mercredi 2 septembre 2020

Et maintenant ?

Source – Joshua Welch

Ce matin je me faisais la réflexion que cette année est la première où je n'ai rien à faire à la rentrée ; où la rentrée, pour moi, ne veut rien dire. Je me suis dis que ce n'était sans doute pas étranger à mon état un peu amorphe, en ce moment et bien que je me sois dit qu'en Septembre j'allais prendre des bonnes résolutions (pour m'améliorer en langues, par exemple). Puis je suis passée à autre chose. Jusqu'à ce que ça soit l'heure de mon rendez-vous avec une psy du travail de Pôle Emploi. La conseillère me l'avait proposé à notre premier entretien. J'avais dit oui un peu comme ça sans rien en attendre vraiment. Finalement je ne regrette pas parce que j'ai trouvé ça intéressant. Sans en avoir l'air, elle m'a fait me rendre compte qu'en fait, depuis plusieurs années, je monte des stratagèmes, des plans, des combinaisons et des assemblages pour essayer de devenir préparateur mental en passant par la fenêtre entrouverte puisque je ne peux plus passer par la porte. Sans réfléchir.

Sur son conseil, j'ai envoyé un mail au responsable du Master de préparation mentale que je visais en demandant si, avec un Diplôme Universitaire je pouvais espérer entrer. Réponse diplomatique et cordiale mais claire néanmoins : non. En vrai, ça ne m'a rien fait de particulier. C'est peut-être d'ailleurs la preuve que la psychologue avait raison et qu'en fait je cherche à faire des études pour fuir le moment d'entrer pour du vrai dans le monde du travail. Ce qui est assez paradoxal car je n'ai vraiment pas l'impression de fuir (pour une fois). J'ai bien aimé faire un Service Civique et des stages, être utile, travailler. Mais peut-être que la psychologue a raison. Ou bien peut-être que, comme je n'ai pas trouvé ce que je veux vraiment faire (à part élever des ânes, et encore – est-ce que c'est une fuite, ça aussi ?) je monte des stratégies pour continuer à faire ce que je sais faire : des études, apprendre, m'asseoir sur une chaise et écouter.

Sauf que, maintenant, qu'est-ce que je fais ? Je cherche du travail, bien sûr, mais je me retrouve un peu sans perspective. Et pour moi qui aime les plans, les projets, c'est assez compliqué à gérer. Bon, en vrai, je vais reprendre le sport et j'aimerais aussi commencer à prendre des cours de théâtre. Toutes ces activités devraient m'occuper tous les soirs de la semaine, ce qui est bien. J'aimerais aussi reprendre une activité en radio associative. Tout ça, c'est très bien pour mon développement personnel, mais on ne peut pas vraiment dire que ça remplisse le compte en banque. Ce qui est bien, c'est que j'aurais aussi le temps de gérer mon roman (même si ça non plus, ça ne remplit pas le compte en banque).

Le truc, c'est qu'en fait je trouve que la vie ne sert à rien. Je ne suis pas suicidaire, je vous rassure (promis-juré !), mais dans le fond, si on réfléchit un petit peu, on vient à la vie sans savoir pourquoi, on va jusqu'à la mort sans que rien de ce qu'il se passe au milieu n'ait la moindre importance. Des tas de planètes n'ont pas donné la vie et ne s'en portent pas plus mal. La Vie, dans le fond, n'amène rien. Du coup, sans projet pour garder la tête dans le guidon et faire semblant d'avoir un objectif à atteindre pour remplir la vie, c'est compliqué. Quand on y réfléchit vraiment, la Vie, c'est absurde. Ce n'est pas d'être suicidaire de le dire, c'est remarquer un fait. Bref. Du coup, pour la première fois de ma vie, je n'ai rien à faire à la rentrée quand tout le monde s'agite dans tous les sens. Et ça me donne encore plus envie d'aller vivre en ermite dans la forêt, à cueillir des framboise pour survivre en attendant que ça passe. Cette pensée est assez triste, quand on y pense... Elle dénote surtout d'une grande solitude, vous ne trouvez pas ? N'importe qui se dirait "heureusement, j'ai des amis sur qui compter pour rendre ce passage de la vie agréable". Bref.

En allant voir cette psy du travail je ne pensais pas que ça me conduirait à ça et que ça serait vraiment prolifique. Comme quoi, les préjugés, c'est mal. Je la revois à la fin du mois. Le temps de digérer plus que celui qu'il faut pour prendre des contacts, etc. Quand je l'ai quittée en me disant que j'allais envoyer ce mail au responsable de cette formation je me disais que ça serait mieux, plus simple, que la réponse soit non. Je m'étais préparée, ou bien les réflexions amenées par la psychologue avaient fait leur chemin et je savais d'instinct que ses intuitions à elle sur mon propos étaient justes (même si on peut toujours reconstruire a posteriori).

En fait, cette course pour remplir le mois de Septembre est une idiotie. Ce serait plutôt le temps de profiter de ce moment pour prendre le temps. Faire du sport, écrire, faire du théâtre, régler mes problèmes d'estime de moi et d'affirmation de soi... Pour me pauser. Peut-être que c'est bien là d'ailleurs tout ce dont j'ai besoin, que c'est ce que révèle mon inaction profonde actuelle, ce besoin de faire une pause.

4 commentaires:

  1. Bien d'accord, que la vie n'a pas de sens. Je me demande souvent pourquoi on est là, et ce que c'est que le bonheur, ou ce qu'on attend, finalement. Je me demande quel est le but de tout ça, et s'il arrive un moment où on se dit qu'on est bien, qu'on a un bon rythme de croisière et que tout peut continuer comme ça.

    Ma psy m'a aussi laissé entendre, une fois, que peut-être je retardais le moment de terminer mes études par peur de la suite... Je ne sais pas.

    Bon courage pour ce mois de septembre !

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    1. Une fois, je suis tombée sur la vidéo d'un petit garçon anglophone qui n'était pas triste que son chien soit mort parce qu'il disait que le but de la vie c'était d'aimer et de ressentir de la compassion pour les autres, etc. et que, comme les chiens savaient déjà le faire, ils mourraient avant les autres. Tu parles d'un but de vie x)

      C'est gentil ! Je ne désespère pas de trouver "le rythme de croisière où tout peut continuer comme ça".

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  2. Bonjour, je découvre ton blog et ton authenticité qui est très agréable à lire ("la vie ne sert à rien", ahah !). Je crois, comme tu le dis, que chaque moment, chaque état est utile. Si tu te sens "amorphe", c'est peut-être que ton corps réclame du repos ? Que tu dois te poser pour introspecter ? Bon mois de septembre !

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    1. Bonjour, c'est gentil ! Je pense que l'authenticité c'est un peu la base quand on blogue, je veux dire... si on ment ou qu'on se cache même là (alors qu'on n'a aucune excuse puisqu'on est protégé par un pseudo et qu'en fait quand on parle avec quelqu'un on répond à un message sans voir la personne donc on est un peu face à nous-mêmes, quand même, en un sens) alors ça n'a pas grande utilité... puis je crois surtout que j'en ai besoin ! :)

      Je pense que ce serait plutôt le contraire ! Je me repose depuis 7 mois, donc il est temps que je reprenne le sport, plutôt ! D'ailleurs, j'ai repris hier (et suis tombée sur un gros débile qui a oublié que lui aussi a été débutant dans la discipline, c'est assez effrayant).

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