dimanche 4 juillet 2021

"Impose-toi, on dirait que tu t'excuses d'être là !"

Source – Gylfi Gylfason

Vendredi, j'ai perdu un poste en alternance parce que la directrice de la radio a eu peur que je me laisse marcher sur les pieds par le journaliste qui aurait été mon collègue. Elle m'a dit que j'avais été son coup de cœur, qu'elle avait hésité, mais qu'elle ne m'avait pas retenue à cause de ça. Je suis d'autant plus frustrée que, dans la vraie vie, je suis plutôt grande gueule, râleuse et volcanique. Je sais me maîtriser au boulot, hein, je m'amuse pas à gueuler sur les collègues, mais je sais ne pas me laisser marcher sur les pieds, dire quand je ne suis pas d'accord, et hausser le ton plus ou moins quand il faut (c'est un apprentissage, vous savez ; sur le forum d'écriture sur lequel je suis je me pose en médiatrice des embrouilles, mais quand c'est moi qui me retrouve dans une discussion qui part en couille, c'est plus difficile, de suite xP). Je pense que la directrice de la radio a pensé ça parce qu'en entretien d'embauche je me transforme en petite chose fragile : je parle d'une petite voix, je cherche mes mots tous les trois mots, j'hésite, en partie parce que je réfléchis pendant que je parle je bafouille, etc. Du coup, elle a dû se dire que j'étais du genre timide à pas trop m'affirmer. Alors qu'au contraire (et ce n'est guère mieux) mes problèmes d'affirmation de soi prennent plus la forme de la mauvaise humeur.

Line Mourey de La Parenthèse psy m'avait dit en commentaire de l'un de mes articles que l'on sentait une estime de soi un peu fragile. C'est le moins qu'on puisse dire. C'est marrant parce qu'elle m'avait dit aussi que l'estime était le socle de la confiance et de l'affirmation de soi. Or ça fait plusieurs années que l'on me fait régulièrement des remarques sur l'affirmation de soi. La première fois, c'était un prof de fac, en Licence, qui m'avait dit en me rendant ma dissertation d'Histoire, que je devais arrêter avec les "il semblerait", "peut-être" et compagnie, que je ne devais pas faire d'hypothèse mais affirmer. Dans les mêmes années, un formateur de radio quand j'étais bénévole dans une station locale, m'avait lancé : "Impose-toi ! On dirait que tu t'excuses d'être là !". Ma monitrice d'auto-école, qui me donne des heures de perfectionnement à la conduite, m'a elle aussi dit que je devais m'imposer : j'ai tendance à hésiter, je mets mon cligno puis je vois que la personne derrière l'a fait aussi, donc je reste sur ma voie pour le laisser passer au lieu d'y aller.

Ce problème d'affirmation de soi je ne l'ai jamais trop pris à bras le corps. J'aimerais bien le faire avec l'aide d'un psy, mais pour ça il me faut un travail pour pouvoir le payer, et pour le moment tout ce qui ressemble à une opportunité part en cacahuète. D'un côté je me dis que je devrais commencer à chercher des postes de vendeuse quelconque pour assurer mes arrières, et d'un autre côté je suis incapable d'abandonner complètement la recherche d'alternance même face au fiasco que c'est.

Le fait d'avoir perdu une opportunité de job à cause de ce problème – dans une radio pour laquelle j'avais vraiment envie de travailler, en plus, parce que si la directrice a eu un coup de cœur pour moi, faut savoir que le coup de cœur était partagé ; j'avais vraiment super, super envie de bosser avec elle – ça m'a mis un coup, quand même. Jusque-là, je pensais que je pouvais me débrouiller en traînant ce manque d'estime de soi comme un boulet, genre mettre un petit pansement sur les fissures, jouer à, faire genre, faire comme si, et que ça passerait. Mais apparemment, non. D'ailleurs, je suis en train de me demander si les autres postes que j'ai pas eu à la suite d'un entretien, où l'on m'a dit "on a préféré quelqu'un avec plus d'expérience", ce n'était pas aussi un problème d'affirmation de soi : quelqu'un qui manque un peu d'expérience, s'il est sûr de lui et vend bien son affaire, on est plus susceptible de lui faire confiance.

La directrice de la radio m'a proposé de m'aider en passant mon CV au réseau, et m'a donné des noms à qui envoyer une candidature. Elle m'a dit qu'elle était sûre que j'allais trouver. Un autre recruteur, qui ne m'avait pas donné le poste parce que je ne vis pas dans la bonne région et que la politique de leur association est de ne recruter que dans leur coin, m'avait dit que vu mon CV il était sûr que j'allais trouver. C'était il y a à peu près un an. Le truc c'est que, c'est gentil de m'encourager en me disant ça, mais si tout le monde me dit ça on ne va pas aller très loin. Ça ne m'aide pas non plus à avoir un peu plus confiance en mes capacités à trouver mon alternance – ou un travail. En première année de Master, j'ai travaillé quelques jours à McDo (finir à 1h du mat' : plus jamais, c'est vraiment pas mon rythme, je vais me tuer, littéralement !). J'ai fini par réaliser que leur stratégie c'était de dire oui à tout le monde pour remplir leurs effectifs et de virer pendant la période d'essai ceux qui ne convenaient pas. Super, pour l'estime de soi. Bref.

Donc il va falloir que je trouve des petits trucs à mettre en place. Déjà, travailler sur mon roman ça me fait plaisir et ça me mets le moral. C'est bête à dire, mais sur mon roman, je ne doute jamais. Bien sûr, j'ai des passages, des suites de jours où je me dis que rien ne va, mais ça ne dure jamais, parce que j'ai confiance en mes capacités à corriger le tir si jamais mon texte ne me plaît pas. C'est la preuve que l'estime de soi, en fait, ce n'est qu'une question de point de vue sur soi-même, et qu'il n'y a aucun argument objectif selon lequel on est "nuls". (C'est rare que je termine mes articles sur une note positive, profitez-en ! :P)

Et vous ? Côté estime de soi, comment ça va ?

10 commentaires:

  1. L'exercice de l'entretien professionnel peut parfois être difficile, surtout quand on rêve du poste que l'on va pourvoir. L'enjeu peut nous faire perdre nos moyens, même lorsqu'on a confiance en nous et en nos capacités.

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    1. Je crois qu'il y a eu un peu de ça, parce que je me suis retrouvée à beaucoup réfléchir à comment j'allais tourner mes réponses pour rassurer la directrice et pas me planter x) Bon, ben, c'est raté du coup !

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  2. Je n'ai jamais passé d'entretien d'embauche heureusement pour moi, pas besoin dans mon métier, cela aurait été la catastrophe, c'est sûr ! 25 ans de vie commune avec mon ex conjoint ont effacé toute mon estime de moi. Cela fait 6 ans que je travaille ou pas à m'aimer à nouveau ! :D Ah, si, il y a un truc que je sais un peu mieux faire maintenant: "Dire non !" quand c'est vraiment nécessaire.
    Bon courage et plein de force pour trouver ce fichu boulot !

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    1. C'est terrible quand une relation avec quelqu'un détruit l'estime de soi alors que ça devrait au contraire permettre de la renforcer !
      Savoir dire non fait partie de l'affirmation de soi, et c'est super important de pouvoir le faire, pour se protéger, et pour que le oui ait aussi plus de valeur !
      Merci beaucoup !! Merci à toi d'être passée par ici :)

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  3. je suis de ta catégorie si je peux dire.... aucune confiance et estime de moi.... et ça m'énerve ceux qui te pointent du doigt juste sur cette facette de ta personnalité... en fait moi j'aime me taire, je suis pas une causante sauf quand je suis en totale confiance... du coup toute ma vie on m'a dit que j'étais timide et ça aide pas à avoir une haute estime de soi non plus....
    je suis tout de même sidérée pour ton poste en alternance... elle aurait pu te laisser une chance tout de même !!
    je suis de tout coeur avec toi !!! j'aurais presque pu écrire ton billet !

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    1. J'ai pas l'impression d'être pointée du doigt. Je pense que, quand tu donnes l'image de quelqu'un qui a confiance en soi, c'est plus facile de faire passer tes idées et juste d'être écoutée, même si tu ne persuades pas que tu as raison.
      Ce que tu me dis que le fait qu'on te dise que t'es timide alors que t'aime juste pas parler, ça me fait plus penser à l'introversion (qui est souvent pas bien (com)prise par les autres non plus, d'ailleurs).

      Pour le poste, au final, j'étais juste super frustrée, parce que je sais que c'est faux, mais je sais aussi que c'est le jeu : les recruteurs tiennent souvent à l'équilibre des équipes, et très clairement je n'ai pas donné l'image de quelqu'un plein d'assurance, donc je ne peux pas lui en vouloir de s'être trompée. Je suis davantage sidérée quand on me dit "on est à l'autre bout de la France, comment vous allez faire pour venir ?".

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  4. ah oui j'oubliais! j'aimerais aussi arrêter de lire qu'il faut payer un psy pour être bien suivi.... en France il existe des CMP où tu es prise en charge gratuitement et où on te suit parfaitement bien, perso moi j'ai pas eu à me plaindre, la psy et l'infirmière qui m'ont suivi m'ont beaucoup aidé sans que je débourse un centime !

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    1. Je sais bien, je sais bien... Et j'avais commencé à me renseigner, mais quelque chose m'avait fait revenir en arrière, je ne sais plus ce que c'était. Peut-être que j'ai lu qu'ils prenaient les urgences, plutôt, et que j'ai considéré que je n'en étais pas une. Je crois aussi que les délais sont très longs, et je ne sais pas encore dans quelle ville je serai l'année prochaine, donc ça m'embête un peu de prendre un rendez-vous pour l'annuler ensuite. Je pense aussi que, psychologiquement, j'ai besoin de payer. C'est bête mais quand on paye on n'est pas dans le même état d'esprit, et peut-être que j'ai besoin de payer pour me dire que je me prends en charge moi-même comme une grande. Je ne sais pas si c'est exactement ça, ou s'il n'y a que ça, mais il y a en tout cas quelque chose comme ça.

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  5. Les recruteurs trouvent toujours qu'on est trop dans l'affirmation ou pas assez!
    Lors d'un entretien il y a aussi le stress qui rentre en ligne de compte aussi.
    L'estime, la confiance, l'affirmation de soi je trouve que ça se construit au fil des expériences.
    A 40 ans doucement je commence à m'apprécier, à m'estimer et à poser mes limites.
    Bon courage pour tes recherches et j'espère que tu trouveras vite quelque chose qui te plait.

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    1. Pour le coup, là, je comprends qu'elle ait pensé ça de moi !
      Oui, ça se construit avec l'expérience, surtout quand les parents n'ont pas su nous donner de bases solides (j'avais lu dans un article de psycho que la confiance en soi s'acquiert avec les parents et notamment avec la mère).
      Merci beaucoup ! :D Au point où j'en suis, j'espère juste "trouver", et tant pis si ce n'était pas un premier choix !

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