mercredi 2 juin 2021

Démence

Source – Mariana Montrazi
C'est un article que je pense faire depuis longtemps, presque depuis l'ouverture du blog, même, je pense bien ; mais je l'ai toujours repoussé parce que ce n'était pas le bon moment ou que je ne savais pas comment m'y prendre. Peut-être que dans le fond ça me fait un peu peur – ce qui est très bête parce qu'au final il n'y a rien de fou, c'est juste une peur comme toutes les autres, toutes celles que j'ai abordées sur ce blog. Le fait est que, si j'ai du mal à prendre soin de mon corps (c'était une bonne résolution pour 2021, on est déjà à la moitié de l'année et je n'ai rien amélioré de concret en ce sens, d'ailleurs) et que me maltraiter ne me pose "pas trop de problèmes", c'est différent avec mon esprit. Je songe souvent que, quitte à choisir, en vieillissant, je préférerais ne plus pouvoir me lever de mon lit pourvu que j'aie encore toute ma tête pour raisonner. J'ai très peur de "perdre la boule".

Du coup, mes insomnies m'inquiètent, parce que le manque de sommeil cause des dommages au cerveau. Donc, quand je dors vraiment très peu, je prends peur et je dors encore moins parce que je me dis "oh lala, je fais des dommages à mon cerveau, qu'est-ce que je vais faire, je suis vraiment nulle" (quoique ce n'est pas arrivé depuis longtemps). Dans un autre genre, avant, de me retenais d'éternuer, pour ne pas faire trop bruit, déranger les autres, me faire remarquer, etc. Puis c'est devenu un automatisme, et j'ai fait ça pendant des années. Vous ne m'entendiez jamais faire "atchoum". Un jour, je crois que je suis tombée sur l'interview d'un monsieur dont j'ai oublié le nom et la qualité, mais je crois que c'était un numéro de C à dire sur France 5. Il parlait d'Alzheimer et j'ai appris que, se retenir d'éternuer fait exploser des vaisseaux dans le cerveau, parce qu'il faut bien évacuer la pression quelque part, et que si elle ne peut pas sortir, elle explose à l'intérieur. Du coup, ça peut favoriser Alzheimer. Oups. Depuis ce jour ne me suis plus jamais retenue d'éternuer. D'autant plus qu'il y a Alzheimer dans ma famille du côté de mon père, donc j'aimerais bien que ça ne soit pas pour ma pomme.

Mais la démence, la sénilité, c'est aussi l'état psychologique. Je vous avais déjà parlé du fait que je ressemble à mon père, et que j'ai tendance à m'énerver comme lui. Voyez-vous, son comportement empire. Il se victimise de plus en plus, passe son temps à nous reprocher des choses qu'il fait lui-même, mais nous ne pouvons rien lui reprocher du tout, il s'énerve pour un rien… Dans son blog La Parenthèse psy, Line Mourey avait parlé de l'affirmation de soi et du fait que, quand ce n'était pas équilibré, ça pouvait partir dans la colère. C'est ce qui arrive, je pense. Ça aussi, ça pourrait être pour ma pomme. J'aimerais autant pas, raison pour laquelle j'ai prévu d'aller voir un psy, j'ai même commencé à faire des repérages sur internet, pour regarder les psy dans mes potentielles villes d'alternance. Je sais que j'en ai besoin, pour ça et tout ce dont je peux parler sur ce blog.

Je me demande aussi si mon insécurité intérieure ne me joue pas des tours, alliée avec la fatigue. Il y a quelques temps, un soir, je lisais dans mon lit et tout à coup je vois une coccinelle. Je me suis sérieusement demandé si ce n'était pas une hallucination. Je l'ai mise dehors, avec toujours ce doute, et elle n'est pas partie, elle est restée sur le volet. Je l'ai même re-regardée en me disant "si elle est toujours là, ce n'est pas une hallucination". Elle était toujours là. Mais mon doute aussi. Si ça ne vous est jamais arrivé je peux vous dire que c'est une sensation super déroutante. Un peu comme dans les films, quand le réalisateur fait en sorte qu'on ne sache pas si une chose est vraie ou pas. À un moment, je me suis aussi convaincue que les odeurs de crack qui entraient dans ma chambre (les voisins fument…), comme je les sentais encore en fermant la fenêtre, étaient des hallucinations olfactives parce que j'étais stressée ou "pas bien". Je ne sais même pas si c'est possible, les hallucinations olfactives ! (Bon, je vous rassure, ma sœur sentait aussi, donc c'était vrai.)

Je songe aussi souvent que, si jamais un jour on m'annonce que j'ai Alzheimer, et qu'à ce moment-là la médecine n'est toujours pas capable de le guérir, j'opterais pour le suicide. Parce que je refuse vraiment de perdre la boule. Plus probablement je demanderais un petit coup de main à quelqu'un, parce que je manque du courage nécessaire pour le faire moi-même (je sais qu'il ne faut pas dire que le suicide est un acte de courage, parce que ça peut encourager les personnes sensibles qui hésitent, mais je ne suis pas journaliste, je suis sur mon blog et je dis mes ressentis tels qu'ils sont ; si quelqu'un lit ces lignes et souhaite mettre fin à ses jours : appelez l'un des numéros des lignes d'écoute !). Il faudrait encore que je trouve quelqu'un en qui j'ai assez confiance, et pour qui ça ne serait pas trop dur. Mais j'espère bien que j'aurais ce genre de personne sous la main dans quelques décennies si jamais le cas devait se présenter !

Ce que je dis peut paraître hyper violent, mais franchement, mourir à petit feu en ne me souvenant de rien ni personne, ne plus être capable d'écrire des romans, faire souffrir tout le monde et ne même plus comprendre le monde qui m'entoure, soyons sérieux, qui voudrait de ça ?

Donc, voilà, j'ai peur de devenir un peu folle. Je crois bien que j'ai davantage peur de devenir folle que peur de mourir. Après tout, ça, on va tous y passer. Mais j'aimerais bien y passer avec toute ma tête. Du coup, quand je ressors un jeu de Memory, et que je ne suis plus aussi bonne que quand j'étais enfant, ça me fait peur aussi (et écrire cet article me donne envie de finir le jeu que j'avais commencé à créer pendant le confinement).

4 commentaires:

  1. La peur de la folie prouve au moins que tu n'es pas folle!
    C'est une de mes plus grandes craintes aussi. Dans mes phases de colère, je me suis toujours demandé si je l'étais. C'est hyper flippant. Mais les gens fous ou qui perdent la tête malheureusement ne le savent pas. Ou peu.
    La vie s'enfuit juste de cette manière là sans vraiment de conscience de ce qui est.
    Merci pour ce texte qui fait écho en moi.

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    1. C'est déjà un bon début ! x)
      Je connais ça aussi, quand on est vraiment "hors de soi" on comprend que l'expression est bien trouvée !
      Merci à toi pour ton passage par ici !

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  2. ah bah tiens, il y a quelques temps je m'étais fait aussi la réflexion que j'avais peur de perdre la boule en vieillissant car je sens déjà que mon e esprit n'ai plus aussi vif qu'avant et surtout depuis un moment je me fais peur quand je n'arrive plus à trouver mes mots pour parler...
    par contre, heureusement, je me fais moins flippée que toi! pouah tu as le cerveau qui mouline à mort dic donc, et tu sais quoi je vais plus me retenir d'éternuer aussi lol

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    1. C'est normal que l'esprit ne soit plus aussi vif, c'est un peu comme les sens, je crois que les personnes âgées n'ont plus le goût, par exemple. Mais ce qui est vraiment dur à vivre, je trouve, c'est de ne jamais savoir si c'est le vieillissement normal du cerveau, un contre-coup d'une fatigue passagère, ou le signe que ça déraille vraiment...
      Si ça peut te rassurer (enfin sans doute pas vu que j'ai aussi peur d'être folle xP) j'ai aussi beaucoup de mal à trouver mes mots quand je parle !

      Oui, j'ai le cerveau qui mouline et c'est bien mon problème x'D
      C'est bien, faut pas se retenir d'éternuer !

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