dimanche 9 mars 2025

Anxiété

Source – DSD

Blogger dit que la dernière fois que je suis venue par ici c'était en janvier… faut vraiment que je vienne plus souvent. J'aime toujours écrire ici, c'est vrai… Bon, comme d'hab', je ne vais rien raconter de bien joyeux. Forcément, comme je n'ai pas écrit depuis longtemps je dis tout d'un coup et en vrai il y a des jours où ça va bien, déjà quand l'album de Lady Gaga est sorti, pour commencer, et l'autre jour j'ai fait du pilates avant d'aller au travail, c'était chouette. N'empêche que globalement c'est pas la grande forme… avec la psy on a parlé par mal d'auto-sabotage dans ma recherche d'emploi, alors j'essaye de me mettre un grand coup de pied au cul. J'ai fait plusieurs candidatures hier. Des fois, je vais avoir un pic d'enthousiasme pour bosser mes hiéroglyphes, faire du sport, postuler ici et là, et puis ça retombe vite, je m'arrête en plein milieu de la tâche parce que je n'ai plus envie… Hier et aujourd'hui, je fais ça avec Lady Gaga dans les oreilles, parce que le nouvel album est vraiment très, très cool et ça m'aide à ne pas réfléchir, à mener ma tâche jusqu'au bout.

Le mois dernier je suis partie faire une formation de premiers secours en santé mentale. Le premier jour n'a pas été le plus intéressant parce que c'était consacré presque exclusivement à la dépression et bon, vu que j'ai écouté une amie pendant trois ans alors qu'elle faisait une dépression vraiment sévère, et que moi je suis en dépression légère et que j'ai vécu des phases violentes, je ne crois pas avoir vraiment quelque chose à apprendre sur la dépression. Le second jour c'était sur les troubles anxieux et les troubles psychotiques, là j'ai appris davantage de trucs, c'était vraiment intéressant. Depuis, j'ai reçu le manuel de PSSM, j'aimerais le potasser pendant les vacances d'avril. Surtout, ce second jour, je me suis rendue compte que j'ai des troubles anxieux. Enfin… j'ai de petites graines en devenir, des bébés tiges qui poussent si je ne fais pas attention. C'est à base de : "han ! elle ne m'a pas répondu ! c'est parce qu'elle ne me parle plus ?? je l'ai saoulée ??" et de scenarii catastrophe. Ça s'était un peu calmé ces derniers mois, et puis c'est revenu ces dernières semaines, ça m'a tenu éveillée une heure au milieu de la nuit…

En fait, c'est à cause de ce qu'il s'est passé lundi de la semaine dernière. Avec une fille du petit groupe Discord d'écriture où je suis, on s'était vues le samedi d'avant avec d'autres filles du groupe, dont une qu'on sentait un peu en retrait, moins investie, etc. et qui s'était présentée à notre hôtesse (une autrice qui nous a expliqué des trucs sur l'auto-édition de manière très informelle) avec son nom de plume et pas son vrai nom et moi je me disais merde quand même c'est pas cool (je me permets d'en parler parce que j'en ai discuté avec elle, s'était un malentendu donc voilà, je ne règle pas mes comptes sur le blog, je préfère préciser) et donc avec l'autre fille on parlait de ça jusqu'au moment où elle me dit : "en fait le problème ce n'est pas elle, c'est toi" et là on sent tout le truc retenu depuis longtemps, vous voyez. Donc elle me parle de la partie un peu irritable de moi, ma tendance à m'emporter, à me montrer inflexible, râpeuse (tout ça, ce sont mes mots) qui peut censurer (ça, c'est le sien) les autres et que c'est pour ça qu'elles sont pas à l'aise pour parler, parce que je ne suis pas fiable, qu'on peut pas avoir confiance en moi et tout et elle me rementionne un truc que j'avais fait plusieurs semaines avant, pour lequel je m'étais excusée et tout. Donc on discute de ça.

Et je me dis ben… je n'ai pas envie qu'elles se sentent mal à l'aise avec moi, je n'ai pas envie de faire du mal aux autres, si mon molosse intérieur a mordu au mauvais moment c'est pas bien, donc j'ai quitté le serveur. Et là elle m'a dit que c'était pas ce qu'elle me demandait et tout et j'ai dit oui je sais mais c'est ma réponse parce que je ne peux pas changer à court terme et je ne peux pas non plus continuer à vous mettre mal à l'aise. Et elle me dit qu'elle a une autre interprétation de notre discussion. Et là, je ne comprends pas, je lui demande de m'expliquer, elle me dit que je n'ai qu'à relire la conversation sauf que… je vais faire quoi ? relire les mêmes phrases et espérer les comprendre d'une manière différente ? Et là je lui sors l'exemple de mon prof de maths qui répétait tout le temps la même chose et finissait par nous dire : "si vous ne comprenez pas, c'est que vous n'écoutez pas" et elle me dit que c'est passif-agressif et toxique de lui sortir cet exemple-là alors qu'elle est prof, que j'ai "réussi un truc disruptif" et que je peux "revenir sur le Discord, maintenant"... elle n'a jamais cru que je ne faisais pas ma drama queen, mon caca nerveux ; elle n'a jamais cru que c'était plus profond que ça et du coup quand elle me dit pour la énième fois qu'elle a une vie et qu'elle n'a pas que ça à faire que de me parler (entrer dans mon jeu, donc) je m'énerve (parce que aussi ça me renvoie l'impression que, moi, je n'ai pas de vie à part écrire) et je lui dis que je lui ai rien demandé, qu'elle vive sa vie et se fasse passer en premier. Mais du coup, puisqu'elle pensait que je faisais ma drama queen pour avoir de l'attention… j'envoie deux messages contraires… elle m'a dit que j'étais toxique, perverse, et qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi.

On n'était pas si proches, je crois, donc ce n'est pas la rupture amicale en elle-même qui m'a ébranlée mais davantage la manière dont ça s'est passé, cette incompréhension. Même quand je lui disais qu'on ne se comprenait pas, que je ne me reconnaissais pas dans les propos quand elle disait : "hier tu as dit ça" et inversement, elle ne le comprenait pas. On ne se comprenait mutuellement pas. C'est plus ça, qui m'a perturbée. J'ai eu l'impression d'une plongée dans une réalité parallèle, en fait… Et bon, maintenant, ça, ça va, je ne crois même pas avoir envie qu'elle revienne me parler si jamais elle se rend compte de la méprise. Je suis échaudée. Mais pour en revenir aux angoisses, eh bien, cette nuit ça tournait autour de ça : et si elle va raconter à d'autres gens que je suis perverse (je sais qu'une des autres filles du groupe ne me parle plus) et que ces personnes-là ne veulent plus me parler non plus ? si je la croise par hasard à une dédicace et qu'elle dit à mes amis que je suis perverse ? si j'auto-publie mes romans (c'est une idée comme ça, mais je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'être lue, en fait) et qu'elle me mène la vie dure ? si elle vient me faire chier parce qu'une bénévole de la radio va lire son livre jeunesse à l'antenne et qu'elle le prend pour une provocation si j'identifie la maison d'édition dans une publication sur les réseaux sociaux ? Je sais que c'est irrationnel. Je sais qu'il n'y a aucune raison pour que les filles avec lesquelles je parle sur Instagram ne m'aient pas encore répondu après quelques jours parce qu'elles ne veulent plus me parler. Je sais que ça ne va pas se transformer en harcèlement. Ce sont des angoisses irrationnelles. Je le sais. Et pourtant elles m'ont tenues éveillée.

Ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé. Pourtant j'ai déjà parlé de cette affaire avec la psy. On a parlé du rêve que j'ai fait dans la nuit du lundi au mardi, on a parlé du monstre intérieur. Et l'anxiété est toujours là, et elle se répand.

Je me dis que j'aimerais bien essayer de prendre un chien, puis je me dis que qu'est-ce qui se passe si les gens de l'association voient que j'ai pas fait le ménage depuis des semaines dans ma cuisine parce que je n'y arrive pas ? qu'est-ce qui se passe si je n'arrive pas à sortir de chez moi alors que le chien en a besoin ? qu'est-ce qui se passe, aussi, si finalement aux refuges il n'y a aucun chien qui puisse se sentir bien avec moi ? Je me dis des fois que prendre un chien c'est acheter de l'amour, parce que c'est sûr que le chien va t'aimer même si tu le mérites pas.

Hier, j'ai réussi à postuler à des trucs et à faire mes hiéroglyphes. Aujourd'hui j'étais censée sortir mais il fait pas beau, j'ai pas envie d'avoir froid, et puis quand il fait pas beau la lumière dans la forêt est toute grise et j'ai envie de voir des feuilles dorées et des formes sur le sol et d'avoir chaud donc s'il fait beau cet après-midi je sortirais sinon tant pis.

Mais voilà, je me débats avec des angoisses un peu collantes en ce moment. En plus cette nuit ma veilleuse était déchargée (c'est ma meilleure amie qui m'a envoyé une veilleuse et elle a bien fait parce que des fois je me sens oppressée et seule dans le noir alors j'ai besoin d'une présence) alors j'ai dormi dans le noir donc l'endormissement était un peu dur.

J'espère que vous allez mieux que moi !

samedi 18 janvier 2025

Pas chez moi

La dernière fois, avec la psy, est apparu que je ne me sens pas chez moi, ici dans les Ardennes (bon, ce n'est pas la nouvelle du siècle), mais surtout que la dernière fois que je me suis sentie chez moi pour de vrai c'était quand j'étais ado/jeune adulte chez mes parents, et que depuis, je ne suis chez moi nulle part. Même chez mes parents, parce que quand une bénévole de la radio me demande "vous rentrez chez vous pendant les vacances ?" ça me met en colère – parce que "chez moi" ce n'est pas chez mes parents : "chez moi", c'est nulle part. Cette nuit pendant mon trou de trois heures dans la nuit je me suis dit que c'était peut-être pour ça que je ne me sentais pas de tout plaquer, vendre tous mes meubles et partir vivre à l'étranger : je me sens déjà si peu chez moi, que si en plus je me sépare de mes meubles, il ne me restera vraiment plus rien pour avoir un semblant de sentiment d'être quelque part. Là, j'ai pas de chez moi, mais au moins j'ai mes meubles comme une petite carapace de tortue. Puis, je ne risque pas d'avoir l'occasion de trouver tout de suite un chez moi vu que, selon toutes probabilités, je n'intéresse pas la recruteuse de Brest.

J'étais censée avoir une réponse pour un entretien hier, je crois, dans les dix jours suivant la date butoir des candidatures et… rien. Pas d'appel, pas de mail, rien dans les spams… J'ai essayé d'appeler la dame de la médiathèque aujourd'hui, ai été renvoyée à l'accueil de la mairie, face à une dame qui acquiesce d'un "hmm hmm" qui signifiait visiblement "je m'en fous de ce que tu me racontes" et qui finit par me dire de rappeler lundi parce que les services sont fermés. Ben, si c'est fermé, pourquoi tu me réponds, alors ? J'ai envoyé un mail à la recruteuse, en direct, on verra bien, mais j'ai arrêté de me faire des illusions. D'ailleurs, je devrais arrêter dans le futur aussi. C'était clairement trop beau pour être vrai : un poste sympa dans un lieu sympa dans la ville parfaite. Pas pour moi. Clairement, pas pour moi. Ce qui me saoule, c'est les gens qui me disent : "ce n'est pas grave, si ce n'est pas ça ce sera autre chose". Ouais mais en fait ça fait deux ans, même plus, que je cherche, et que ce n'est jamais autre chose, donc j'en ai marre de m'entendre dire ça, vraiment ça ne m'aide pas, ça me fait juste me dire qu'au contraire, si ce n'est "pas ça" ça sera peut-être rien du tout. Probablement, même.

C'est marrant parce que, hier, à 17h30, heure de fermeture des bureaux et heure à laquelle il était donc clair que je ne recevrai ni mail ni appel ni rien du tout, décollait l'avion de ma cousine qui part vivre deux ans au Japon pour suivre son amoureux qui y a du travail. Il s'en passe, des choses, à 17h30. Y a des gens qui s'envolent vers leur nouvelle vie, avancent dans leur vie, et il y a ceux qui restent sur le bord du chemin, voilà. Alors, c'est un pur hasard, et à l'échelle du monde y a aussi plein de gens qui perdaient la vie à 17h30, des bébés qui naissaient, et tout ce qu'on peut imaginer au milieu. Mais n'empêche je le prends comme le symbole de ma vie : autour de moi, ça bouge. Un bénévole de la radio a réussi sa reconversion pro, une autre a validé sa VAE, l'ancienne Service Civique a trouvé un boulot sympa, ma copine du Canada progresse vers le déblocage de sa situation, les copines publient des romans, trouvent du boulot, arrivent à bout des travaux de leur maison : bref : ça bouge. Leur vie bouge, ça avance, elles ont leur bébé, arrivent à réaliser un ou deux projets quel qu'il soit, qu'il me parle ou non (parce que moi, franchement, les bébés…). Et pas moi. Et donc hier, à 17h30, je restais à quai quand ma cousine prenait son avion pour aller vivre à l'étranger (j'adorerais, vivre à l'étranger). Et voilà.

Et moi, je ne suis pas une guerrière dure à cuire. Je suis une pauvre chose fragile. Donc je ne suis pas là à fouiller les offres d'emplois en me disant que c'est pas grave, c'est le signe que je vais tomber sur mieux, que ça devait pas être ça et que l'Univers va m'envoyer sur un truc mieux. Non. Je me morfond dans mon coin. Avant, quand j 'étais ado, j'arrivais à me dire que c'était juste que tel truc ne se faisait pas parce que ça ne devait pas se faire et voilà. Maintenant… eh bien quand je regarde en arrière je me dis que finalement rien ne devait se faire, apparemment, et j'ai tellement été déçue que je n'arrive plus à réfléchir comme ça. C'est super de se dire qu'un truc ne se fait pas parce que ça ne devait pas se faire, ça préserve l'ego et tout, mais franchement, là je me dis juste que j'ai foiré ma candidature, ou je sais pas, je suis pas assez intéressante pour qu'on me recrute, apparemment, et je n'ai besoin qu'un me dise : "ce n'est pas grave, tu trouveras autre chose" parce que déjà de un je ne vois pas comment ça pourrait être vrai et de deux j'ai pas besoin de ce genre de phrases, j'ai besoin de réconfort, juste, une épaule pour pleurer et puis voilà, je remettrais le pied à l'étrier plus tard, pour le moment je vais continuer de pleurer un peu sur mon sort parce que je me suis tordue la cheville en tombant de cheval.

Ça fait deux semaines que j'oublie de rappeler le médecin pour avoir mes cachets du bonheur (comprendre : les anti-dépresseurs). Lundi, il va vraiment falloir que je l'appelle, que je chope un rendez-vous pour jeudi, parce que finalement je ne vais pas m'en sortir… je n'arrive même pas à me remettre au pilates. Deux fois de suite j'ai arrêté une séance en cours parce que je n'y arrivais pas et que je me sentais nulle, et maintenant j'ai tellement peur de me sentir nulle que je ne relance pas de séance, pour me préserver. Et l'aïkido… je n'y arrive pas, parce que je n'arrive pas à ressortir de chez moi pour prendre la voiture. C'est vraiment dur. Pourtant j'ai dix minutes de route à tout casser, mais j'y arrive pas, et plus je rate de séances, plus c'est dur d'y retourner.

Va falloir que j'arrête de raconter à tout le monde autour de moi quand je postule quelque part parce qu'après je dois aller tous leur dire que ah bah non finalement je n'ai pas eu le poste et je trouve ça tellement pathétique...