dimanche 9 janvier 2022

L'écriture me sauve la vie

Source – Mikhail Nilov

Quand je lisais des gens qui disaient que l'ASMR les avait sorti de dépression, ou des trucs comme ça, je comprenais qu'il y avait bien un mécanisme quelque part mais en même temps tout un aspect du truc restait complètement en dehors de ma compréhension. Et maintenant, je comprends.

L'autre jour une amie m'a demandé si ça allait mieux avec le travail et je me suis rendue compte que ça allait si je ne réfléchissais pas trop à savoir si j'y étais bien ou pas. Je me suis arcboutée sur l'écriture. Je me lève les matins de semaine en me disant : "vivement ce soir, que je puisse écrire". J'ai même décidé de commencer à écrire le mardi soir alors que je rentre à 18h30 et que je ne peux me donner à peu près qu'une heure avant de manger et d'aller me coucher (surtout que par-dessus j'ai mes insomnies qui me posent problème donc si je ne me couche pas tôt je suis emmerdée). Et quand, hier, je n'ai pas réussi à vraiment écrire alors que j'avais toute la journée pour le faire, j'étais frustrée et je m'en voulais. Je me suis aussi mise à rêver de gagner au Loto juste pour pouvoir arrêter de travailler et écrire toute la journée – et donc j'ai commencé à jouer au Loto, ce que je n'avais jamais fait avant. Je pense que j'ai une tendance à la dépendance (j'en avais déjà parlé ici ?), du coup je me suis dit que, OK, je joue au Loto, mais pas plus d'une fois par mois. C'est plus de l'ordre de l'échappatoire psychologique que du vrai espoir.

Je voudrais bien plus de vie sociale mais d'un côté je ne sais pas comment rencontrer des gens et d'un autre, avoir une vie sociale, c'est avoir moins de temps pour écrire. C'est aussi prendre plus la voiture parce que dans mon département paumé il faut vite conduire pour rejoindre un lieu. C'est en partie ce qui m'a retenue de proposer du bénévolat à une asso du coin ; je déteste prendre la voiture, et j'ai assez peu de visibilité sur mon temps disponible (et puis je veux du temps pour écrire, c'est ma priorité, alors même si une asso m'intéresse, je ne peux pas diviser mon temps à l'infini). Mais peut-être que je vais la contacter quand même, finalement…

Il y a quelques temps j'avais écrit un article sur l'esprit ample : le mien est monomaniaque. Écriture, écriture, écriture. Je m'arcboute dessus pour faire un truc qui ma plaît, me décharger de mes émotions, échapper à mon travail qui me frustre, à mon patron avec lequel j'ai pas d'atomes crochu, à un poste où j'aurais jamais dû me trouver (je veux dire, ils cherchaient quelqu'un avec une bonne culture musicale : s'ils l'avaient écrit dans l'annonce (j'ai vérifié) je n'aurais jamais postulé !). C'est bizarre d'ailleurs parce que je crois dur comme fer que rien n'arrive jamais par hasard mais je n'arrive pas à l'appliquer là, à me dire que j'ai ce poste pour une raison. Peut-être que mon "mal-être" vient de là : l'impossibilité de ranger un événement dans ma conviction et ma vision du monde. Alors j'écris, ou je lis. Roman 2 est en bêta-lecture, mais j'avance un projet exutoire-exploratoire et j'ai commencé un projet-défi : écrire en 80 000 mots max (soit moitié moins que ce que je fais naturellement), une petite romance fantasy dans un univers dont j'ai pas l'habitude, avec un aspect un peu conte, des personnages archétypaux à manier (pas trop réussi ce côté-là ; l'histoire est en train de m'échapper), et en plus dans un récit au présent (j'ai pas fait exprès). Donc même quand je ne devrais rien avoir à écrire, puisque Roman 2 est en bêta-lecture, je ne reprends pas vraiment la lecture des blogs, ni d'Instagram : j'écris.

Je crois que, si on m'enlevait l'écriture, là, maintenant, mon esprit finirait dans les tréfonds de lui-même. Je pourrais toujours lire, mais lire et écrire ça ne répond pas vraiment aux mêmes besoins psychologiques, je pense. Si on m'enlevait l'écriture, je pourrais toujours fuir dans des séries télé, des dramas ou des animes, mais je n'aurais plus rien pour m'exprimer, et plus rien pour rêver non plus (ce vieux rêve de vivre de mon écriture ou plus précisément de pouvoir passer toutes mes journées à écrire, que ce soit parce que je suis devenue riche ou parce que c'est mon travail). L'intérêt des Titanides pour Roman 1 a relancé mes fantasmes, je crois – ou du moins maintenant ils s'appuient sur quelque chose. Si demain on me disait : "t'as plus le droit d'écrire" peut-être même que je finirais en dépression. Je me demande si je suis pas un peu dans un cercle vicieux : je ne vois personne donc j'écris, mais je ne veux voir personne pour pouvoir écrire. Ce serait une idée à explorer, je pense.

Comme je sais qu'il faut que je sorte (j'ai toujours pas visité le château de ma ville, rendez-vous compte ! xP), je me suis dit que je le ferai quand j'aurais fini mon projet exutoire-exploratoire, avant d'en reprendre un autre. Parce que si j'en reprends un juste après avoir fini celui-là, je vais pas vouloir sortir avant de l'avoir fini. Monomaniaque, je vous dit !

J'ai toujours écrit par besoin. Même quand ça va assez bien, j'ai besoin d'écrire. Cet été j'ai discuté avec une ancienne blogueuse d'à peu près mon âge qui me disait que ça allait super bien dans sa vie actuellement et qu'elle n'écrivait plus trop. Moi, même quand ça va bien, j'écris. D'ailleurs, si je me fie à ma "météo intérieure" que je note chaque jour sur un calendrier – j'ai commencé ça pour voir s'il y a des cycles ou si mes émotions font juste le bordel à l'intérieur – les jours où ça va un peu mieux sont mes jours de congés, où j'ai pu écrire toute la journée, avancer sur mes projets. Je ne sais pas si c'est bon signe d'avoir une seule source de bonne humeur… Donc, j'ai toujours écrit par besoin, mais je crois que, actuellement, l'écriture est le seul truc dans lequel je ne doute pas : je suis sûre que je peux arriver à mener mes projets, à m'améliorer, que je suis à ma place, et que je suis compétente. Même à l'idée de prendre un chat, je doute, je me dis que je sais déjà pas m'occuper de moi – je fais pas le ménage toutes les semaines : j'écris ! – alors d'un autre petit être vivant… et que si ça se trouve il ne m'aimerait pas et qu'il serait pas heureux avec moi et qu'il vaut mieux pas que j'en prenne un. Et pourtant j'ai quand même contacté une asso pour voir si je pouvais pas devenir famille d'accueil. On verra bien… Bref.

Je crois que, actuellement, l'écriture c'est le seul truc qui me maintient "entière", pour lequel mes pensées ne s'effilochent pas trop. J'arrive même, en écrivant le soir, à rester concentrée sur ma tâche alors qu'au boulot je saute d'un truc à l'autre à longueurs de journées en finissant par : "ah oui, c'est vrai, je faisais ça !". C'est insupportable. Mes pensées sont déjà comme ça, ont déjà tendance à sauter de partout, à s'éparpiller dans des grands arbres et je dois me concentrer, surtout le soir, pour me dire : "mais je pensais à quoi déjà ? à oui, je réfléchissais là-dessus" et forcer mon esprit à se remettre sur les rails, alors mon boulot avec plein de trucs à faire en même temps et mon impossibilité de me cadrer toute seule ne font que renforcer mon sentiment de nullité et d'éparpillement. Parfois, ça me le fait aussi quand j'écris, et j'en suis encore plus frustrée. Parce que si je perds aussi ma capacité à me concentrer sur mon imaginaire, mes personnages, je ne donne pas cher de mon estime de moi (ni de ma productivité, du coup).

Je me raccroche à l'écriture comme je serre mes peluches dans mon lit la nuit. C'est le meilleur résumé que je puisse en faire, je pense.

Longtemps j'ai cru qu'il fallait forcément aller mal, avoir vécu des traumatismes, pour bien écrire. Quand j'étais au collège je m'étais fait cette idée. Au final je pense plutôt qu'il faut vivre des choses pour bien écrire. Je me demande si les dragons de pierre, dans L'Assassin royal de Robin Hobb, ne sont pas un peu une métaphore de ça : Vérité mets des souvenirs et des émotions dans le dragon de pierre qu'il taille pour lui donner vie. Je devrais sans doute sortir pour vivre des trucs, mais quand je sors je rate mon coup et je reviens plus désespérée que je suis partie… Je voudrais aller mieux mais je n'arrive pas à trouver le déclencheur dans le mécanisme. Je sais que je m'arcboute sur l'écriture mais j'ai l'impression que si je la lâche je vais tomber. Je suis un petit peu cassée dedans…

Tout cet article décousu pour dire que je ne publie pas trop sur le blog, et je lis vos blogs d'une manière très irrégulière parce que j'écris !

Et vous, comment allez-vous ?

Et aussi : bonne année ! Que tous vos projets réussissent et que vous soyez bien avec vous-mêmes ! :D

9 commentaires:

  1. Hello!
    J'ai terminé mon premier jet le 3a décembre pour ma part et je laisse reposer un mois.
    J'ai participé à un concours de nouvelles dans la foulée et je vais continuer.

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    1. Ah super ! Quand as-tu les résultats du concours ?

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    2. Coucou les résultats du petit concours de nouvelles sont en juin, je vais en faire d'autres !

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  2. j'aime bien lire tes articles, je m'y reconnais souvent même si nous n'avons pas la même activité monomaniaque, moi, c'est la marche photographique. Et, je suis rentrée dans un cercle vicieux ces derniers jours, je suis malade, je ne peux pas marcher, je suis triste de ne pas pouvoir marcher, je suis encore plus malade... pfff
    Je comprends quand tu parles du fait que tu aimerais rencontrer des gens mais qu'en même temps tu veux te garder du temps pour écrire, ce n'est donc pas compatible. je crois que moi-même j'ai rompu l'année dernière pour cela, j'avais besoin d'être seule et d'avoir du temps pour moi, pour marcher, j'ai eu peur que cette relation ne chamboule tout mon équilibre récemment atteint. Et j'ai les mêmes doutes que toi sur le fait d'adopter un animal...
    Bonne écriture alors !

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    1. Ton commentaire me fait sentir moins seule donc merci beaucoup !
      Après avoir écrit cet article je me suis dit que peut-être je me conditionnais à voir que le mal et que il fallait que je vois plus le positif. Je me suis réveillée lundi matin en me disant que j'avais le pouvoir d'être heureuse et bien avec moi-même ; je descends à ma voiture : paf ! vitre brisée, bah super la bonne résolution, ça commence bien x)

      Finalement j'ai pas contacté l'asso dont je parle dans l'article. Je me dis "mince, quand même" et puis je me dis que si je l'ai pas fait c'est que je le voulais pas vraiment... alors ce soir, je vais... écrire !

      Rétablies-toi bien, surtout !

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  3. Bonne année à toi aussi ! :) Pour ma part, je suis à une semaine et demi de mon concours blanc et c'est un peu l'angoisse, car je ne suis pas du tout prête ^^'. Mais je pense vraiment que je peux réussir à avoir un des deux concours cette année, donc j'ai hâte d'arriver au bout ! Sinon, niveau écriture, j'ai eu un peu de temps pendant les vacances, mais je ressens le besoin d'écrire autre chose, plus proche de mes pensées profondes (j'en parle dans mon dernier article de blog). Actuellement j'y réfléchis un petit peu,les choses se mettent en place mais j'intellectualise un peu trop ma démarche, je crois. Je ne sais pas exactement où tu es en ce moment, mais je commence aussi à ressentir le besoin de renouer avec des gens (dans la bienveillance, bien entendu), donc si tu veux que l'on rediscute un peu par message via un réseau, c'est possible !

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    1. Meurchi ! :D

      Bon courage pour tes concours ! Cette fois c'est la bonne ! Puis en plus parfois on se sent pas prêt mais c'est juste le stress et une fois sur les rails ça part tout seul !
      (Je lirai ton article : je suis abonnée à ton blog donc je les reçois dans feedly normalement ! :P)

      Ce serait avec plaisir !! :D Pas Insta, je m'y connecte jamais ; je suis plus Twitter pour la messagerie si jamais ça te va aussi c'est quand tu veux !

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  4. Meilleurs voeux à toi aussi.... (j'avais déjà zappé ce truc lol)
    alors je te l'ai déjà dit, ce n'est pas de ta faute mais ton petit cerveu mouline à plein régime, tu te poses trop de questions ou tu cherches du sens où parfois il n'y en a pas...
    Tu as besoin d'écrire en ce moment, bah écris.... Tu es très jeune encore, tu feras plusieurs expériences... là tu es dans la boucle de l'écriture, vaut mieux ça que la drogue non?
    Bises à toi !!

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    1. Merci haha ! :)

      Le truc c'est que j'ai pas l'impression de mouliner plus que les autres. Je veux dire... je sais que je mouline, je m'en rends bien compte, mais j'ai toujours cru que les autres moulinaient aussi x) C'est quand j'ai commencé à lire des trucs sur les surdoués et autres avec cette histoire de petit vélo que j'ai réalisé que, si c'était une caractéristique des neuro-atypiques, alors tout le monde avait pas le petit vélo x)

      Haha ouais vaut mieux ça que la drogue ! Surtout que je pense que j'ai une personnalité plutôt à tendance addictive et que, si jamais je commençais une drogue, ce serait dur de m'en sortir (l'autre jour la boulangère m'a offert une bouteille de cidre avec ma galette des rois : j'avais envie d'en boire au petit-déj' parce que j'adore ça, je me suis dit "bon, quand même pas" xD).

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