jeudi 26 septembre 2019

Ce que le sport m'a apporté

Source – Rodnae Productions
Je n'avais pas envie d'écrire un article triste, où j'expose encore le filet de mes problèmes psycho-existentiels. Ça va venir, parce que j'ai encore des choses à raconter sur mon rapport au corps, mais aujourd'hui j'avais envie d'être positive et de parler d'une avancée plutôt que d'un recul ou d'une stagnation. Et je pense que ça tombe bien parce que même pour vous ça doit être un peu agaçant de toujours lire la même chose... Alors aujourd'hui je vais vous parler de comment le sport a changé ma vie (au moins).

Le sport et moi


Je n'ai jamais aimé le sport. Jamais. Parce que j'étais très nulle, que ça fatigue, et puis, chose que j'avais oubliée, parce que ça fait transpirer. Ce sont mes parents qui, au cours d'une discussion il y a quelques années, m'ont rappelé ça et j'étais très vexée qu'ils me voient encore comme ça alors que c'était quelque chose que j'avais dite quand j'avais douze ans. Mais le fait est que je n'ai jamais aimé le sport. Encore moins la piscine – étant donné que j'ai failli me noyer – à laquelle j'ai échappée au lycée grâce à mes oreilles fragiles (et une réussite à persuader mon médecin traitant du nécessaire d'une dispense). Le sport, c'était mettre en mouvement, je pense, un corps que je n'aimais pas ; mais aussi avoir des interactions sociales pas évidentes avec des gens avec lesquels je n'étais pas spécialement amie, surtout au lycée.

Pendant une (très) courte période j'ai essayé de faire du jogging. C'était terrible. Courir pour courir, très franchement, ça ne m'a pas plu du tout. J'ai dû le faire deux fois, puis j'ai laissé tomber. Aucune discipline ne m'intéressait. J'avais fait un peu d'escalade en EPS dans mon second lycée, j'avais adoré, mais je n'ai jamais sauté le pas car, vous comprenez, on ne commence pas un sport à dix-sept ans : un sport, ça se commence enfant. Je me suis intéressée au saut à la perche, aussi, mais ils ne prenaient plus de débutant au-dessus de quinze ans – une preuve de plus qu'on ne commence pas un sport à l'adolescence.

Nouvelle ville, nouvelle vie


Il y a deux ans j'ai changé de ville pour mon service civique. J'allais vivre toute seule, à mon rythme, et je me suis donc dit que j'allais me mettre au sport. Aussi parce que, chez mes parents, c'est très bête à dire, mais je n'aime pas sortir parce que j'aime pas la question "tu sors ? tu vas où ?" même si elle n'est posée s'en reproche ni rien de négatif du genre mais simplement à titre informatif. Je crois que j'ai l'impression qu'on va juger ma sortie (oui, c'est bête). Et avec le sport, c'est pire, comme ça touche à ce que je vais faire de mon corps, que ça me met face à mes limites physiques et psychologiques. Mais, vivant toute seule, cet obstacle disparaissait.

Je suis donc allée voir la liste des associations sportives de la ville sur le site de la mairie. Rien ne me tentait vraiment mais j''ai découvert l'aïkido et quand je suis allée voir des vidéos sur internet j'ai réalisé que c'était exactement ce dont j'avais besoin. Pour ma coordination, j'ai pensé. Au bout de quelques jours j'ai enfin songé que j'allais devoir toucher des gens et me laisser toucher par des gens.  Ce que je déteste. Oups. Mais je ne pouvais plus vraiment reculer, alors j'ai sauté dans le schmilblik.

J'ai adoré, mais le démarrage a été difficile à cause de ma caboche détraquée. Par exemple, si j'arrivais en retard en bas du bâtiment, je rebroussais chemin, étant entendu qu'arriver en retard c'est déjà tout pourri mais à un cours d'art martial, en plus, c'est vraiment pas possible. Des fois, je n'y allais pas, car j'étais fatiguée ou j'avais pas envie, et je m'en voulais beaucoup pour ça. Du coup, j'y allais pour ne pas m'en vouloir de ne pas y être allée (ça s'appelle la régulation introjectée, en psychologie, et c'est très mauvais car c'est une motivation extrinsèque, c'est-à-dire extérieure à vous).

Mais en changeant encore de ville pour mes études, j'ai décidé de continuer l'aïkido et j'ai dû choisir une autre discipline pour une unité d'enseignement facultative. J'ai choisi le volley, et j'ai repris cette année. J'ai aussi ajouté l'escalade (pas encore commencée).

Réappropriation du corps


L'année où j'ai commencé, il s'est déjà passé un truc très bizarre. Quand je revenais de la séance et que je me déshabillais pour aller me doucher, j'étais capable de le faire dans le salon alors que d'habitude je suis incapable de me mettre nue hors de la salle de bain, y compris dans ma chambre et y compris pour me mettre en pyjama : quand je me change je fais toujours en sorte de porter toujours au moins un vêtement. C'était vraiment bizarre, pour moi.

Ce mois-ci j'ai repris le sport après six mois de pause. J'ai commencé par l'aïkido, puis j'ai repris le volley, et je vais rajouter l'escalade par-dessus. J'ai choisi d'y aller progressivement car tout à la fois alors que je suis en jachère depuis une demi-année ça ferait quand même beaucoup. Ces derniers jours, j'ai eu une sensation nouvelle très étrange aussi pour moi : j'ai davantage conscience de ce que je fais en comparaison de d'habitude. Par exemple, au volley, je sens que je ne décolle pas mes pieds du sol (ce qui rend n'importe quelle manchette difficile à réaliser et fait perdre beaucoup de ballons...). À l'aïkido j'ai l'impression que je me rends mieux compte des distances et de mes déplacements. Pour moi, c'est étrange, car habituellement je ne sais pas trop situer mon corps, même mes pieds alors qu'ils touchent le sol. Mes mains et mes bras ça peut encore aller, car je les vois. Le reste, c'est un peu un tas que la plupart du temps je ne peux pas placer.

Je me rends compte aussi que je m'améliore (et que donc tout n'est pas perdu). Mais ça me met aussi face à mon manque de confiance en moi, alors que les autres peuvent parfois me renvoyer l'image d'une fille trop sûre d'elle au point d'être méprisante. Je dois composer avec la peur de mal faire. Je dois aussi composer avec ma nullité. Car, si j'ai compris la théorie, comme j'ai peu conscience de mon corps et peu de coordination, la pratique est plus compliquée. Dès qu'un enseignant me fait une remarque, ma première réponse est "oui, je sais, mais".

Ça me met aussi face à mes blocages. Par exemple, en aïkido, le cri (dont j'ai oublié le nom) fait partie de la pratique, il doit s'entendre. Mais, moi, je suis incapable de crier, et quand le prof dit "plus fort" et que j'essaye de me forcer, j'en ai presque les larmes aux yeux tellement ça ne veut pas. Alors que par ailleurs, dans la vie, quand je m'énerve, je peux élever vite la voix.

Mais le sport me permet aussi de ne plus penser, moi qui ai toujours un petit vélo dans la tête. C'est particulièrement vrai avec l'aïkido.

Relations sociales


C'est très bête à dire mais, quand on fait du sport, on rencontre des gens. C'est d'autant plus bête à dire que je pense que les autres pensent que je ne participe pas assez. Par exemple je ne vois pas ces personnes en dehors des séances, je ne vais pas prendre de verres, etc. Ça limite donc le temps pour discuter et apprendre à se connaître. Mais, pour moi qui ne suis pas très sociable et très casanière, c'est déjà beaucoup et c'est bien suffisant pour remplir mes besoins de discussions informelles et de rigolades.


Des fois, dans les articles lifestyle, on lit des choses comme "mettez-vous au sport" sur le thème de se forcer un peu et de se faire violence. Mais, pour se mettre au sport, il faut "le sentir". Trouver, instinctivement, je dirais, la discipline qui nous ira. Et, surtout, s'y mettre au moment où l'on est prêt, et pas se forcer pour espérer en tirer quelque chose. Quand on se force, ça n'amène rien. Je dirais même que c'est contre-productif. La motivation doit être intrinsèque. Des motivations intrinsèques, il y en a trois types : la motivation à la connaissance, la motivation à l'accomplissement, et la motivation à la sensation. Le reste, c'est le mal. (Bon, en vrai, c'est un peu plus compliqué, la motivation extrinsèque peut donner un coup de pouce, mais elle ne doit pas être le moteur).

On peut commencer le sport tard. D'ailleurs, l'une des personnes du club d'escalade, rencontrée l'année dernière pour un projet de cours, a commencé dans la quarantaine, il me semble.

Quoi qu'il en soit, parlez-moi de votre rapport au sport, je suis bien curieuse ! :)

16 commentaires:

  1. Je n'ai jamais aimé le sport, et encore moins à l'école ! Tout comme toi le manque de confiance ne me donne pas envie de m'exposer devant le regard et jugement des autres. Ce que j'aimais ce sont les films d'actions de Jackie Chan, Jet Li etc... Et quand j'ai mis un pied dans la pratique martiale, j'ai tout de suite aimé, notamment la boxe pied-poings ! Tu as raison, il faut le "sentir" pour le pratiquer et avoir envie ! J'ai trouvé le sport qui me convient où il n'y a pas de grade, on s'amuse en fightant, on s'adapte à chaque adversaire, on apprend grâce à l'autre. Je peux donc rester moi-même tout en combattant mes peurs ! Je fais également de la danse tahitienne, il me faut un sport dynamique où je peux m'entraîner seule dans mon coin, me défouler sans problème. Le sport m'a apporté la confiance en soi, à connaître les limites de son corps et d'aimer son corps. On est moins complexée.

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    1. Je n'ai jamais fait de boxe, mais je trouve que les arts martiaux sont particuliers par rapport aux autres disciplines ! Je pense que quand on n'aime pas le sport il est plus facile de s'y retrouver au début. Ou du moins ça ne m'étonne pas que quelqu'un qui me dise ne pas aimer le sport dise aussi y avoir mis un pied par la pratique martiale !
      La danse tahitienne ? C'est pas courant ! Tu as découvert comment ?

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  2. J'ai toujours aimé cette danse parce que c'est la danse traditionnelle de mon île natale, Tahiti. Je n'ai pas eu le temps ni l'opportunité de le pratiquer en étant jeune. Ce n'est qu'en France que j'ai pu enfin le pratiquer ! Je suis fascinée par cette danse pour sa sensualité, son charme naturel (dont les danseuses n'éprouvent aucun complexe de leur corps) et la deuxième chose c'est leur endurance à suivre le rythme des percussion du toere ! C'est donc une danse qui me convient, différent du tango (que j'ai arrêté pour me mettre à la danse tahitienne).

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    1. C'est drôle que tu retrouves en France quelque chose que tu aurais pu faire à Tahiti ! Comme quoi...! C'est sûr que c'est une très belle danse ! Je crois qu'on m'a dit un jour que les danses voulaient dire quelque chose, c'est vrai ?

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    2. Je suis si contente que je puisse le pratiquer dans ma ville sinon je n'aurais pu ne jamais le pratiquer. C'est sûr que les danses expriment quelque chose... à travers nous, c'est une prolongement de soi, on danse pour soi d'abord, c'est quelque chose de personnel. J'ai compris cela avec la danse de tango, et c'est cela qui me mettait mal à l'aise, je n'aimais pas danser avec d'autres hommes que mon Nounours. Le tango demande une connexion, un abandon... Danser, c'est s'exposer à la vue des autres, révéler son style sans avoir peur d'être juger. J'ai réalisé que l'art martial est aussi une sorte de danse, de se déplacer, d'esquiver, de composer avec ses pieds et bras... En tout cas j'ai trouvé un sport où je ne me sens pas jugé et où je peux exprimer mon style (sans qu'il y a une notion de grade, que l'autre soit meilleur que moi, on est tellement de choses à apprendre de l'autre).

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    3. En aïkido il y a des grades, mais en réalité on en fait peu de cas, et des personnes avec un hakama peuvent pratiquer avec des personnes comme moi non gradées. D'ailleurs, ils ne travaillent pas la même chose. Entre eux, ils vont dans des trucs plus poussés, mais avec nous, comme on suit ce qu'ils font, et qu'on se laisse pas tomber par terre (ce que les gradés peuvent avoir tendance à faire par habitude) eh bien ils savent s'ils font bien la technique ou pas. Donc le fait de travailler ensemble est valorisé. D'ailleurs, on ne dit pas qu'ils sont "meilleurs", on dit qu'ils sont plus avancés.
      C'est vrai que c'est un peu comme une danse, faut tout coordonner ensemble ! (et c'est bien tout mon problème) et c'est très beau à regarder !

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  3. Hello !
    Ce qui m'intéresse dans le sport c'est vraiment ce côté compétitif. Mais en parallèle, j'ai du mal à me mesurer aux autres.
    J'ai trouvé mon sport, la pole dance que je pratique depuis un peu moins d'un an. C'est un sport qui nécessite rigueur et régularité mais on s'en sort grandi ! J'avais envie aussi de faire un sport engagé, puisque la pole souffre encore de tant de préjugés...
    Montez sur la barre, et vous allez moins nous traiter d'allumeuses.
    J'aime mieux mon corps avec ce sport, et surtout, j'ai compris que toutes les morphologies avaient leurs avantages... :)

    XOXO LOVE
    notrecarnetdaventures.com blog de deux amoureux des belles adresses gourmandes ou culturelles.

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    1. Pourquoi est-ce que tu as du mal à te mesurer aux autres ? Comment tu interprètes le fait d'aimer la compétition sans bien pouvoir te mesurer aux autres ?

      Il y a quelques années quand Hellocoton existait encore (je parle comme une vieille !) la pole avait eu son instant de gloire. J'avais voulu commencer mais j'ai été refroidie par les prix affolants des cours et par le fait aussi que je ne voulais pas du tout montrer mon corps.

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  4. j'aime faire du sport mais je n'aime pas y aller ! Une fois en action, j'apprécie mais se motiver, pouah, une galère ! C'est pour ça qu'il me faut un partenaire de sport avec qui se booster. a deux, c'est plus drôle et on s'amuse tout en se dépensant. Plus jeune, je pratiquais de la gym (après 10 années, j'en ai eu marre des compétitions), du ski, du badminton, de la natation. Et depuis que je suis dans la vie active, NADA ! C'est pô bien...

    Line de https://la-parenthese-psy.com/non-classe/les-9-symptomes-de-la-depression/

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    1. Pareil ! La plupart du temps je me dis "j'ai pas envie" et je me dis que si la téléportation existait, ce serait quand même mieux !
      Ah mais justement ! C'est dans la vie active qu'on en a le plus besoin ! Comment tu expliques ça ? C'est parce que tu es trop fatiguée à la fin de la journée pour aller t'épuiser au sport, tu penses ?

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  5. J'ai eu une très mauvaise expérience piscine au collège (les méthodes d'apprentissage de des années 70/80 étaient un peu... brutales). J'ai évité la natation comme la peste pendant des années. Puis en 2016, j'ai pris des cours particuliers. Pendant dix mois, j'ai galéré et jamais réussi à vraiment bien nager. Mes mon prof était adorable et d'une patience infinie ! J'ai réussi des choses que je n'aurais jamais crues possibles. Puis j'ai quitté les bassins pendant à peu près 18 mois. Là, grâce au CE de mon boulot, j'ai pris un abonnement annuel qui me revient à moins de 8,60 par mois pour toutes les piscines de ma ville, quand je veux. Je ne n'impose rien d'autre que d'arriver à ENFIN nager la brasse correctement et sur 25 mètres. Mais j'adopte une autre méthode : d'abord réussir la technique dans ma zone de confort avant de la mettre en pratique à n'importe quelle profondeur. Quand j'en ai marre : je fais des trucs dans l'eau, n'importe quoi, juste histoire de m'approprier l'élément. Et j'espère pouvoir, dans quelques mois, enchaîner les longueurs et envoyer une vidéo à mon ancien prof pour qu'il soit fier de moi ;)

    Dans tous les cas, je suis heureuse d'avoir repris la natation. Je suis fière de chaque petite victoire et je ris de mes échecs !

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    1. Je trouve que c'est un super parcours ! Comme quoi rien n'est jamais perdu !

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  6. Merci pour ton article !
    Pour ma part, il faut que je retrouve un peu de motivation :)

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    1. De rien héhé :)
      Je pense que la motivation vient avec la discipline. Si demain tu me proposes de faire un jogging tu peux toujours courir (hahaha) pour me voir me mettre en tenue, par contre si c'est pour aller grimper une falaise, je serais ton homme (enfin ta femme !)

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  7. Mais... mais la course c'est trop bien !!! Pour quelqu'un d'associal c'est étrange que tu te tournes vers des sports collectifs. Moi je me souviens qu'en cours je préférais faire de l'endurance peut être en partie aussi parce qu'on est seul face à soi-même et tranquille d'une certaine manière. Le volley ça m'a pas laissé un bon souvenir, la balle me faisait mal aux mains ^^' Mais l'escalade c'est hyper cool !
    Brefouille, ravie de voir que ça s'améliore pour toi, c'est toujours plus motivant de voir qu'on a fais des progrès.

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    1. Ah mais le volley la balle est pas censée atterrir sur les mains (en manchette en tout cas) !
      Oui, c'est vrai que c'est bizarre que je me tourne vers des sports avec du contact social et qu'en plus ça me plaise. Je pense que en fait c'est parce qu'il n'y a aucune exigence sociale derrière. Ce que je veux dire c'est que on peut décider de n'avoir des contacts sur à propos de la pratique, et de pas se parler de nos vies derrière. Y a pas d'obligation de se tenir au courant, ou quoi... c'est pas des relations exigeantes, en fait. On attend rien de toi et t'attends rien des autres. C'est pas comme dans une salle de classe où tu te dis "putain, qui pourrait être mon ami ? si j'ai pas d'amis pour les travaux de groupe ça va être chaud". Tu vois ce que je veux dire ? j'ai l'impression d'être tout sauf claire x)

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