lundi 2 novembre 2020

Livrovore

Source – Luisa Brimble

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a quelques temps, dans un journal d'écriture, je vous disais que j'avais (enfin) repris la lecture. Je lis depuis mon enfance mais je ne crois pas avoir été un jour une grosse lectrice. Je me souviens avoir lu des journées entières pendant mon adolescence, mais dans ma mémoire c'était quelque chose d'assez rare et ça s'est surtout arrêté avec les études, le développement d'autres centres d'intérêts, et au final je n'ai jamais vraiment lu qu'à raison d'une quinzaine de pages par soir avant de dormir. À ce rythme, trois cents pages me font sans doute presque deux mois (je n'ai jamais fait attention aux dates auxquelles je commençais et finissais mes livres).

Toujours est-il qu'il y a quelques mois je ne lisais quasiment plus. Déjà, je me suis retrouvée sans livres pendant le confinement, ce qui n'a pas aidé. Mais en réalité ça avait commencé bien avant ça... Cette année pendant mes études je ne me souviens pas avoir lu des masses. Finalement, mon article sur mes cinq derniers livres lus, cet hiver, doit bien contenir les seuls livres que j'avais lu depuis un moment (tous lus dans une période assez resserrée, en plus) (c'est un peu triste, quand on y pense). En fait, rien ne m'intéressait vraiment. J'entrais régulièrement dans les librairies à la recherche du bonheur, j'avais envie de lire, vraiment très envie, ça me démangeait, mais rien à me mettre sous la dent. J'ai fini par en avoir ma claque et à me dire que puisque rien ne me bottait dans la fiction, j'allais tenter avec les livres d'Histoire. Et c'est ainsi que j'en ai repris un de ma bibliothèque, que j'en ai acheté trois autres, et que j'ai repris les chemins du livre.

Depuis ce journal d'écriture où j'avais glissé l'information, en Juillet, j'en ai lu neuf. Neuf, c'est sans doute plus que ce que je lis habituellement en un an. La seule chose qui m'a arrêtée, eh bien... comment dire... je n'ai pas pris en compte les délais de livraison avant de passer commande (le jour de l'annonce du confinement, en plus) et je retrouve donc à attendre. Ça va être long. Trèèèèès, très long. Mais au moins, ça a le mérite de m'obliger à lire les National Geographic magazine que j'ai en retard. J'avais laissé en plein milieu celui d'Avril 2020, c'est vous dire... D'ailleurs, je pensais que je n'aimerais pas ça, passer au journalisme après la fiction ou l'Histoire, mais finalement ce n'est pas ce que je lis qui m'importe, c'est de lire. C'est assez nouveau pour moi, enfin, j'ai l'impression de retrouver l'ivresse vague qui subsiste dans les souvenirs de mon adolescence. En ce moment, je n'aspire qu'à passer des journées entières à lire (d'ailleurs, c'est bien parce que je dois économiser ce qu'il me reste à me mettre sous la dent que j'ai fait le ménage dans ma chambre hier, ahem (le pire, c'est que je n'exagère pas tant que ça)). Je commence même à me dire que j'aimerais bien vivre enfermée dans une bibliothèque et qu'une main anonyme me livre à manger par une trappe entre deux étagères. Ou que je serais la plus heureuse des petites filles du monde si je pouvais trouver un métier où je serais payée pour lire toute la journée. J'adorerais travailler entourée de livres. J'adorerais vendre des livres. Mais je n'ai pas fait d'études dans ce domaine et la plupart des recruteurs cherchent des gens avec de l'expérience. Encore une fois, je suis passée à côté de mon orientation. C'est un peu triste mais je vais peut-être tomber sur une opportunité en or, on ne sait jamais !

Pourtant de temps en temps je me dis que c'est une fuite. C'est chercher dans d'autres mondes une échappatoire, c'est mettre des œillères pour ne pas voir, ne pas penser, fermer les yeux, enfoncer sa tête dans le sable et attendre que le temps passe en croisant les doigts pour que demain soit meilleur (et qu'un employeur m'appelle pour me donner du travail ; on y croit très fort, c'est la pensée magique). Et je me dis que c'est un peu triste, ou alors je me demande si ce n'est pas le signe que je vais finir encore plus associable que je ne le suis déjà.

Du coup, entendre hier Thomas Snégaroff, dans sa chronique habituelle pour C Politique sur France 5, citer des études qui disent que lire est bon pour la santé mentale, c'est assez rassurant, quand j'y pense. Par exemple, au bout de six minutes de lecture, les muscles et le rythme cardiaque se détendent. Si on lit plus de trois heures et demi par semaine, l'espérance de vie s'en voit augmentée de vingt pourcents sur douze ans. Pour moi qui ai vraiment peur de perdre la boule (je songe d'ailleurs à m'épancher là-dessus un jour) c'est une bonne nouvelle. Ça veut dire que ma boulimie livresque actuelle n'est pas le signe que je vais m'enfermer dans un monde imaginaire pour toujours (cette exagération habituelle d'une pessimiste de base est assez extraordinaire ! (surtout quand ladite pessimiste se met à parler d'elle à la troisième personne)) mais que c'est un pansement à mes doutes, craintes, peurs actuelles.

Bon, je dois aussi dire que j'ai passé six mois à écrire mon roman et que je pense que j'avais besoin d'être en jachère pendant ma phase d'écriture. Maintenant que je n'écris plus (enfin, plus tous les jours, plus avec le même sérieux), je me remets à lire pour me gaver des techniques des autres.

Je ne sais pas si ça vous le fait aussi, mais quand je lis ça m'arrive d'être tellement plongée que quand je relève la tête je suis saisie le temps d'un battement de cœur d'un étonnement confus et la première pensée qui traverse mon esprit est  : "Ah ! Tiens ?... Mais je suis où ?". Dans ton lit, Enir, tu es dans ton lit. Sur Terre. En France. Nous sommes en 2020. Allez Enir, secoue-toi. Bref. C'est assez amusant d'ailleurs parce que ça ne m'est arrivé à ce point-là d'intensité que pour Ayesha, le livre qui m'a le plus marquée, relu il y a un mois et demi, et seul livre auquel je me suis véritablement identifiée au personnage. La plupart du temps, je ne m'identifie pas vraiment, je regarde comme un petit personnage extérieur ce qu'il va se passer. Peut-être parce que j'ai du mal à laisser parler mes émotions ; et qu'Ayesha a été une telle claque que ça a piraté mes défenses. Bref. Je suis aussi une vraie éponge. S'il me prend de lire de la dark fantasy vous pouvez être sûre que derrière j'ai le bourdon et que si je laisse mes pensées cavaler j'imagine des tonnes de scenarii catastrophes, glauques à souhait.

Toujours est-il que j'aime bien découvrir de nouveaux personnages et de nouvelles histoires. C'est en partie pour ça que les auteurs qui écrivent toujours dans le même univers ont tendance à m'irriter un peu...

J'espère que ma boulimie livresque ne va pas s'arrêter. Et en même temps je recommence à ne plus savoir quoi lire même si j'ai encore deux, trois trucs sur ma liste mentale. C'est qu'il y a des livres d'historiens qui m'intéressent, mais ils ont été publiés il y a "longtemps" du point de vue de la durée de vie d'un livre, et je n'arrive pas à leur mettre la main dessus... Me retrouver encore frustrée va vraiment me frustrer. Mais je ne peux pas me forcer à lire plus lentement pour attendre une sortie. D'ailleurs, Martyrs, tome 3, sort en Janvier, je crois (enfin !), ce qui va me pousser à relire les deux premiers tomes dont je n'ai pas assez de souvenirs (et comme l'histoire est compliquée, il vaut mieux ne pas se lancer dans la dernière partie à l'aveugle). Bref. Je ne pensais pas écrire autant sur la lecture...

À l'heure où j'écris ces lignes j'ai reçu mon colis de chez Mnémos. C'est la fin de toutes mes souffrances (au moins, ahem). C'est surtout que j'ai encore des National Geographic a rattraper. Donc le roman va devoir attendre un peu (je suis obligée, sinon je n'arriverais jamais au bout de ces magazines !).

Quel est votre rapport à la lecture ? Lisez-vous beaucoup ? Utilisez-vous une liseuse ?

8 commentaires:

  1. Je lisais beaucoup lorsque j'étais étudiante et à l'adolescence. Depuis que je travaille, je suis tellement crevée le soir que je n'ai pas la capacité ou l'envie de lire. Je vais m'y remettre petit à petit car ça me manque!

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    1. Le plus dur, c'est de s'y remettre. Je me souviens d'un intervenant en cours, la trentaine, qui nous disait que quand il était ado il avalait les livres, mais maintenant avec toutes les technologies et tout il n'arrive plus à se concentrer. J'ai aussi traversé une période ou plutôt que lire je me gavais de séries sur Netflix, de séries japonaises, etc. En plus, Netflix c'est hyper piégeux parce que les épisodes suivants se lancent tout seul ! Bref, je m'égare x)
      Si ça te manque, il faut absolument t'y remettre ! En plus, c'est bon pour la santé !

      Merci d'être passée par ici :)

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  2. Il y a 3 ou 4 ans, je me suis remise à lire après une longue période sans (le travail, les enfants, la fatigue, les problèmes, la déprime, les soucis...). Un jour, j'ai emprunté un livre de John Irving de 700 pages à la bibliothèque, et... Je l'ai lu en 2 semaines. Je ne pouvais plus m'arrêter ! (alors qu'avant ça, ça faisait au moins 8 mois que je trainais un petit livre de 200 pages...) Je me souviens encore de ce sentiment fantastique à ce moment, c'était comme renouer contact avec un ancien ami, tout en se demandant "Mais... pourquoi on ne s'est pas revus plus tôt ? On est si bien ensemble !".

    Depuis, je lis régulièrement, et un peu plus chaque année. C'est tellement agréable, j'adore me laisser emporter par les mots, découvrir des personnages, des histoires émouvantes, belles ou terribles... Bref, je comprends le sentiment que tu peux ressentir en ce moment :)

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    1. Ah oui ! Ce sentiment du vieil ami, ça me parle ! :D

      Belles ou terribles... en ce moment, comme ça va pas très fort, les histoires tristes me mettent par terre, et la dark fantasy n'en parlons même pas, et pourtant on dirait que j'ai le chic pour choisir des histoires tristes x)

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  3. Hello,
    Merci pour tes messages laissés sur mes différents posts. Ça me fait plaisir d'avoir un avis complet. Concernant mon article un peu trop engagé, effectivement, je suis un peu crue et sans demi-mesure. Quand je parle de jobs rangés, ce n'est pas forcément ceux de bureaux. :) mais un tout en général. Et je ne "glamourise" pas les jobs artistiques car effectivement, je suis contre certains principes et cela fait depuis 7 ans que je suis dans cette industrie, et il n'y a pas que des bons côtés loin de là. Mais justement, j'aimerais envisager un renouveau pour que les jeunes créatifs puissent réaliser des films ou jouer afin de prouver ce qu'ils savent faire. Parce qu'il n'y a rien de pire que d'attendre en permanence la moindre notification.
    La méthodologie de LM m'intéresse, merci pour ton aide proposée, tu peux me l'envoyer par mail si tu le souhaites à anha.senet@gmail.com :)

    Je voulais te remercier pour ton soutien concernant le harcèlement scolaire. J'essaye de lutter contre ce fléau et ça fait des années que je tente de sensibiliser les gens. J'espère que ce livre ouvrira les yeux sur cette cause qui a des conséquences parfois et souvent malheureusement ravageuses...

    Bon courage dans la radio, je pense que tu peux trouver pas mal de choses sur profilculture.com. Il y a des offres qui sont mises à jour régulièrement.

    Belle journée à toi,

    Anha

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    1. De rien, je trouve ça normal : ça m'intéresse et j'ai des trucs à dire, donc je les dis :) Je trouve qu'en ce moment (je blogue depuis 10 ans, donc...) on a tendance à laisser de moins en moins de commentaires, et juste "aimer" les posts sur les réseaux sociaux et je trouve ça vraiment dommage parce qu'on fait un blog pour discuter donc si y a personne pour discuter ça a un petit côté un peu triste... bref x)

      Mais tu vois, aujourd'hui avec YouTube par exemple, un vidéaste a largement les moyens de se faire connaître et de faire valoir ses compétences :)
      Je t'envoie ça :)

      Merci :)

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  4. Hello,

    Merci pour ton retour d'expérience ! Durant mon enfance et mon adolescence j'étais une grande lectrice, je passais des heures et des heures à dévorer mes bouquins. Et puis à l'arrivée de la vie étudiante il y a 8 ans j'ai complètement délaissé la lecture... Les seuls livres que je lis sont ceux que l'on considère comme "livres lifestyle" autour de la cuisine ou du développement personnel par exemple.

    Bises

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    1. Salut :)

      La cuisine et le développement personnel, ça reste de la lecture ! ;)
      Je me demande aussi si pour lire il ne faut pas être dans un état d'esprit où on sent que l'on a "le droit de le faire" parce qu'on "a le temps" (alors que le temps on se le donne, mais bref) et que rien d'urgent ou d'important n'attend sur le feu.

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