lundi 1 février 2021

Respecter les règles

Source – Collier Schorr

Dans mon article sur les sensitivity readers je vous avais écrit ceci : je suis aussi une femme qui accorde une grande valeur à l'honneur, à l'honnêteté, à la sincérité, à la droiture, à la morale ; qui respecte les règles ; qui se méfie de tous les extrêmes et croit très fort au juste-milieu utopiste ; une jeune femme bouffée par la peur du rejet, de la trahison, et de ne pas être assez bien. J'ai repris il y a quelques semaines certains de ces caractères dans une discussion sur le féminisme avec une personne qui n'a malheureusement pas compris ce que j'ai voulu dire (je veux dire, elle a déformé absolument tout ce que j'ai dit dans mon commentaire). Elle m'a dit répondu ceci : "[...] cela peut être l’occasion de faire ton examen de conscience au lieu de monter sur tes grands chevaux" en citant mon énumération de caractéristiques. Comme si je n'avais édicté que des qualités et que j'étais montée sur un piédestal en prétendant que j'étais mieux que les autres. 

Je ne vous en parle pas pour régler mes comptes ou quoi que soit. J'ai discuté avec cette blogueuse et me suis expliquée. Je vous en parle parce que d'une part cette liste était juste pour montrer que je ne suis pas qu'une femme blanche cisgenre hétérosexuelle dépourvue de handicap et que toutes les personnes de la même "catégorie" que moi ne réagissent pas de la même manière : nous sommes avant tout des individus dans toute leur complexité. D'autre part, cette liste, elle ne donne pas des qualités : elle donne des caractéristiques. À la fois défauts et qualités. Tout comme le gris tient à la fois du blanc et du noir. C'est le cas du respect des règles.

Respecter les règles c'est tout bien dans une entreprise, quand on a une tâche à accomplir avec des procédures, une hiérarchie ; qu'on doit conduire une voiture sans mettre en danger les autres ; qu'on doit faire la cuisine (mauvais exemple pour moi, je fais ça à la louche et au pif ! xP) ; et vivre en harmonie avec ses petits camarades de classe. Mais si c'est trop profondément ancré, ça peut devenir un handicap. Parce que trop respecter les règles c'est aussi être dans un carcan, manquer de liberté.

J'ai fait pipi au lit très tard. Je ne me souviens plus de mon âge, mais c'était assez tard pour que mes parents m'emmènent voir un psychologue. Il y a... peut-être une paire ou deux d'années j'ai entendu une psychologue dire à la radio que la plupart du temps quand les enfants font pipi au lit jusqu'à un âge tardif, c'est qu'ils ont du mal à se lâcher et que du coup ils se lâchent la nuit. Donc oui, être respectueuse des règles, ça peut poser problème, en fait.

Pour vous donner une idée, aussi, du problème que j'ai avec le fait de respecter les règles, c'est que plus jeune j'ai aussi respecté les règles non-édictées. Par exemple, quand j'avais douze ou treize ans, je pense, j'ai créé un blog sur les chauves-souris sans le dire à mes parents. C'était sur la plateforme Centerblog et on ne peut pas supprimer à moins d'envoyer un courrier. (Donc il est toujours là, s'il y a des curieux dans l'assistance :P) Et une fois que je l'ai eu créé, j'ai regretté. Je me suis sentie hyper honteuse et coupable. Parce que j'avais pas demandé. En même temps, je l'avais créé sans le dire précisément pour pas que mes parents soient au courant parce que déjà, je pense, je voulais mon jardin-secret. Sauf que du coup j'ai pas pu le supprimer. Donc, quand mes parents souvent revenus de là où ils étaient allés, je suis allée demander si j'avais le droit. Voilà. (Bon, alors évidemment, pour les blogs suivants j'ai fermé ma grande bouche, hein.)

Ce qui m'a donné envie d'écrire cet article, outre le fait que cette blogueuse n'avait rien compris à ce que je lui ai dit (peut-être que je me suis mal exprimée mais si mal que ça, quand même... si c'est le cas je devais être pas mal à côté de mes pompes), c'est que j'écoute beaucoup Lady Gaga ces derniers temps et je me suis fait la réflexion que, pour l'adolescente que j'étais quand elle a commencé, Lady Gaga, c'est la liberté. En 2009, quand elle a commencé, j'avais treize ans. J'ai bien sûr adoré sa voix ; et je la trouvais trop belle, cette femme (je la trouve toujours trop belle), mais ça, c'est constant chez tout le monde. Mais Lady Gaga, pour moi, c'était la liberté (aujourd'hui, avec tout ce qu'elle a raconté de sa vie, ce serait plutôt la résilience).

Lady Gaga, dans ses clips, elle est qui elle veut. Elle se maquillait déjà de manière improbable, avait tout plein de tenues déjantées à mort, endossait plein de rôles... Lady Gaga, elle se fiche des convenances. Lady Gaga, elle se pointe à une cérémonie avec une robe en viande. Lady Gaga, elle est pas sage. Et je pense que pour la nouvelle ado que j'étais, c'était cette liberté, ce côté caméléon pas sage, qui m'attirait particulièrement. C'est un peu bizarre à dire mais je pense avec le recul que Lady Gaga m'a pas mal aidée dans mon adolescence parce que dans mon souvenir c'est à peu près à cette période, dans les années collège, que j'ai profondément intégré que l'avis des autres on s'en tamponne pas mal. Donc, même si ce que je dis ressemble à une reconstruction a posteriori, je pense quand même que Lady Gaga n'a pas été étrangère à tout ça.

Je ne sais pas trop ce que je dois penser du fait que cette blogueuse ne m'ait pas comprise. Je veux dire... il y a forcément une partie de mauvaise explication de ma part, de non-disponibilité psychique de la sienne (on entre aussi dans un débat avec tout le vécu, les fatigues, d'une vie et de la journée). Mais je me demande s'il n'y a pas aussi cette tendance assez générale à tout catégoriser. Un trait de caractère ne peut être qu'un défaut ou une qualité. Si respecter les règles n'est pas un défaut, il ne peut être qu'une qualité. Et donc, la personne qui l'énonce ne peut être qu'en train de se jeter des fleurs à tort et à travers. Déjà : il n'y a pas de mal à être fier de ses qualités (c'est moi qui dis ça...). Ensuite : si une personnalité humaine était si simple que cela, on le saurait depuis longtemps, et on n'aurait pas besoin de psy (et je ne galèrerais pas avec les personnages de mes romans).

En plus, souvent, on a les défauts de ses qualités. La frontière entre les deux est souvent brouillée chez les gens, je trouve.

Respecter les règles, c'est une qualité dans certaines circonstances. Et une problématique dans d'autres. C'est toujours à l'équilibre. Peut-être même que ma difficulté à lâcher-prise se rattache au moins par une petite branche à ça. Parce que respecter les règles, c'est aussi ne pas savoir les enfreindre. Donc, ne pas se lâcher.

Et vous ? tendance à respecter les règles ou à les briser ? :P

4 commentaires:

  1. J'ai tendance à respecter les règles car je pense que sans, tout ne serait qu'anarchie.... il y a sans doute certaines catégories de règles que je ne respecte pas autant que d'autres, mais dans l'ensemble je respecte... et j'aime quand c'est carré, sans règle j'ai l'impression que c'est du fouillis
    ps: on a tous connu un commentaire désagréable où on voit que la personne a mal interprété nos écrits et c'est agaçant de devoir s’expliquer voir se justifier après surtout si la personne persiste...

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    1. J'avoue ! Avec des règles c'est clair, net, précis, on sait où on va ! Sans règles, c'est le bordel ! :D

      Oui, super agaçant... surtout qu'après elle a juste dit "j'ai bien reçu (je lui avais dit qu'elle pouvait ne pas valider ma réponse et juste m'envoyer un mail pour me prévenir qu'elle avait lu) mais je n'ai rien d'autre à ajouter"... Avec le recul je me dis que quand même elle aurait pu s'excuser d'avoir tout compris de travers et de m'avoir copieusement agressée... mais d'un autre côté elle-même s'était sentie agressée donc... un point partout la balle au centre !

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  2. bonjour, c'est exactement ça. on a tous des défauts et des qualités. mais on est toujours critiqué pour les uns comme les autres. le regard des autres nous tue. et je n'arrive pas à m'en détacher. j'ai créé mon blog justement comme exutoire mais je n'arrive pas à me lacher totalement ;) bon mercredi à toi!

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    1. Salut ! :)

      Le regard des autres c'est toute une histoire ! Pour lutter contre, j'ai une autre histoire que tu connais déjà peut-être : celle de l'homme, de la femme et de la mule.

      Il y avait une fois un homme, une femme, et une mule. Ils traversaient un village. Tous deux marchaient à côté de leur mule. Si bien que les villageois qui les regardaient se disaient "quels idiots ! ils marchent alors qu'ils pourraient se reposer sur leur mule !". Au passage suivant, l'homme était monté sur la mule. Les gens dirent "il pourrait quand même être galant et laisser la place à sa femme !". Au troisième passage, la femme était sur la mule. Les gens dirent : "Oh lala pauvre homme que celui-là qui se fait dominer par sa femme ! Il y a bien assez de place pour deux sur cette mule !". Traversant le village pour la quatrième fois, ils étaient tout deux sur la mule. Les deux dirent : "pauvre mule ! elle croule sous leur poids ! ils leur en font voir de toutes les couleurs ! l'un d'eux au moins pourrait descendre !".

      Et c'est ainsi que, quoi qu'on fasse, on mécontente les gens. Donc à ce train-là, aussi ne pas se préoccuper d'eux ! Je sais que c'est sans doute plus facile à dire qu'à faire... Chez moi, ça a été un déclic, mais je comprends que ça puisse être dur, d'autant que parfois ça me reprend ("si je fais ça...").

      J'espère que ma petite histoire t'aidera à prendre du recul ! ;P

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