dimanche 9 juin 2019

Impasse

Source – Tobias Dick

Je n'écris plus beaucoup en ce moment, dû au fait que mon stage me prend une énorme partie de mon temps, et que j'emploie l'autre partie à autre chose. Mais un mot choisi par ma mère m'a donné matière à réflexion et j'aimerais partager ça avec vous.

Elle a dit que je suis dans une "impasse".

Au premier abord, j'étais d'accord. Le mot correspondait assez bien à ma situation. Mais, en fait, je ne crois pas que ça soit le cas. Je vous explique : je suis étudiante dans un master qui permet l'alternance mais seulement en contrat de professionnalisation ce qui signifie en entreprise. Donc adieu les établissements publics comme les musées, l'INSEP, les administrations, les communautés de communes, etc. Sauf que moi, les endroits qui m'intéressent, ce sont des choses publiques. Je ne peux donc leur demander que des stages, comme je ne suis pas dans l'obligation de trouver une alternance. Je cherche quand même sur les deux tableaux. Mais cette recherche est compliquée par le rythme d'alternance : trois jours de cours, deux jours en entreprise. Sauf que ce rythme ne permet pas, ou de manière très limitée, de trouver un poste dans une autre ville, puisqu'il faut compter le temps de trajet qui ne peut pas se faire le week-end.

Je crois que cela tient à une raison toute bête : nos professeurs n'ont aucun intérêt à nous voir partir en alternance dans la mesure où plus on sera nombreux à partir et moins il y aura de monde pour faire le boulot des partenaires et donc moins les partenaires du master seront contents. Et les villes à proximité en terme de temps de trajet sont Paris ou Lyon, avec donc une concurrence exacerbée dans notre domaine. On peut quasiment dire que nous n'avons aucune chance. Et comme le DU auquel je m'étais inscrite ne veut pas me prendre en formation initiale, laquelle est réservée aux étudiants de STAPS, je suis encore plus embêtée car je comptais dessus pour renforcer ma candidature à un master de psycho.

S'ajoute le fait que je ne me suis intéressée au logement étudiant seulement après la date limite de dépôt des dossiers, que je ne serais en formation que cinq mois (le reste c'est du stage) donc que je ne peux sans doute pas prétendre au logement intergénérationnel, et que je n'aurais pas le droit aux aides au logement. D'où l'impasse.

Faut dire aussi que j'ai l'art de me mettre dans ce genre de situations. Quand je cherchais un Service Civique il y a deux ans ça m'avait pris une plombe, je n'avais toujours rien fin août, et mes parents me pressaient pour savoir ce que je comptais faire si je n'en trouvais pas (la confiance règne). Mais j'ai fini par trouver. Parce que les impasses, ça n'existe pas.

Une collègue de bureau m'a parlé du CNSD. C'est la structure qui gère les sportifs de haut niveau du ministère des Armées. En gros, vous pouvez voir ça comme l'INSEP de la Défense. Elle me disait que la communicante était toujours surchargée de boulot, et que je pouvais tenter le coup pour un stage. Et effectivement, elle a besoin de monde et j'ai pu envoyer ma candidature (j'attends le résultat). C'est tout bête, mais ça m'a un peu redonné confiance en ma capacité à trouver quelque chose, alternance ou stage long.

Dans le fond, je pense que la vraie situation d'impasse n'existe pas. Même si tout le monde n'a pas un réseau hyper développé, nous sommes tous à sept personnes de tous les individus sur la planète. Entre vous et le Président, il y a sept personnes, maximum. Pas seulement des personnes que vous connaissez très bien, ça peut être des personnes que vous n'avez rencontrées qu'une seule fois. Et, en fait, je pense qu'il y a tellement d'embranchements de vie possible, qu'on croise le chemin de tellement de personnes, que l'impasse véritable n'a d'existence que dans nos peurs. Je crois qu'il y a toujours une solution, et je crois que si l'on se pense dans une impasse alors on y restera.

Je crois qu'on y restera parce que c'est le principe même de l'impasse : l'absence de solutions, à part rebrousser chemin, ce qui n'est pas souvent possible dans la "vraie vie", si on sort de la métaphore de la rue. On pourrait dire qu'il suffit d'escalader le mur, mais, dans les vraies impasses, celles dans les rues, ce n'est souvent pas possible. Le principe même d'une impasse, c'est que l'on ne passe pas ; tout est dans le mot ! Alors pourquoi s'acharner à réfléchir à une solution que l'on ne trouvera pas ? Autant abandonner ! Et c'est pour ça que je pense qu'il est risqué de se penser dans une impasse, ou de dire ou laisser entendre aux autres qu'ils le sont.

Et puis, si on regarde bien, j'ai toujours eu de la chance. Je m'étais rapprochée de la RCF de ma région au moment où ils cherchaient du monde, mon Service Civique m'a permis d'entrer dans mon master, dans une université où ils font des cours en plus auxquels les étudiants de toutes les filières peuvent s'inscrire ; il y avait cette année des cours autour du sport, qui je l'espère me permettront d'entrer dans un master de psycho ou donneront un côté un peu plus "sport" à mon CV et que je pourrais grâce à ça bosser dans ce milieu même si ce n'est pas en temps que psychologue. J'ai fini par trouver un stage (dont je vous reparlerais sans doute) au contact d'une jeune femme qui m'a appris l'existence du CNSD, ce qui me permettra, si ma candidature est acceptée, de mettre un premier pied sérieux dans le domaine du sport. Tout se goupille bien, dans le fond. Et donc c'est aussi quand je jette un coup d'oeil en arrière que je me dis que l'impasse n'existe pas, parce qu'il y a toujours un moyen de bifurquer, de se réorienter.

Une amie termine son master en Histoire de l'art et a trouvé une formation de paysagiste qui correspond parfaitement à ce qu'il lui faut. Une autre a réussi le concours de l'école de communication qu'elle voulait et quittera mon master à la rentrée. Un autre a enfin trouvé sa voie et va faire tout ce qu'il peut pour se mettre à niveau physiquement et entrer dans l'armée. L'impasse, la vraie, je crois qu'elle n'existe pas. On est dedans que lorsque l'on se met des barrières psychologiques du genre "je n'y arriverai pas" ou "je suis bloqué".

4 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec toi, notre plus grand ennemi est notre mental. C'est pourquoi je pense qu'il faut rester à attentive à notre environnement, les gens que l'on rencontre, ce qu'ils disent et ne pas passer à côté à cause de nos pensées négatives. Restez ouvertes. La solution peut venir sans que nous y attendons. En tout cas, la clé est également d'agir pour ne pas rester dans cette impasse... Ce n'est pas facile parce qu'il faut s'armer de patience parfois...

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    1. Mais c'est aussi notre meilleur allié ! :)
      Oui, ce n'est pas facile, mais ça amène toujours un résultat, je pense.

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  2. Coucou ! C'est un très beau message de positivité que tu partages ici. Un message optimiste. Ca fait un moment que tu as écrit cet article, je suis curieuse de savoir ce qu'il t'est arrivé depuis mais à te lire, je suis sûre que c'est du bon. Je tâcherai de penser à tes mots quand je manquerai d'espoir ou que mon côté pessimiste pointera le bout de son nez :) Merci encore !

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    1. Haha c'est gentil !
      Depuis eh bien mon opportunité au CNSD a été reportée pour des questions financières et j'ai reçu quasiment une fin de non recevoir de l'INSEP, haha x) J'ai eu une mauvaise expérience comme bénévole au Handisport Open Paris et je ne trouve pas de boulot à côté de mes études (mais je commence à peine à chercher, en même temps). Donc la positivité ça ne fonctionne pas comme par miracle, cependant je crois toujours que les choses arrivent si on se dépatouille bien, comme un écureuil qui saute de branche en branche (j'adore cette métaphore de l'écureuil ! et ceux à qui j'en parle aussi !). Je ne sais pas si c'est le contre-coup du HOP mais je me dis que je vais arrêter de pagayer dans le vide pour aller dans une direction où le courant ne m'emmène pas. En gros, je choisis la même tactique que quand je galérais à trouver un Service Civique : je décide de me laisser porter par le courant !

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