jeudi 29 juillet 2021

Journal d'écriture, Roman 2, n°1

Source photo – Tatiana Syrikova

C'est un carnage. Au début, j'étais vraiment perdue, maintenant ça va un peu mieux mais je suis quand même déboussolée.

Quand je vous ai présenté le projet le mois dernier, j'avais mis comme défi supplémentaire (comme si écrire un roman n'était pas déjà en soi un truc un peu compliqué et prise de tête, ahem) d'écrire 50 000 mots par mois (soit l'équivalent d'un NaNo (mois de l'écriture, qui se déroule en Novembre)) pendant trois mois. Je m'étais basée sur mes statistiques de Roman 1 où j'avais écrit un premier jet de 150 000 mots, à peu près. Il me fallait donc 1 667 mots par jour sur trente jours. Comme pour Roman 1 j'étais à peu près à 800 mots par heure, dans mes souvenirs, je savais que j'en aurais pour deux heures par jour, ce qui est quand même loin d'être insurmontable, surtout quand on est jeune diplômée au chômage comme moi. Donc je me suis lancée. Et j'ai explosé les stats.

Au début, je tournais sur du 1 000 ou 1 200 mots par heure, voire un peu plus, soit la vitesse que j'atteins dans les projets exploratoires/exutoires ou je n'écris que pour le plaisir, sans chercher vraiment la belle phrase, juste pour me vider la tête, et donc un peu mal. Mais je ne m'inquiétais pas trop parce que je mettais ça sur le fait de réécrire mon vieux brouillon de 2017, du coup j'étais "téléguidée", je n'avais pas besoin de réfléchir : toute ma trame était déjà là. Sauf que ça a continué quand j'ai dépassé l'endroit du récit de mon brouillon. Ça m'a beaucoup perturbée parce que pour moi écrire aussi vite d'habitude c'est écrire mal, et plus on écrit vite ou beaucoup d'un coup, plus on écrit mal et donc plus il y a de corrections à faire à la fin. Or, si je voulais écrire mon premier jet en trois mois, c'était pour essayer d'éviter les incohérences qui étaient nées au fil du récit dans Roman 1 à force de ne pas me souvenir de ce que j'avais écrit trois semaines avant, et aussi pour terminer mon roman en un an plutôt qu'en quinze mois. Donc si je tartine plus vite le premier jet mais que je passe trois fois plus de temps à corriger l'intérêt est nul (ce serait quand même ballot).

Donc soit j'écris vite mais mal et quand je vais relire mon premier jet je serais vraiment dans la mouise et je pleurerai toutes les larmes de mon corps ; soit l'accélération de mon rythme d'écriture est due au fait qu'à force d'écrire tous les jours (même des bêtises plus grosses que moi) je me suis améliorée, notamment ma capacité à réfléchir vite à l'endroit où j'allais emmener l'histoire, et que j'ai pris des automatismes. Actuellement, je penche plus pour cette explication, parce que j'ai pu repérer des incohérences pendant l'écriture (ce qui n'est pas très agréable d'ailleurs parce qu'on se dit : "oh lala qu'est-ce que je suis nulle", alors que quand on les voit en relecture on se dit plus : "roooh oh oh mais c'est n'importe quoi xP", du coup ça passe mieux (même quand des phrases n'ont pas le moindre sens xD)), et aussi parce que j'ai regardé mes stats.

J'ai fait la moyenne du nombre de mots par heure sur mon premier jet (sachant que ce n'est vraiment qu'une indication parce que sur deux, trois jours j'avais oublié de fermer le document donc il est resté ouvert sans que j'écrive pendant au moins dix heures) et je suis tombée sur 930 mots par heure. Actuellement, je suis à 1 129 de moyenne. Donc j'ai gagné environ 200 mots par heure. Je trouve ça un peu flippant, en fait. Je suis à la fois plutôt contente, voire fière (et être fier de soi, c'est bien !), mais en même temps je trouve ça carrément flippant, parce que je m'étais attendu à galérer à écrire mes 1 667 mots par jour, étant donné que je bloquais à 800, environ, par jour pour Roman 1. Je m'étais déjà préparée à sauter des jours, ou à ne pas arriver au bout, et à galérer à atteindre mes cinquante milliers de mots. Or là, en fait, je suis à un peu plus de 57 000 mots. On est que le 29, et il y a trois jours où je n'ai pas écrit du tout parce que j'étais fatiguée et n'arrivais pas à me concentrer, ou bien mon créneau d'écriture a été utilisé pour regarder un certain match de volley contre l'Argentine (que les Bleus ont perdu à un cheveu T.T), ou encore parce que j'avais utilisé mon créneau à mieux cerner mes personnages.

Parce qu'il y a ça aussi. Au-delà de mes considérations statistiques je me suis retrouvée à me sentir complètement perdue : je n'aimais pas trop ce que je faisais mais je sentais bien que c'était quelque chose de plus profond que : "je n'aime pas mes phrases, c'est moche". Et en fait j'ai réalisé que je ne tenais pas mes personnages.

Pour Roman 1, une bêta-lectrice m'avait reproché d'avoir donné des petits anecdotes historiques sur tous les personnages, même les figurants (et à la relecture après sa remarque, j'ai réalisé que ah oui quand même xP). Là, je ne l'avais pas fait du tout. Pas parce que je me suis retenue : mais parce que je n'avais même pas pensé. Je ne savais pas moi-même ce que mes personnages foutaient là. Ils étaient des rôles, des pions, et pas des gens. Or pour moi les personnages, avant d'être des créatures fictives, sont des gens, des vrais gens avec des aspirations, des peurs, des doutes, etc. Même les figurants. On manipule des gens. Et moi, j'avais des marionnettes. Pas glop.

Donc j'ai pris deux heures pour faire un truc que préconise la méthode flocon (je ne suis aucune méthode particulière, j'ai juste pioché ça parce que je trouve ça intéressant) : j'ai écrit un synopsis du point de vue de chacun de mes personnages principaux, pour mieux les cerner. Quelques jours plus tard, une membre du forum d'écriture sur lequel je suis demandais comment on s'y prenait pour nos personnages, parce qu'elle cherchait des trucs pour mieux les cerner psychologiquement et bien les distinguer. Du coup, je l'ai renvoyé vers l'article que j'avais fait. C'est bien tombé parce que j'ai réalisé que je n'avais moi-même pas suivi ma méthode : en remplissant mes fiches, j'avais omis volontairement les besoins fondamentaux, notamment, en me disant que je n'en aurais pas besoin. Ha. Ha. Ha. Du coup j'ai pris le temps d'y réfléchir et comme par magie ça fonctionne beaucoup mieux ! (Comme c'est étrange… ahem).

Je pense que ce mois d'écriture m'a permis d'apprendre que, même si on a réussi un premier roman (ou un premier projet, de manière générale) ce n'est pas pour ça que réaliser le deuxième sera plus facile. À chaque projet son défi, ses problèmes. Et je pense aussi que dans ma tête je me voyais écrire dès le premier jet un truc de la qualité du manuscrit fini de Roman 1, ce qui est impossible pour moi (peut-être dans dix ans, et encore). Donc je devais bien revenir au fait que un premier jet n'est jamais parfait.

Du fait que j'écris plus vite, je me retrouve à un peu devancer le point auquel j'en suis dans ma tête, et du coup je dois parfois retoucher ce que j'ai pu écrire avant parce qu'une idée me vient qui correspond plus (ça peut être un truc tout bête comme changer une coupe de cheveux). Mais je me retrouve aussi à me laisser surprendre davantage par mes personnages et aussi à réfléchir plus vite : ce matin j'arrivais au moment où des personnages font changer une autre d'avis et l'incitent à désobéir. Au début j'avais prévu des garçons pas sages qui l'obligent un peu. Puis arrivée là j'ai réalisé que ça rendrait un truc affreusement manichéen, que ça ferait les méchants garçons molestant la pauvre petite gamine fragile… pitié. Plus manichéen que ça, tu meurs. Et comme le manichéisme est ce que je reproche le plus dans les romans que je lis, c'est pas pour m'amuser à faire pareil. Donc au final ce sont tous une bande de gamins paumés en recherche d'eux-mêmes (ce qui fait écho à mon personnage principal, en réfléchissant, donc c'est pas plus mal).

Je suis contente de ce que j'écris, je pense que je peux arriver à en faire un truc vraiment bien.

Pendant la majeure partie du mois, j'ai complètement arrêté de lire, même mes National Geographic et mon catalogue d'expo sur les dragons. Puis j'y suis un peu revenue. Sur ça je dois vraiment écouter mon instinct, parce que je pense que la lecture et l'écriture prennent les mêmes parties de mon cerveau et donc de ma créativité.

Pour revenir à des considérations statistiques, je suis flippée. Parce que je suis, en nombre de mots, un peu plus loin que le tiers prévu du premier jet. Sauf que quand je regarde ma frise chronologique, je ne suis pas du tout au tiers ! Alors certes, ma frise n'est pas à l'échelle. mais ma frise a aussi beaucoup de trous. J'ai essayé de me rassurer en allant voir où j'en étais de l'histoire au même nombre de mots pour Roman 1 et ça m'a un peu apaisée mais plus ça va et plus je me dis que le roman va être plus long que prévu. En soi ce n'est pas très grave, je pourrais toujours couper plus tard (même si j'aime pas ça T.T) mais s'il fait plus que 180 000 mots (en partant du principe que je vais pondre 60 000 mots en août et septembre) ça veut dire que je n'arriverais pas à le finir en trois mois, et ça, ça m'emmerde.

J'essaye de me rassurer en me disant que je mets des choses en place et que le récit va s'accélérer, mais je suis quand même moyen-sûre. Surtout que Roman 1 et ses 160 000 mots est déjà long du point de vue ce certaines maisons d'éditions, dont imaginez mon gros bébé de 180 000...  (Mais bon, d'ici à ce qu'il soit fini j'aurais signé Roman 1 et mon éditeur me prendra bien Roman 2, n'est-ce pas ? xP)

Donc voilà où qu'est-ce que j'en suis ! Grosse frayeur sur les personnages, et crainte lancinante à cause de mes statistiques difficiles à analyser ! (Tout en sachant que se focaliser dessus est mauvais, et que ça doit s'utiliser comme des indications.)

Et de par chez vous, comment avancent les projets ?

6 commentaires:

  1. Pour ma part projet roman encore dans la tête, depuis plus de dix ans, et ça évolue encore, j'ai bien fait de ne pas me lancer trop tôt... mais bref
    Et si tu écriais sans regarder tes statistiques.... après je ne m'y connais pas forcément, mais commet tu as déjà écrit un premier roman, n'est ce pas normal d'aller un peu plus vite pour le suivant, genre avec ton expérience tu gagnes du temps et de la "vitesse"... je sais pas si je suis claire lol

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    1. C'est normal que les idées continuent à évoluer, si tu attends encore cinq ou six ans ça aura encore évolué, les idées évoluent tout le temps en même temps que nous ! Donc si tu attends une idée "aboutie" crois-moi : elle ne viendra jamais et tu n'écriras jamais ton roman ! À mon avis, tu devrais te lancer ! De toute façon, ce ne sera qu'un premier jet ! Les choses vont bouger à la relecture, aux corrections... Il sera toujours temps de faire évoluer le récit, ou la narration, ou les personnages...! D'ailleurs, l'évolution va beaucoup plus vite une fois qu'on a le texte sous les yeux !

      Oui, tu es claire !
      En fait, je regarde beaucoup mes stats' parce que ce n'est pas habituel pour moi de me foutre des objectifs chiffrés, du coup je suis très fixée dessus. Mais en ce début de mois d'août je m'en suis décollée (et du coup on revient sur les doutes classique de : "oh lala est-ce que c'est vraiment bien ?" que je vais explorer dans mon prochain bilan xD). Mais oui, tu as raison, se fixer le nez sur les stats n'est pas forcément une bonne stratégie ! C'est juste que c'est tellement nouveau pour moi que forcément...
      J'imagine aussi qu'il y a un petit effet expérience ! (J'espère ! Comme ça dans 10 ans j'écrirais en trois semaines xP)

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    2. alors en premier lieu, sorry pour les fautes de frappe, j'ai toujours un petit loulou dans mes jambes et je ne me relis pas assez avant d'envoyer...
      Concernant mon idée de roman ce n'est pas que j'attends une idée aboutie, j'attends simplement d'avoir le temps ! Avec trois enfants impossible de me poser pour écrire, surtout avec le petit dernier... Donc je me lancerais quand j'aurais un peu plus de temps pour moi et seule!

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    3. T'inquiète pas pour ça ! C'est pas comme si je faisais moi-même jamais de fautes ! (Un jour dans un article j'ai écrit "volley" à la place de "volet" et "mayo" à la place de "maillot" donc tu vois... xD)

      Ah effectivement !
      Tu sais, rien ne t'oblige à prendre de grandes plages de 2h comme je fais ! Tu peux décider d'écrire 5 à 15min par jour ! Tu n'avanceras pas de 3 000 mots en une fois, c'est certain, mais tu avanceras avec le temps que tu as ! :)

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  2. Salut, comme je suis enfin de retour, je vais lire tes articles que je n'ai pas encore vu :) .
    Ton rythme de travail me paraît... énorme xD. J'aimerais pouvoir avancer aussi vite dans mon roman. Quel type de lecteurs vises-tu déjà avec ton projet ? Si tu dis que Roman 1 fait 150 000 mots, c'est déjà un beau pavé. Sinon, pour ma part, je ne suis pas certaine qu'il soit très bon de faire des fixettes sur les statistiques. Dans les faits, le nombre de mots importe peu et le temps que tu mets pour écrire ton roman aussi. S'il ne te manque que 30 000 mots environs à la fin de tes trois mois ce n'est pas si grave. Je ne dis pas qu'il ne faut pas mettre d'échéance à ses projets, mais je pense qu'il sera toujours très difficile de le respecter à la lettre, car il y a toujours des imprévus. Dis-toi que , pour mon roman actuel, je viens de terminer la première partie, elle fait un peu plus de 30 000 mots, et j'ai mis 6 mois à l'écrire. Alors oui, j'ai fait plein d'autres choses à côté pendant ces 6 mois, mais il vaut mieux ça que de travailler de manière trop formaté. Au plaisir de te lire et bon courage pour la suite de tes projets!

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    1. Heureuse de te retrouver par ici ! :D
      Oui, moi aussi ça me paraît énorme, c'est bien le problème x) J'ai l'impression d'être un super héros qui découvre ses supers pouvoirs ! Je me demande dans quelle mesure l'effet de "dressage" de mon cerveau (avoir écrit tous les jours puis corrigé tous les jours, le matin, pendant un an, etc.) n'a pas influencé mon cerveau dans le genre : il sait que si je m'installe devant mon PC avant le petit-déjà je vais lui demander d'être performant en écrivant. Il faudrait que je teste en sortant une histoire à un passage où j'ai du mal voir si ça part !
      Roman 1 était en premier jet à 150 000, il fait plutôt 159 700, maintenant x) Paraît effectivement que c'est un pavé, mais moi quand on me dit qu'un roman fait 60 000 mots je me demande comme c'est juste possible de boucler une histoire en si peu de mots x)

      Je suis parfaitement d'accord avec toi sur les statistiques ! (Oui, je sais, on ne dirait pas xP) En fait c'est surtout que c'est la première fois que je travaille avec un objectif chiffré, donc j'apprends à gérer aussi cette partie-là. Mais en août ça a beaucoup mieux été à ce niveau-là et je suis moins là à regarder combien j'ai de temps d'avance, à tout calculer, etc. Par contre je sors toujours la calculette en début de séance pour savoir où je "dois" aller. Mais maintenant que je suis rassurée sur le fait que je peux atteindre mon objectif (et aussi que je suis bien à la moitié du roman, j'en reparlerais dans mon prochain bilan) je me concentre moins sur les statistiques. Je pense que j'avais besoin de quelques semaines de rodage pour apprendre à les apprivoiser vu que c'est la première fois que je m'en sers !
      30 000 mots en 6 mois c'est quand même pas mal ! C'est toujours à mettre en regard de ce que tu fais à côté, etc. de toute façon. Moi, actuellement, je n'ai que ça à penser. Si je travaille à la rentrée, ça sera une autre paire de manches ! Mais le principal, c'est d'avancer et oui on s'en fiche du nombre de mots ! Là, y a déjà des jours en août où j'ai pas atteint l'objectif et tant pis, je me suis pas forcée à finir ! :) (du coup, le fait que j'ai de l'avance me fait encore plus flipper xD)

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