lundi 2 janvier 2023

Échec

Source – Blaque X
Hier, je n'ai allumé mon téléphone que dans la soirée, parce que je ne voulais pas entendre parler de bonne année, parce que je pense que cette année va être une année de merde, surtout que je venais de me lever à 11h pour m'être endormie à 2h non pas parce que j'ai fait la fête, mais parce que je me suis tapé une insomnie d'angoisse. J'étais d'une humeur massacrante. Puis j'ai repris la relecture de mon roman commencée le 30, et à la fin de la journée j'avais accumulé assez de joie pour me sentir d'allumer mon téléphone. Aujourd'hui aussi, j'ai accumulé de la joie. Mon roman me plaît et j'avance bien, je ferais peut-être un article spécial à ce sujet, parce que je trouve très sympa et enivrant le sentiment de sentir que je me suis améliorée depuis la dernière fois. Mais le truc c'est que ma joie immense de travailler sur un texte qui me plaît et de faire même un travail qui me plaît, cache seulement l'angoisse lancinante sans la faire disparaître.

Je rentre à la radio demain. J'ai commencé à angoisser au milieu de la semaine dernière, je dirais – et je me demande si ça ne se sent pas dans ma fréquence de masturbation, ceci dit y avait aussi ovulation et qui dit ovulation dit hormones (oui, je vous raconte ce genre de détails intimes ; ma foi si vous êtes mal à l'aise je suis désolée, au pire rien ne vous oblige à me lire). Ces deux semaines de vacances m'ont paru trois mois. Trois mois dans le bon sens du terme : une longue parenthèse reposante loin du travail que j'ai réussi à chasser de mon esprit avec une facilité déconcertante. Au point que je n'ai pas fait de lessive parce qu'avoir des vêtements propres quand on reste en pyjama toute la journée, ça sert à rien. Mais y retourner m'angoisse.

Je vais devoir lancer l'émission nouvelle formule, celle avec le flash à midi quinze et donc le premier invité seulement après. J'ai pas envie. Il me faut un psy pour une interview sur le rangement, mais ils me disent tous non et j'en ai besoin pour l'autre émission… J'ai pas envie de travailler. Ça fait des semaines que je ne fais pas bien mon travail, pas sérieusement, qu'il y a des gens que je ne démarche pas pour des interviews en grommelant dans ma barbe que "je m'en fous" – et après je vais me plaindre parce que je n'ai pas d'invités : regardez-moi ce magnifique serpent qui se mord la queue.

Je pense que je vais passer une année de merde, parce que déjà je n'aime pas mon travail, et que les chances sont tellement infimes que je puisse en changer que j'essaye de ne pas trop rêver du contraire et en même temps mon esprit m'y porte. Je peux commencer à chercher surtout à partir de mars, et j'aurai jusqu'à mai, par rapport à mon préavis de trois mois. Trois mois pour trouver un CDI quelque part alors que j'ai trouvé mon poste actuel en un an… haha. Surtout que je ne me suis pas beaucoup améliorée, je ne sais toujours pas poser ma voix, et le patron a pas l'air décidé à vouloir m'apprendre, il me dit juste : "faux s'entraîner". Ça va s'entendre dans la maquette. Alors je sens déjà que, même si je vais faire tout mon possible pour changer de travail, je vais échouer.

Il y a trop de paramètres contre moi, et rien que le fait que je ne peux pas aller dans une ville trop chère, puisqu'il faut quand même que je puisse caser tous mes meubles (donc exit Paris et son studio – même si j'ai aucune intention de vivre à Paris). Les radios ont souvent des flottes de voitures en manuelle, mais moi je ne conduis que les automatiques. Les entreprises rechignent à faire déménager les gens, elles n'ont pas confiance. Il va falloir que je puisse déménager, aussi, alors que comme je travaille je ne peux pas trop visiter des appartements, donc il va soit me falloir une gentille âme sur place pour me faire une visio, soit je vais encore me retrouver avec un appart' tout pourrave dont personne aura voulu de toute l'année. Je vais faire de mon mieux, mais ce n'est quand même pas gagné.

Un autre truc m'a foutu le bourdon – le fait de travailler sur le roman me redresse, parce que je me rends compte que quand je dis que je m'en fous si je publie pas, c'est vrai – c'est qu'une copinaute a eu une réponse super rapide d'une maison d'édition qui m'intéresse beaucoup, et à laquelle j'ai envoyé à peu près en même temps qu'elle. Elle l'a eue en un mois, alors que dans l'accusé de réception ils parlaient de plusieurs mois. Ils l'ont clairement mise sur le haut de la pile. Je suis vraiment sincèrement hyper contente pour elle, et en même temps un peu amère pour moi ; je me trouve un peu conne, ridicule et pathétique, parce que j'avais fantasmé un appel rapide pour mes romans. Bref. Ça va mieux, maintenant. Je vais attendre ce printemps les dernières non-réponses puis je pense que je ferai imprimer un exemplaire de Roman 1 et 2, juste pour moi, pour leur donner matière et conclure toute cette histoire. J'ai déjà décidé que je ne soumettrais plus ces romans (reste juste Bragelonne, qui ont apparemment refondu leur système et que je voudrais tester).

L'autre nouvelle de ces dernières semaines, c'est une copine de fac enceinte, et voilà que j'ai fini par me dire que, moi, je n'avance pas dans ma vie. C'est pas le bébé : les bébés je m'en fous, j'en veux pas, dans le règne animal un être vivant dans votre corps qui mange ce que vous mangez ça s'appelle un parasite, hein : hors de question que je ponde un gosse : j'écris quand, avec un gosse, moi ? Hors de question, jamais jamais jamais. Et pourtant j'adore les enfants et les ados ! Mais c'est pas parce que j'aime ma'ger une tarte aux framboises de temps en temps, que je veux devenir pâtissière. Donc c'était pas le bébé, c'est plus le fait que ça marque un certain passage, vous voyez ? Puis, il y a aussi la discussion qui est allée avec. C'était une grossesse surprise, alors je pose des questions et elle me fait des réponses très courtes qui me font bien comprendre qu'elle veut pas m'en parler. Ce qui m'a gênée, c'est que j'ai dû lui rentrer un peu dedans pour qu'elle me dise clairement qu'elle ne voulait pas en parler par messagerie et que certaines choses méritaient un face à face. Je n'ai aucun problème avec ça, mais ça m'a peinée et vexée qu'elle ne me le dise pas directement, comme si elle craignait me réaction si elle me disait qu'elle ne voulait pas en parler, comme si on ne pouvait pas avoir cette honnêteté entre nous. Dans le fond, c'est vrai que l'on n'est pas si proches tant j'ai du mal à me lier avec les gens, mais ça m'a peinée quand même.

Cet événement m'a renvoyée aussi à la question de la réalité face au numérique. J'ai réalisé combien certaines personnes n'utilisent les messageries instantanées que pour garder le contact et prendre des rendez-vous, et préfèrent les rencontres "réelles", physiques pour parler, se sentent plus à l'aise que derrière un écran impersonnel, et combien c'est très différent de la réalité que je vis. J'ai toujours trouvé plus facile de m'ouvrir sur internet – même si je ne parle de moi sur mon blog que depuis ce blog-là et jamais avant –, de parler de choses intimes. J'ai une très bonne amie que je n'ai jamais vue depuis un an et demi que nous avons commencé à parler : j'attends et appréhende notre rencontre tout à la fois parce que j'ai peur d'être incapable d'aborder en vrai les tonnes de sujets intimes dont on se parle par messages. Et du coup, j'ai réalisé aussi comme je pouvais peut-être paraître en retrait à mes amies "réelles". La discussion m'a ramenée à cette question aussi parce qu'en même temps je crois que j'ai développé un crush pour un des garçons avec lesquels je parle par voie numérique. Mon amie m'a rassurée, mais je me suis trouvée très stupide et pathétique de ressentir ça pour un gars que j'ai littéralement jamais vu. Genre : je suis même pas capable d'avoir des béguins sur de vrais gens, même pas capable de parler à quelqu'un sans des projections et des fantasmes idiots. Mais je suis capable d'avoir un béguin, ce qui est rassurant en soi, même si je pense que c'est surtout parce que la psy essaye de faire sortir les émotions et que les pauvres ne savent pas comment s'exprimer, alors elles partent dans tous les sens.

Je crois que j'ai besoin de rencontrer des amis que je peux voir en chair et en os et toucher. Ça ne se produira sans doute pas cette année.

La psy m'a expliqué que l'optimisme ou le pessimisme ne sont pas des traits de caractère mais des capacités (je crois). Je veux bien essayer d'être optimiste, mais je vois trop de barrières devant moi, trop hautes, pour me dire que je vais passer une bonne année. Les mauvais jours je me dis même que je serai toujours bloquée là dans quinze ans, toujours esseulée et médiocre.

Il n'y a que l'écriture qui me fait aller bien.

Je n'ose pas vous souhaiter une bonne année après un article aussi morne...

6 commentaires:

  1. Tu commences bien l'année lol.... Mai sen fait ça me ramène à ce que je pensais avec toutes ces satanées bonne année de focus qu'on entend depuis le 1er... 2022 ou 2023 qu'est ce que ça change? Rien. Comme si passer d'une année à une autre ça change ta vie... Bref.
    Tu es dans une mauvaise période. Ok... Tu vois tout comme un échec... Ok... C'est bas dans ta vie, pas le premier et probablement pas le dernier... Faut laisser passer et un matin tu verras autrement... On avance malgré tout n'est ce pas? Si ça te rassure je suis pas dans l'optimisme non plus ces derniers jours.... Mais ça va finir par passer, des hauts et des bas, c'est comme ça que ça marche et ceux qui disent le contraire sont de fiefs menteurs !
    Allez ma belle, ne te prends pas trop la tête !!!

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    1. En fait ce que tu dis ça me fait penser à la Rome antique. Dans la Rome antique on fêtait la nouvelle année pour remercier les dieux du fait que l'on soit encore en vie et leur demander qu'on passe encore l'année suivante vivants. Donc en fait le passage à une nouvelle année changeait quelque chose.
      Je comprends ce que tu veux dire ; le monde ne change pas. D'ailleurs j'ai plus de facilité à raisonner en terme d'années scolaires de septembre-août que de janvier-décembre.
      J'essayer de laisser passer. J'ai repris le boulot et ça va, j'accuse le coup, j'ai vite repris le rythme de mes obligations. Mais j'angoisse vraiment de ne pas trouver de travail au printemps. Une amie m'a demandé si je ne pouvais pas démissionner et chercher après, mais je n'ai pas le droit au chômage et le RSA serait vraiment un peu juste.
      Ça fait longtemps que je suis dans le bas, alors : il est tant que je trouve le fond du bassin pour remonter !
      Merci ! Ne pas se prendre la tête, tout un programme !

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  2. je déteste cette fête du nouvel an ! D'ailleurs cette année je ne l'ai pas fêtée et c'était chouette ! :D
    je suis d'accord avec petite ombre, changer d'année ne change rien !
    Il faut juste essayer de ne pas se focaliser toujours et tout le temps sur ce qui ne va pas et essayer de se contenter des petits riens qui vont bien .
    C'est étonnant tout ce que tu écris, mon fils est un peu dans la même position, il a fini ses études haut la main fin septembre et n'arrive pas à chercher du boulot de peur que ce ne soit pas un boulot qui lui plaise vraiment ...pfff C'est compliqué la vie ! Et on se met plein de barrières pour ne pas faire les choses qu'on devrait faire.

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    1. J'essaye de me focaliser sur les petites joies, la psy me l'a demandé en plus. Mais je trouve ça un peu dur. Mais aujourd'hui j'ai bossé sur le roman et j'étais aux anges.
      Pour ton fils, est-ce qu'il essaye de regarder dans les boulots qui sont pas liés directement à ses études mais dont les compétences se croisent ? Peut-être qu'il y a des trucs qu'il aimerait faire et que les compétences acquises lui permettrait de tenter ?
      Après, s'il débarque dans un boulot qui lui plaît pas, il s'en va pendant la période d'essai et puis voilà, surtout s'il déménage pas. Moi j'ai pas pu parce que j'ai traversé un bout de France et qu'il me fallait un autre job, mais j'avais peur de pas avoir le temps de trouver alors j'ai demandé à allonger la période d'essai et c'était pas possible alors j'ai rien fait et je suis restée comme ça (alors que j'avais commencé à chercher pour être AVS) parce que sur le coup trouver du boulot en 6 semaines (même pas, je crois, je sais plus) je voulais même pas essayer enfin je sais pas un truc a switché dans mon cerveau et je me suis dit "si je peux pas allonger la période d'essai je suis bloquée là".

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  3. je crois qu'il se bloque dans ses recherches car il sait où il veut habiter et il sait aussi qu'il ne trouvera pas de boulot dans ce qu'il recherche là où il veut habiter. C'est compliqué. En plus il ne veut surtout pas aller à paris alors que c'est là qu'il trouverait certainement. bref, il n'aime pas le changement et ça lui fait peur.
    C'est compliqué de prendre des décisions. Je lui ai dit que si son premier job ne lui plaisait pas il pouvait toujours en changer mais ça n'a pas eu l'air de le satisfaire ma remarque ! :D
    Bon, là, il a travaillé son CV, c'est déjà ça.

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    1. Il ne fait pas un travail pour lequel il pourrait se mettre à son compte ? Ça lui permettrait d'aller où il veut et d'avoir du travail. Ou il n'en a pas envie ?
      Je peux pas critiquer pour Paris, je suis pareille ! Tout, SAUF PARIS ! À moins que l'amour de ma vie soit à Paris et puisse pas en partir, ce serait compliqué… J'aime pas le changement non plus. Mais comme disait Bouddha : rien n'est constant si ce n'est le changement.

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