article je regarde le nombre d'articles publiés cette année, et l'année dernière, et l'année d'avant, et ça va en diminuant et me rappelle que j'abandonne ce blog alors que j'aime bien parler ici, et lire vos blogs, j'en ai perdu l'habitude, je ne sais plus quand j'ai basculé dans une faille temporelle. Pourtant les blogs sauveront l'humanité. Sans déconner. Sur les réseaux sociaux tout va vite : nombre de caractères limité, nombre de secondes dans une vidéo limité, il faut tout faire vite, allez à l'essentiel, on ne prend pas le temps d'écrire et on ne prend pas non plus le temps de lire, de chercher à se comprendre, se reconnaître, et il faut préserver ces espaces où on peut écrire des pages et des pages et des pages et où les lecteurs viennent se poser et prendre le temps de lire. J'ai hâte que les blogs redeviennent à la mode, que les gens se souviennent comme ça fait du bien aussi de juste se poser pour lire d'autres personnes, papoter tranquillement, prendre le temps de comprendre les vies des gens, leurs arguments, leurs positions et leurs valeurs et vraiment rencontrer au lieu de passer vite fait sur une publication rapide. Enfin bref. Je vais essayer d'écrire plus souvent ici. Je délaisse aussi mon cahier des émotions alors je dois avoir un problème avec l'écriture personnelle, en ce moment, le fait de m'écrire moi. Je ne sais pas pourquoi. Parce que c'est un peu vain, peut-être, parce que je ne vois pas bien qui ça pourrait intéresser dans un monde rapide et bancal, tout noir ou tout blanc, où quand tu prends le temps d'expliquer des gens arrivent encore à te répondre sur trois lignes qu'ils ont lu en diagonales (je fais référence à un vieux souvenir d'il y a quelques années, quand Twitter s'appelait encore Twitter, j'avais écrit un article sur je-ne-sais-plus-quoi, les relecteurs de romans qui traquent les discriminations et mauvaises représentations, je crois, et j'avais mis le lien sur Twitter : une personne a commencé à me répondre, tout en disant qu'elle n'avait pas lu l'article : eh bien, lis ma pensée de bout en bout avant de l'ouvrir, enfin… je ne sais pas. Bref.).
J'ai repris mes cachets mais un jour je les prends, un jour je les oublis, un jour j'y pense et un jour non… ce n'est pas trop la fête. J'ai du mal à être optimiste. Une amie m'a dit, quand je lui ai parlé de ce poste aux candidatures fermées plus tôt, que c'est simplement que je ne devais pas être là, que ce n'était pas le moment pour moi. Quand j'étais lycéenne, je me rassurais beaucoup avec ce genre de paroles. "Si je n'ai pas eu ce stage c'est qu'il y a mieux pour moi ailleurs.", "Je l'aurais la prochaine fois." etc. Aujourd'hui j'ai beaucoup de mal à accepter. Parce que ça fait presque quinze ans. Quinze ans que ma seule échappatoire pour me remonter le moral, c'est ça. "Ce n'était pas le bon moment, la prochaine sera la bonne." Sauf que la prochaine n'est jamais la bonne. Je quitte un boulot où je m'ennuie pour un autre boulot où je m'ennuie. J'essaye de rencontrer des gens et ça ne marche quand même pas. Je me doute bien qu'une partie du problème vient de moi, mais je n'ai pas trop identifié quoi, encore. Alors je me dis qu'il n'y a pas de place pour moi. Même dans une ville qui me plaît il n'y a pas de place pour moi. Même quand je rencontre des gens, que je me fais une bande de copines, au final ça explose et la réponse c'est : "il faut tourner la page". Ah bon. Comme ça. Comme si ça n'avait pas existé, en fait, comme si on n'avait jamais été copines ? Mais peut-être que ces filles n'ont jamais été mes copines, tout juste des "potes", des camarades et puis voilà, un cercle de circonstance et que personne ne s'illusionnait dedans. Sauf moi. Parce que je cherche une place, et qu'il n'y en a pas. Il n'y en a jamais. Ce n'est jamais mon tour de trouver la bonne opportunité professionnelle, jamais mon tour de gagner les concours d'écriture, jamais mon tour de rencontrer des gens qui deviennent des amis super proches…
Quand il y a eu cette scène, entre Nick et Judy, je me suis dit qu'en fait, ce que je recherche, ce n'est pas un amoureux, que l'amoureux c'est le symbole mais qu'en fait je recherche de la complicité. Quand tu devines ce que l'autre pense juste avec un regard, quand la personne peut dire de toi "elle me connaît bien" et vice-versa. Mais ça, ça marche pas dans les relations à distance parce que la complicité se tisse dans la proximité physique, aussi, dans le fait de faire des trucs ensemble, de partager des moments "bêtes" comme juste marcher en ville, aller boire un verre, etc. Alors j'ai des super amis que j'ai rencontré en ligne ou gardés de la fac, mais les messages à distance c'est différent. C'est un lien différent. Et au final je n'ai pas de personne "plus importante de ma vie" et je ne suis la personne la plus importante de personne, et je trouve ça un peu triste, à presque trente ans. Au collège y avait des gens qui se connaissaient depuis des années, au lycée, aussi ou bien qui ont été proches assez vite, et moi j'ai regardé tout ça passer… Alors c'est forcément un peu ma faute, avec mon sale caractère je ne suis quand même pas très engageante quand je râle et tout… mais j'aimerais bien des fois que quelqu'un puisse voir ce qu'il y a derrière aussi, et qu'il m'arrive de montrer aussi.
Je n'ai jamais fait de bilan de fin d'année parce que j'ai toujours vécu mes années en année scolaires de septembre à août et du coup j'ai toujours eu du mal à prendre l'unité "année civile" pour en tirer quelque chose. Cette année, parce que j'avais beaucoup d'attentes, je pense, et aussi parce que peut-être j'ai pris un nouveau travail alors que la rentrée scolaire était passée, je ne sais pas, mais surtout parce que ça devrait être une "année faste" alors j'ai été attentive, j'arrive à voir 2025, l'année civile, et je suis déçue. Je n'aurai pas dû m'attendre à quoi que ce soit, ça m'aurait permis d'être vraiment contente d'avoir déménagé et de me dire "une marche après l'autre, maintenant que je suis là je peux trouver autre chose" et ce genre de conneries, comme la meuf d'une publi Insta que j'ai vue avant de commencer l'article (mais je l'avais entendu ailleurs avant) qui disait : "tu as vécu une année dure mais tu es encore debout, tu as réussi à passer les difficultés" et blablabla c'est creux, vide, et sans intérêt. Ouais, je suis toujours debout dans ma médiocrité et dans mes échecs, enfin non, même pas des échecs, parce que "échec" ça suppose d'avoir essayé alors que moi, de toute façon, que j'essaye ou pas, que j'y crois ou pas, il ne se passera jamais rien. Je devrais probablement laisser tomber et accepter de juste traverser le truc comme ça sans chercher à changer ce qui ne me plaît pas, mais je n'y arrive pas, j'espère quand même, j'essaye quand même des trucs, de postuler, d'y croire, tout ça. Mais bon. Hein.
Donc 2025 était comme elle était, morne. Et 2026 sera probablement pareille. Comme toutes les prochaines années à venir. Je vais partir sur 2026 sans regarder l'astrologie, ça m'évitera d'avoir des attentes démesurées pour ma personne. Les filles comme moi n'ont pas "d'années fastes" où tout se passe bien et plein de trucs se débloquent. On va laisser ça aux gens cool. Je vais juste, pour 2026, essayer de me démerder comme je peux et de traverser le truc un peu comme ça et on verra où ça mène. Et je sais que franchement, y a pire dans la vie (sans même parler des guerres, etc.) et que c'est un peu déplacé de me plaindre, mais tant pis, c'est mon sentiment du moment… ça passera probablement à un moment où à un autre, ou plutôt ça va être un peu enterré par autre chose mais sous-jacent et puis voilà.
Vous avez des attentes en 2026, vous ?
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