samedi 26 mars 2022

Comme un livre ouvert

Source – Simon Berger
Il y a quelques années dans un anime le garçon disait qu'il aimait bien que, sur le visage de la fille, il y ait toujours ses émotions, qu'il puisse savoir ce qu'elle pense. J'ai jamais compris en quoi c'était une qualité, d'avoir affiché sur ta tête tout ce que tu penses. Je déteste ça. Une fois en Master le gars qu'on avait filmé était très rouge, le prof avait proposé de faire des réglages pour "ternir" un peu. J'étais franchement pas fan mais je pensais que sur ma tête ça allait, je souriais puis voilà. Et aux deux collègues de dire qu'on allait tester mais qu'on allait pas y allait trop fort parce qu'elles avaient "bien vu que ça me plaisait pas du tout". Et le prof d'aïkido mercredi qui me dit que si je veux je peux aller me reposer parce qu'il voit bien que je suis un peu fatiguée. Je déteste ça.

J'ai toujours été assez secrète. À part sur mes blogs, et aujourd'hui avec une amie en tchat, je ne me confie pas, je ne dis pas ce qui me travaille, je ne partage pas mes états d'âme. Trahie trop souvent pour ça. Du coup, je pense que le fait de ne pas vouloir que mes émotions se voient sur ma tête va avec. Quand Lady Gaga a sorti sa chanson Poker face (en 2009 ! ça nous rajeunit pas !) je me souviens que j'avais aimé ce concept de "poker face". J'en suis vraiment très loin !

En plus, la plupart du temps, je ne m'en rends absolument pas compte : pour moi, je fais bonne figure. Du coup, quand je découvre qu'en vrai je suis transparente, je suis catastrophée. J'aimerais bien que l'on ne puisse pas savoir ce que je pense juste en regardant ma tête. Parce que les émotions sont la premières porte vers les pensées, et tout le monde n'a pas à pouvoir deviner ce que je pense d'une personne ou d'une situation, ou je ne sais pas…

C'est marrant cette idée de cacher ses émotions aux autres parce que, quand j'ai vu la psy doit y avoir à peu près un mois, elle m'a dit qu'elle n'allait pas m'apprendre à gérer ma colère parce que la colère (et la tristesse peut-être) est la seule émotion que j'arrive à identifier. Du coup, elle allait pas me couper de la dernière émotion qu'il me reste. Du coup, je trouve ça intéressant de vouloir cacher aux autres un truc que je ne repère même pas moi-même. Je ne sais pas si c'est dans l'idée de "c'est pas juste qu'ils voient tout sur ma tête alors que moi je reconnais rien" ou plus dans l'idée de se protéger : si je me suis coupée de mes émotions, c'est sans doute pas pour les reprendre dans la poire par le biais des autres.

Je crois que j'ai commencé à me couper des émotions au collège, quand je pensais que pleurer c'était être faible. Résultat des courses : je sais plus pleurer, même si ça revient doucement je ne sais toujours pas sangloter. Bref.

Puis, les émotions, ça fait un peu mal, c'est un peu trompeur, des fois. Je veux dire… au-delà de la tristesse, de la peur, de la colère, du dégoût, qui sont des trucs pas très agréable à éprouver, même la joie, des fois, c'est un peu dur, quand t'étais joyeuse d'avoir une amie et que finalement tu réalises que cette personne ne te voyait pas du tout de la même manière. C'est comme si c'était une joie pas légitime, vous voyez ? Alors tout analyser avec sa tête plutôt qu'avec ses émotions, j'imagine que ça permet aussi de se protéger d'un certain nombre de trucs, quand on est ado.

Quel est votre rapport aux émotions ?

10 commentaires:

  1. Le sujet que tu abordes est compliqué. Comme le camarade que tu mentionnes en début d'article, je deviens très facilement rouge : surprise, gène, surplus d'émotion, un peu de sport, et je deviens rouge tomate. Je pense que c'est le plus dur pour moi car j'en ai consciente : je sais que prendre la parole en public me rendra écarlate, et du coup, cela me bloque. Un comble quand on sait que je travaille dans la communication et que je dois souvent prendre la parole !

    Pour autant, j'ai aussi appris qu'exprimer ses sentiments envers les autres étaient importants. Notamment dans les relations avec les personnes qui me sont proches : passées certaines émotions qui sont facilement visibles sur mon visage, comment peuvent-ils savoir s'ils m'ont peiné si je ne leur dis pas ? Faire bonne figure peut sembler la chose la plus simple sur le moment, mais alors je traine ensuite ma rancoeur pendant plusieurs jours. Est-ce vraiment mieux ?

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    1. Pour le coup il était rouge surtout à cause de la chaleur des projecteurs, le pauvre ! (Mais le stress d'être filmé a effectivement pas dû aider !)
      Le truc quand on est rouge à cause du trac, c'est que savoir qu'on l'est te le fait devenir encore plus ; c'est un cercle vicieux qui ne termine jamais !

      Je n'ai jamais su dire mes sentiments aux autres. J'ai jamais dit "je t'aime" même pas à mes amies. Le "je t'adore" jeté à ma sœur était dans une phrase complète et parfaitement nonchalant x) Incapable. Trop risqué. Puis pour les trucs négatifs, il faut savoir bien le dire, sinon en face on peut se vexer. Et comme je suis incapable de lâcher-prise, je préfère me démêler avec un peu de rancœur ou de déception que de grosses disputes. Même si, effectivement, c'est pas mieux du tout !

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  2. Moi, je suis hyper émotive ! pleurer ? oh ça je sais faire, même en regardant les infos, ça me prend d'un coup, la dernière fois que j'ai pleuré sans pouvoir m'arrêter c'était après avoir vu le film " into the wild", je me suis faite peur, je n'arrivais plus à m'arrêter tellement j'avais été choquée par cette histoire, tellement j'ai trouvé cela injuste qu'il meure alors qu'il avait enfin compris la vie. faut dire que c'est une histoire vraie en plus.
    je sui hyper émotive et pourtant je crois bien qu'on m'a toujours dit que j'étais secrète et mystérieuse, qu'on ne savait pas souvent ce que je pensais, il y avait comme un mystère planant autour de moi.
    je pense avec le recul qu'exprimer ses sentiments envers les autres est une bonne chose ( je ne sais pas le faire...) je garde pourtant tout pour moi, je ressasse, et je m'enlise. Quelqu'un m'a dit une fois que j'évitais systématiquement le conflit et que parfois il fallait savoir s'engager dans un conflit pour régler ses problèmes avec la personne. je suis convaincue qu'il avait raison, mais je m'en trouve bien incapable, donc je rumine encore et toujurs.

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    1. En ce moment j'ai les larmes aux yeux pour tout et n'importe quoi ! C'est de pire en pire ! Par exemple l'autre jour en ville y avait une battle de breakdance, et des gamins participaient. Quand j'ai commencé à réaliser que des gamins faisaient leur passion comme ça devant tout le monde ça m'a mis les larmes… Donc je ne sais pas sangloter mais ces derniers mois j'ai le cœur qui se serre pour tout et n'importe quoi !
      Je n'ai pas vu Into the wild, juste la fin un jour que ma mère regardait, et je pense que si je m'y met je vais chouiner !

      Comme je te comprends ! Je rumine aussi beaucoup, je suis incapable de lâcher-prise bien longtemps. Parfois, je trouve la pensée pour me faire regarder un truc autrement et me calmer un peu (comme : c'est la nuit, façon, rien n'avance la nuit donc dors et on verra demain) mais après ça repart tout seul… je pense aussi qu'il faut être capable de régler ses conflits et de dire ses sentiments aux autres, mais c'est une telle prise de risque…!

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  3. comme j'aimerais contrôler mes émotions, mais impossible pour moi, un vrai livre ouvert comme tu as mis dans ton titre... si je suis fâchée, ça se voit, si je suis heureuse ça se voit, si je suis fatiguée, triste, blasée... tout passe par mon visage ou ma posture.... mais heureusement qu'on entend pas certaines de mes pensées....

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    1. De toute façon, comme me l'a dit une amie sophrologue, il ne faut pas être dans le contrôle, c'est pas possible : dans la maîtrise, plutôt !

      Oh oui, heureusement qu'on n'entend pas les pensées !!

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  4. Malheureusement on voit mes émotions mais comme toi je ne pleure plus !

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  5. Je pense que certaines culture ont raison. A trop refoulé les émotions, s'ignorer soi même et ce que l'on ressent, cela ronge l'intérieur et déséquilibre le corps, empêche l'harmonie.
    Quant à cacher ses émotions, je repense aux vietnamiens que j'ai rencontré lors d'un voyage, toujours un sourire sur leur lèvres...pour qui ne veux pas voir le sourire est une bonne arme... eux y cachent ou y affichent leur tristesse, gêne, leur colère, leur joie. Ils ont une infinité de sourire pour tout et pour tout les autres en générale ce n'est que cela un sourire. Cela peut-être une bonne façade? En même temps en l'affichant, ils le vivent, il ne le refoulent pas, et c'est une manière positive....
    Réflexion?...

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    1. Effectivement, je crois que la psychologie a plutôt eu tendance à montrer qu'ignorer et refouler les émotions est mauvais !

      Je trouve ça intéressant cet usage du sourire !

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