dimanche 3 septembre 2023

Cercle vicieux des ruminations

Enirtourenef (moi-même, quoi huhu)
Ça a commencé en revenant du week-end à Saint-Nazaire (qui lui était très bien !), je pense. J'ai dit sur le Discord que j'avais choisi de mauvais mots-clefs pour mon roman sur une plateforme, et l'une d'entre nous m'a dit : "changes-les !" et je sais que c'était parce qu'elle pensait que je ne savais pas que je peux les changer, ou qu'elle s'est dit que je n'y avais pas pensé, ou un autre truc du genre, mais moi sur le moment je me suis sentie très, très conne, parce que ben… je ne les ai pas changé parce que je ne sais pas quels mots choisir. Si j'avais été capable de choisir de bons mots-clefs, je l'aurai déjà fait. Toutes, elles sont super, et bien plus compétentes que moi, donc ben, elles arrivent à choisir des mots-clefs. Mais moi, je suis pas prof, je suis pas philosophe, et j'ai pas du tout l'esprit câblé là-dessus, ni sur les jeux de mots, ni sur ce genre de choses (vous voyez le jeu Tout le monde a son mot à dire, sur France 2 ? Typiquement le genre de jeu où je suis nulle). Je crois que ça a commencé là.

Après, je n'ai pas eu la réponse pour l'emploi en librairie, alors que la dame avait dit fin-août (finalement, j'ai envoyé un mail et je ne suis pas dans la liste réduite, à cause de la distance – à l'entretien elle avait dit que ce ne serait pas un critère, mais ça l'est toujours). Je me suis dit que genre on m'appelle même pas alors qu'elle avait dit qu'elle le ferait puis je me suis mise à douter d'avoir bien compris. En même temps, je suis allée chez la psy, et nous avons parlé de plein de trucs, je ne savais pas trop de quoi parler alors je me suis laissée guider par les questions, sur ce coup-là. À la fin, elle m'a demandé de faire une liste des choses dont je suis capable. J'ai essayé, dans mon cahier des émotions, mais la liste à viré à l'inverse, et j'ai trouvé ça vraiment dur de la faire. J'ai cassé le câble de mon casque et je ne peux pas le remplacer parce qu'il n'y a plus de stock ou alors des frais de port monstrueux, du coup, je ne peux plus écouter d'ASMR, ni l'utiliser pour la musique quand j'écris (sur le PC, c'est pas pareil). Ma meilleure amie a répondu à l'un de mes messages : "y a pire" (pas sèchement, elle était gentille, mais bon voilà je sais qu'il y a pire c'est pas de ma faute si je suis touchée par des trucs pas graves, puis je sais qu'elle dit ça aussi parce qu'elle a l'habitude de prendre sur elle et tout, mais n'empêche que ça me fait un pincement au cœur quand même, même si y a pire qu'une personne qui vous dit qu'il y a pire).

Une amie qui devait me donner une date pour qu'on s'appelle se réveille alors que j'ai repris le boulot et que je suis plus dispo, me donne une date pour ensuite me dire ah mais non je suis à Lille avec une copine, désolée. Déjà, en juin elle m'avait fait le coup de "je sais pas quand on pourra se voir, c'est dur de s'organiser avec un bébé" (ce que je peux entendre) pour ensuite me dire dans le même message et en parlant du même événement : "et on doit voir des amis". Oui donc des amis mais pas moi. En fait, elle n'a aucun souci à s'organiser ni à voir du monde malgré ses occupations. Le souci c'est plutôt moi, j'ai l'impression. J'ai aussi repris le travail. Ça commence fort : je rate la réunion avec les grands chefs parce que je ne l'avais pas vu dans la document préparatoire de la rentrée. Une heure et demie après être arrivée j'en avais déjà marre d'être là. Puis il les cours d'aïkido vont reprendre mais je n'ose pas demander le prix de la licence dont je ne me souviens plus. Il faut que je me réinscrive aux cours de moyen-égyptien mais c'est cher et je n'arrive pas à suivre les cours car ils sont tard alors je ne comprends rien et je dors à moitié sur mon bureau mais en même temps j'ai vraiment envie de continuer, je ne veux pas me dire que j'ai abandonné.

Peut-être que mon cercle vicieux de "je suis nulle et je ne fais rien de bien" a commencé avant tout ça. À la fin des vacances, juste après Saint-Nazaire, quand je me suis rendue compte que, à part le roman, et peindre mes trucs en papier mâché (que je me suis un peu botté le cul pour le faire, exprès pour me dire que j'avais terminé quelque chose – même si j'ai aimé le faire), je n'ai rien fait de ce que j'avais dit que je ferai. Je n'ai pas passé la serpillère. Je n'ai pas rattrapé tous mes National Geographic. Je n'ai pas vu le spectacle de chevalerie (j'y suis allée un jour d'orage, donc bye-bye les chevaux, ils avaient fait un truc en intérieur, un truc bof enfin plus destiné aux enfants, tout ça parce que j'ai pas voulu sortir quand il faisait grand beau soleil parce qu'il faisait trop chaud, ou que j'ai repoussé et que je me suis retrouvée à y aller le dernier jour où c'était possible, puisqu'après je partais en week-end et qu'après le week-end le spectacle n'avait plus lieu). Je n'ai pas relu toutes mes leçons de moyen-égyptien ni appris mon vocabulaire. J'ai plié le linge qui traîne sur le manteau de la cheminée depuis un an, mais je ne l'ai pas rangé. J'ai pas réussi à faire le sport. Au début, j'ai bien tout fait comme j'avais prévu, la première semaine : dès que je me levais le matin, je mettais ma tenue et hop j'allumais le PC et je faisais les séances. Puis après je me suis chopée une migraine qui a végété pendant plusieurs jours, et après je n'ai plus réussi à m'y remettre, et les exercices de la deuxième fille sont devenus trop durs, alors j'ai essayé en ne faisant que elle, et plus la première, mais ce n'était pas mieux, et je me trouvais vraiment ridicule et pathétique à pas y arriver, et je me suis dit : "mais évidemment que j'allais pas y arriver, pour qui tu te prends ?" et voilà.

Et derrière toute cette liste d'échecs, la psy me demande ce que je suis capable de faire. Bah, pas de persévérer, apparemment. Pas d'atteindre des objectifs pourtant simples et réalisables. Pas d'aller au bout des choses. Pas de me botter le cul. Pas de rester optimiste. Pas de faire des efforts. Pas de trouver du travail. Me vautrer dans mon malheur sur des trucs bête alors que y a pire, ça oui, je suis capable. Voilà. Bon, évidemment, je ne peux pas mettre ça dans la liste, vu que ce n'est pas le sens de la question.

Je ne sais pas comment sortir de ma roue. Je ne trouve pas. La sortie des ruminations, le petit mécanisme à bouger pour tout remettre dans l'ordre, remettre mon pantin disloqué comme il faut, faire rouler la petite roue vers l'avant plutôt que dans le vide. Je ne trouve pas la sortie. Quand je crois avoir une prise, tout de suite après quelque chose d'autre me tombe dessus, ou alors je retourne la pensée dans le sens de la rumination. Genre : je ne dors pas, comme une copinaute, sauf que ma copinaute, elle, c'est parce qu'elle a peur pour son renouvellement de visa, alors que toi ma pauvre fille, c'est pour des choses pas grave, que tu dors pas. Et voilà, je retourne dans mon labyrinthe et je ne trouve pas la sortie, je n'y arrive pas. Hier j'ai lu deux leçons de moyen-égyptien, je m'en souviens à peine, j'ai du mal à suivre, à me concentrer, à me dire que je vais y arriver.

C'est pourtant un super sentiment, de se sentir capable. Quand la dame de la médiation animale m'a fait traverser le champ les yeux fermés, à la fin j'ai vu toute la distance et je me suis dit wouah j'ai parcouru tout ça. Et après j'ai trouvé que de ce côté-là la pâture ne semblait pas si grande, et je me suis dit non-non mais c'est bien j'ai traversé les yeux fermés. Mais maintenant j'y pense et je me dis oui mais la dame me tenait la main, et le champ n'était pas si grand. Je me souviens quand même du sentiment d'être capable, et du coup c'est encore pire, de savoir ce que je rate.

Je ne sais pas comment sortir. Peut-être qu'à un moment la roue tournera tellement vite que je vais être éjectée, simplement éjectée. Au moins, je n'ai pas de problème de masturbation malgré ce stress, ces derniers jours, c'est toujours ça de pris. Mais je ne sais pas comment sortir de la roue. J'ai acheté des bonbons puis je me suis dit que quand même le sachet est en plastique puis c'est pas raisonnable puis hier soir je les ai fini tous d'un coup, par émotion, et je savais que je me gavais mais je ne pouvais pas m'arrêter, j'ai fini ce qui restait du paquet. Je ne sais pas comment sortir de ma petite roue. Pourtant doit bien y avoir un mécanisme quelque part, pour me faire regarder les choses sous un autre angle. Je ne trouve pas.

7 commentaires:

  1. Oups .... fausse manipulation!!!
    Je disais donc, que j'étais comme toi certaines périodes, à me rabaisser, me trouver nulle, ne pas être capable et tout ce qui va avec de négatif.... J'ai pas de solutions miracles... Le temps peut être... On a des bads, il faut les prendre en se disant que demain et un autre jour!!!

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    1. Merci !!
      Déjà, le fait que mon amie me dise qu'elle ne disait pas "y a pire" dans ce sens-là m'a pas mal débloquée ! Je suis revenue à un niveau raisonnable de dénigrement, on va dire x)

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  2. J'aurais écris la même chose que petite ombre ! C'est fou ce sentiment qu'on peut avoir de se sentir nulle, pas à sa place, pas capable... et je suis bien plus vieille que toi ! Misère ... ça ne va pas t'aider ! moi, j'ai arrêté les séances de psy à cause de cette phrase " il y a pire, ça va aller" ou, " il y a plus grave" qu'elle m'a dit à la fin d'une séance ! " évidemment qu'on le sait mais ça ne nous aide pas à aller mieux !

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    1. Ouah faut que tu reprennes des séances de psy, mais avec un psy qui te convienne ! Ma psy dit que quand ça ne nous convient pas, faut changer de psy, parce que c'est de l'humain. Je trouve ça quand même ouf pour un psy de dire ça...

      Ça allait mieux ces derniers jours, parce que mon amie m'a dit qu'elle ne le disait pas dans ce sens-là, mais depuis j'ai raté un match de volley de l'équipe de France, du coup dans le cahier des émotions c'était la litanie à base de "je suis pathétique". C'est pas gagné.

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    2. Je suis allée voir une psychiatre parce que c'est remboursé, mais je savais que ça n'irai pas ! ;) tant pis !

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  3. Pas de solution miracle non plus, mais si je l'avais je te l'a donnerais avec grand plaisir car c'est triste de te savoir comme ça...Je te comprend ceci dit, les objectifs à atteindre et puis on se perd à mi-chemin dans les sables mouvants de la rumination, de la fatigue, du doute...

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    1. Depuis l'article ça va mieux. Puis j'ai raté un match de volley qui était en fait la veille du jour où je pensais qu'il était, et là bah je me suis tapé la tête alors que je ne l'avais pas fait depuis longtemps.

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