samedi 8 août 2020

Trouver du travail

Source – Kaboompics
Bien que la perspective d'élever des ânes en Dordogne me mette en joie, ce n'est pas vraiment un projet que l'on pourrait qualifier de réaliste à l'heure actuelle et plus encore considérant le fait que je n'ai pas d'apport d'argent, donc la réponse de la banque va être rapide : jeune femme fauchée, tout juste diplômée, sans permis de conduire, sans qualification dans les animaux, sans emploi, se lance dans une entreprise pour laquelle elle n'a même pas encore de business plan : nous fait-elle une blague ? Donc il semble plus approprié de chercher un vrai travail, au moins pour le moment et ne serait-ce que parce que j'ai quand même un projet de Diplôme Universitaire sur le feu et qu'il va bien falloir le financer. Sauf que voilà, je suis jeune diplômée (enfin, techniquement, je le serai au début du mois prochain). Or, rien de nouveau sous le soleil : les jeunes diplômés galèrent grave à trouver du taf, encore plus dans le journalisme, encore plus quand la formation n'est pas agréée journalisme.

Heureusement que je ne cherche pas que dans le journalisme.

Je pense que le plus dur pour moi à entendre c'est le reproche du manque d'expérience. Parce que si personne ne veut m'en donner, de l'expérience, eh bien je n'en aurais jamais. Une radio associative a rejeté ma candidature en partie parce que je ne venais pas de la région, et en partie parce que j'ai plus un profil de journaliste que d'animatrice. Certes. Mais enfin c'est le genre de métier que l'on peut apprendre sur le tas, à mon humble avis, et auquel d'ailleurs les écoles ne préparent pas aux réalités du terrain. Ça vaut aussi pour les écoles de cinéma et les formations de l'audiovisuel : tu apprends à tenir une caméra, à monter, mais les bons réflexes à prendre sur le terrain pour concevoir de A à Z une vidéo, tu les acquiert, ben... sur le terrain, par l'expérience. En plus, je suis d'autant plus frustrée que j'ai prouvé dans mes différentes expériences, que je sais travailler et que je sais m'adapter, et donc je sais que je saurais bosser dans une radio si une radio m'en donnait l'opportunité. Mais je comprends aussi que les entreprises, surtout en ce moment, ne veuillent pas prendre de risques.

Une autre chose que la radio m'a dite et qui me perturbe, c'est qu'ils m'ont reprochée d'avoir été honnête en disant que je ne me souvenais pas avoir candidaté chez eux en Service Civique il y a trois ans (alors qu'eux se souvenaient apparemment très bien de moi). Je suis peut-être très bête, mais pour moi l'honnêteté est essentielle, surtout quand on parle à des gens qui sont nos futurs employeurs potentiels et donc avec qui on sera peut-être amené à travailler tous les jours. Je suis sans doute trop naïve, un peu candide et ahurie, mais c'est ma vision des choses. Je ne me voyais pas retomber sur mes pattes par une pirouette, d'ailleurs je n'y ai même pas songé une seule seconde. Leur remarque me perturbe parce qu'elle rentre en conflit frontal avec les choses en lesquelles je crois, mes valeurs profondes. D'ailleurs ça arrive assez souvent ces derniers jours et ça créée beaucoup d'anxiété.

J'attends actuellement la réponse d'un musée. Je veux ce poste. C'est dans un domaine qui ne rentre pas exactement dans mes attributions car je n'ai pas fait d'études dans l'accueil du public ou la médiation culturelle ; mais mes expériences m'ont permis d'acquérir les qualités qu'il faut, puis bon, j'ai quand même une Licence d'Histoire à laquelle je peux m'accrocher : je ne suis pas sans filets. Les responsables qui m'ont fait passer l'entretien m'ont paru vraiment sympa, et j'ai l'opportunité d'être formée en conservation préventive, ce que je trouve extraordinairement intéressant ! Je veux ce poste.

Mais la réponse se fait attendre parce que la direction est partie en vacances avant de la transmettre. Et je me retrouve à avoir peur que tout ce temps supplémentaire à leur réflexion ne leur fasse réaliser qu'ils feraient mieux de prendre quelqu'un qui a fait des études dans ces domaines, que ça serait le choix de la sécurité pour leur équipe, surtout si la prise de poste est finalement en octobre. Là aussi, ça rentre en conflit avec une grande croyance : que l'on peut toujours apprendre, apprendre dans plein de domaines différents, apprendre sur le tas, apprendre des autres sur le terrain, en transmission directe plutôt que dans un amphi à écouter un prof toute la journée (bien que je n'aie rien contre les profs puisque je souhaite reprendre des études).

En fait, je me rends compte que je cherche un travail qui ait du sens. Médiation culturelle dans un musée, au contact du public, des scolaires, etc., ça a du sens. Un poste dans une radio associative, à faire de l'éducation aux médias, ça a du sens. J'adorerais faire des ateliers avec des jeunes de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, ou en milieu carcéral, dans les quartiers populaires, etc.. Élever des ânes, faire des randos contées, faire découvrir une région, ça a du sens, aussi.

Ce qui est bien, dans ma recherche de travail, c'est que même si je suis jeune, à peine diplômée et sans expérience ; que je suis une femme et qu'on peut préférer un homme en supposant que bientôt j'aurais des enfants (ce qui n'est pas le cas) ; au final, il y a plein de choses qui m'intéressent. Je pourrais bosser dans le sport comme dans la culture, dans un Parc Natural régional comme dans les médias. Quoiqu'à la réflexion je me demande si ça ne brouille pas mon profil aux yeux des recruteurs. On m'a demandé si je n'avais pas peur de m'enfermer dans la culture après m'être enfermée dans le milieu de la Défense. J'ai répondu que je ne m'enfermais pas : au contraire je m'ouvre, je m'ouvre à une expertise multiple, riche, qui me permet d'avoir un regard large.

Je trouve que l'on ne nous apprend pas à faire ça. Quand on est au lycée, à la fac, on nous apprend seulement a poursuivre dans la voie où l'on se trouve. Par exemple, lors de mes deux années de formation en journalisme/communication on ne nous parle jamais des radios associatives. En Histoire, je ne me souviens pas avoir entendu parler de la conservation préventive (enfin, un petit peu lorsque nous avons visiter des archives). Au collège, je ne me souviens pas que les filières professionnelles aient été abordée. Toutes les possibilités restent très floues. Les conseillers d'orientations ne servent à rien. Au lycée, c'est la même chose, on ne nous parle pas de tout ce qui est possible, on n'élargit pas les voies en expliquant que, même si tel métier tape un peu à côté de telle formation, ça peut passer si par ailleurs on a telle compétence (acquise en association, par exemple). En fait, on ne nous apprend pas à "ratisser large". Je trouve que c'est dommage, car ça permettrait ensuite de faciliter la recherche d'emploi en permettant aux jeunes de savoir réfléchir à ce qui est possible ou non.

Comme j'ai un peu de mal à terminer cet article, j'abandonne, et je l'arrête comme ça.
Nah !

8 commentaires:

  1. Salut ! Je trouve ton article très touchant. Disons qu'il me parle! Je suis passée par là. Jeune diplômée, femme, dans un milieu pro plus que saturé. On m'a refusé plusieurs postes alors que j'étais en shortlist face à un psy homme. Oui dans le social "il n'y a trop de femmes et les hommes apaisent les équipes féminines". Ah. J'étais dégoutée.

    Puis on m'a proposé des postes sous payés, avec des missions que ne me parlaient pas plus que ça. Et j'ai eu le culot de refuser ces opportunités. 6 mois après l'obtension de mon diplôme (et une mononucléose au passage), j'ai décroché mon 1er poste via du bouche à oreille/du réseau. Il était passionnant ! Une fois le 1er poste trouvé, c'est terrible mais le marché du travail s'ouvre plus facilement.J'ai pu enchainer les contrats et obtenir un CDI.

    Je me souviens également avoir été littéralement "coaché" par mon compagnon qui sortait tout droit d'une école de commerce. Car oui, à la fac, on ne nous apprend pas à nous vendre, à démarcher, à passer des entretiens d'embauche. Je trouve qu'on équipe pas assez les étudiants à la difficulté de l'insertion pro. En école de commerce, si ! Se sont des bêtes de concours !

    Donc accroche toi, tu trouveras ton premier poste ;)

    Line du Blog La parenthèse psy

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    1. Salut ! :) C'est gentil ! :)
      Tu m'étonnes que t'étais dégoûtée ! En plus, quand c'est une question de sexe, ben c'est pas comme si on pouvait améliorer une compétence, ou quoi, donc c'est encore plus frustrant.

      Je trouve ça bien que le réseau fonctionne encore aujourd'hui !

      J'ai suivi une formation en ligne pour écrire une bonne lettre de motivation et réussir son entretien d'embauche. C'est fou comme tous les conseils qui s'y trouvent peuvent relever de l'évidence et changent tout... en plus, ce ne sont pas des choses vraiment dures à s'approprier donc les profs pourraient largement les reprendre à leur compte et nous les enseigner, ou faire appel à des pros pour ça...

      Merci pour tes encouragements ! :D

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  2. J'aurais aussi tendance à dire la vérité, plutôt que de m'en sortir par un petit mensonge ; pour moi aussi l'honnêteté est très importante. Mais il faut croire que parfois, il vaut mieux savoir faire un peu semblant...

    Pour l'expérience, ça passe souvent par des stages... souvent non-rémunérés. Mais du coup, ça veut dire que seuls ceux qui peuvent se permettre de travailler gratuitement pendant plusieurs semaines ou mois peuvent l'obtenir.

    Je suis aussi à la recherche d'un emploi, et je trouve ça très difficile aussi... Contrairement à toi, j'ai une idée bien arrêtée du type de poste que j'aimerais trouver (je veux enseigner le français langue étrangère), et j'ai de la peine à envisager autre chose, même si théoriquement mes études m'en ouvriraient aussi les portes. Du coup pour le moment, je ne postule qu'à ce qui m'intéresse vraiment, même si je devrai sûrement élargir un peu mes recherches si je ne trouve rien avant de devoir m'inscrire au chômage.

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    1. Je suis pas contre arranger un peu la réalité (genre "avez-vous déjà travaillé avec enfants ?" "oui, j'ai aidé ma mère qui est institutrice" : j'ai effectivement une expérience avec les enfants, de là à dire que j'ai travaillé...), ou de mettre en avant des expériences qui, objectivement, ne sont pas aussi importantes que ça, mais de là à mentir complètement... du coup, j'ai répondu au mail du gars avec mon histoire d'honnêteté, mais j'ai pas eu de réponse, il a dû se dire que je suis tarée x) Dans le même genre j'ai candidaté à l'une des radios du réseau RCF alors que je suis athée et que j'y connais rien en catéchisme. J'ai dit texto dans la lettre de motiv' que c'était pas mon domaine (en disant aussi que je savais m'adapter et apprendre et en mettant un exemple concret). Le mec m'a remercié pour mon honnêteté (mais il a aussi dû se dire que j'étais pas claire dans ma tête pour lâcher ça dès le début xD).

      Oui et puis il faut une convention, donc être étudiant, ce qui n'est pas mon cas. Puis même là, il y a des recruteurs qui ne considèrent pas les stages comme une vraie expérience.

      Ne postuler que à ce qui t'intéresse vraiment est pour moi une bonne stratégie ! Je vois passer pas mal de postes de français langue étrangère (comparé au journalisme...) ça veut déjà dire que il y a de la demande, c'est un bon début ! Je te souhaite bon courage et bonne chance ! Tiens moi au courant ;)

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  3. PS: Bon courage pour tes recherches ! Je te souhaite de trouver rapidement quelque chose qui te plaise.

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  4. J'ai été dans la même situation que toi il y a deux ans de ça. Que de stress et d'ascenseur émotionnel ! Combien de fois je me suis retrouvée en shortlist, un seul candidat en face de moi, pour qu'au final on me dise que je n'avais pas assez d'expérience. Et pourtant, j'ai 3 stages de 6 mois derrière moi, et tous dans mon domaine ! Je n'ai malheureusement pas de conseils en particulier à te donner, il faut savoir être patient... Bon courage et surtout garde le moral !

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    1. J'ai moins de stages que toi et ça me saoule déjà qu'on me parle d'expérience, donc j'imagine qu'avec 1 an et demi tu devais être bien frustrée !
      La patience, je gère :) Ce qui est bien, c'est que plus longtemps je mettrais à trouver du travail, et plus j'aurais de temps quotidien pour mon roman. J'espère pouvoir finir le premier jet en septembre (dit la fille qui n'écrit pas depuis deux jours mais tout va bien xD)

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